Les effets négatifs de la réforme de la carte scolaire : le témoignage d’un professeur de ZEP au Mans (Sarthe)

9 septembre 2009

Extrait de Feuille de route n°387, septembre 2009 : Lorsque la réforme de la carte scolaire fait reculer la mixité sociale

« La réforme de la carte scolaire était supposée mettre un terme au « système de ségrégation qui assignait les élèves à résidence dans leur quartier », selon les termes du ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos. Vue du Plateau, elle fonctionne en marche arrière », constatait Brigitte Perucca dans le journal Le Monde du 1er septembre 2008. Rencontre avec Marie Garier, 31 ans, qui enseigne le Français au collège du Plateau au Mans (72).

Quelles conséquences a eues l’assouplissement de la carte scolaire ?

Marie Garier : Le collège est situé dans la zone urbaine sensible (ZUS) de Bellevue. Depuis la réforme de la carte scolaire, deux classes ont été supprimées. Les parents habitant des quartiers proches et plus aisés sont incités plus qu’avant à demander des dérogations vers d’autres collèges. Depuis cette réforme, la réputation du collège du Plateau s’est dégradée : les quelques incidents qui s’y produisent ont pris une grande ampleur aux yeux des parents, alors qu’ils ne sont pas plus fréquents.

Le collège rencontre des problèmes particuliers avec ses élèves ?

Il y a quelques comportements d’insultes et de violences, mais qui sont liés davantage à une réalité de l’adolescence qu’à une question de population du collège. Les rencontres entre adolescents d’univers différents peuvent être électriques. Il faut des temps de « remise au carré », bien sûr. Mais on peut arriver à vivre ensemble.

Mais n’est-il pas naturel que tous les parents souhaitent la meilleure éducation possible pour leurs enfants ?

Au collège du Plateau, le taux de réussite au brevet dépasse 90 % depuis 4-5 ans. Il est un des mieux classés du Mans, alors qu’on ne fait pas de sélection à l’entrée. Le travail d’enseignants très motivés et la mobilisation des parents d’élèves en font un collège où vivre ensemble s’apprend tous les jours.

La mixité sociale, il ne suffit pas de la vouloir, il faut aussi la faire fonctionner. Ces bons résultats montrent que cette mixité, loin d’être un handicap, est d’abord un atout. Les parents peuvent comprendre certaines situations si on les aide à comprendre. Notre objectif maintenant est de regagner des classes perdues (cinq au total depuis 2003).

Propos recueillis par Jean- Christophe Sarrot.

Lire la suite de l’article

Dans ce même numéro, lire :

– Réussite scolaire : démission impossible

– La rentrée des enfants, c’est le jour heureux

« Feuille de route n°387

Le site d’ ATD-Quart-monde