> Enseignement supérieur et Ouverture sociale > Ouverture sociale > Ouverture sociale (Types de documents) > Ouverture sociale (Déclarations officielles) > Les réactions après le refus des quotas par les grandes écoles : Luc (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Les réactions après le refus des quotas par les grandes écoles : Luc Chatel, l’UNEF, Yazid Sabeg, François Dubet, Valérie Pécresse...

6 janvier 2010

"On ne peut pas continuer avec le système (...) où un enfant d’ouvrier a cinq fois moins de chance de se retrouver à côté d’un enfant de cadre (...) en classe préparatoire", a dit mardi sur France Info le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

(...)

A l’inverse, Jean-Baptiste Prévost, président du syndicat étudiant Unef, presse le gouvernement de "faire voler en éclats" "la sacro-sainte sélection à l’entrée" des écoles.

(...)

Le commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, Yazid Sabeg, a pour sa part dénoncé le "mensonge" des grandes écoles qui évoquent le risque d’un nivellement par le bas.

Extrait de capital.fr du 05.01.10. La sacro-sainte sélection des grandes écoles en question

 

Pour le sociologue François Dubet, il y a dans ce débat « beaucoup de mauvaise foi » : « Que les écoles ne maintiennent qu’un seul concours d’entrée est compréhensible, que ce concours reste inchangé, avec des épreuves socialement discriminantes, l’est moins… Dans nombre d’établissements, on exige des candidats qu’ils parlent un anglais fluide.

(..) Selon ce professeur à l’université de Bordeaux 2, cette pratique a en réalité pour but premier de « conserver des effectifs réduits afin de garantir l’efficacité sociale des grandes écoles ».

Extrait la croix.com du 05.01.10 La démocratisation en trompe-l’oeil des études supérieures

 

(...) Reste que la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, se dit elle-même opposée à la méthode des quotas. Pour elle, les établissements doivent plutôt « changer leurs méthodes de recrutement pour prendre des jeunes qui ont de la valeur ».

Extrait de 20minutes.fr du 06.01.10. Bronca contre les grandes écoles qui s’opposent aux quots de boursiers

 

Note du QdZ : La revue de presses des Cahiers pédagogiques
Nous reproduisons ici l’intégralité de la partie de cette revue de presse de ce matin sur l’affaire des quotas.
Chaque matin, Phillipe Watrelot passe en revue et commente, sur le plan éducatif, un échantillon important des principaux organes de presse.

"La polémique des quotas
La polémique du jour porte donc sur ce que révélait Le Monde hier en évoquant la déclaration de la Conférence des grandes écoles (CGE) . Les patrons des grandes écoles s’opposaient à l’idée que l’on impose 30% de boursiers parmi leurs élèves. Leur crainte était que cela fasse “baisser le niveau”. Depuis la polémique enfle et après Richard Descoings, le patron de Sciences Po Paris qui qualifiait dans le même journal, cette décision d’“anti-sociale” plusieurs membres du gouvernement ont dit leur désaccord avec cette position. Le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, s’est dit « profondément choqué » en rappelant qu’un enfant d’ouvrier avait cinq fois moins de chance qu’un enfant de cadre d’aller en grande école. Même indignation du côté du commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, Yazid Sabeg . Pour Valérie Pécresse, « la question de l’ouverture sociale des grandes écoles mérite d’être posée ». Celle-ci, selon elle, doit se faire à travers une réforme dans le contenu des concours. La ministre, qui avait lancé initialement ce chiffre de 30%, s’est adressée directement aux grandes écoles : « Soyez volontaristes. N’ayez pas peur d’essayer de changer vos méthodes de recrutement pour prendre des jeunes qui ont de la valeur ». Toutefois on tempère en rappelant qu’il ne s’agit pas de quotas mais d’objectifs.

Interviewé par Libération, Pierre Tapie, le directeur de l’ESSEC et président de la CGE, explique sa position. Pour lui, “La tradition méritocratique n’est pas une tradition de quotas”. Il préconise une politique volontariste dans le recrutement des prépas mais refuse l’idée d’un accès distinct et d’un changement du concours. On trouve la même position chez le proviseur d’Henri IV interrogé par La Croix.
Selon les statistiques officielles, . Toutes formations confondues, 30 % des étudiants ont des parents cadres supérieurs ou exerçant une profession intellectuelle supérieure, 10,7 % sont enfants d’ouvriers. Mais si on compte 11,9% d’enfants d’ouvriers et 15,2% d’enfants d’employés en licence universitaire, ces taux tombent à 2,2% et 6% dans « les écoles de commerce, des gestion, vente et comptabilité », et à 4,3% et à 6,9% dans celles d’ingénieurs.

L’enjeu de la polémique et ce slogan ambigu de l’ “égalité des chances” est celui de l’élargissement du recrutement des élites. Mais derrière cette question s’en pose une autre plus importante mais beaucoup moins médiatisée : que fait-on des “vaincus” (comme dirait Dubet) de la compétition scolaire ? Car, nous dit Christian Baudelot dans L’Express , “La France est dotée d’un système qui élimine dès la maternelle et favorise très tôt les enfants bien nés. ”. Comment lutter contre l’échec scolaire et faire de l’école celle de la réussite de tous ?

Des mots et des maux
Natacha Polony continue son “journalisme de combat” dans Le Figaro avec un article sur “Ces mots qui disent les maux de l’école”. C’est un moyen pour elle, de parler de l’évolution de l’école et des clivages que ces mots révèlent. Elle commence par le mot “Expérimentation” pour affirmer que ce terme est, avec celui de “terrain” le signe d’une “avant-garde qui dicte sa loi”, avec une contradiction puisqu’elle admet plus haut que le milieu reste extrêmement conservateur. Elle s’en prend ensuite au mot ”accompagnement” qu’elle analyse comme le fait “que l’on entérine l’arrivée au lycée d’élèves dont le niveau ne leur permet pas de suivre sans une aide spécifique. ”. Sans vouloir caricaturer à mon tour, on peut voir plusieurs implicites derrière cette simple phrase : idéologie du don, négation de la pédagogie, école réduite à son rôle de sélection…
On retrouve ces mots qui fâchent avec l’article sur le “mérite”. Pour elle “à l’école, la transmission des savoirs et son évaluation servaient de piliers à la méritocratie traditionnelle, mais sont depuis longtemps déjà remises en cause. ”. Elle évoque cependant le philosophe Yves Michaux pour qui le mérite est une notion ambiguë qui “récuse une double
injustice : « injustice des héritages et injustice du nivellement »”.

D’une certaine manière, on retrouve cette ambigüité, dans le débat sur d’éventuels « quotas » de boursiers dans les grandes écoles dont nous parlions plus haut. La caricature de la pensée réactionnaire sur ce sujet nous est fournie aujourd’hui par Éric Zemmour dans une chronique sur RTL où il traite Richard Descoings (qui s’est élevé contre cette décision de la conférence des grandes écoles) d’héritier du “penseur d’extrême gauche Bourdieu” ( !) et de “fossoyeur de l’élitisme républicain” et d’ “idiot utile”. A écouter (et même à voir) si le cœur vous en dit…"

Lire la revue de presse des Cahiers (avec les liens

Le site des Cahiers pédagogiques

Répondre à cet article