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"Exclusion sociale, exclusion scolaire" : important rapport de l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale (ONPES), Martine Kherroubi, Jean-Paul Chanteau, Brigitte Larguèze (INRP - Centre Alain Savary, avril 2004)

2004

Exclusion sociale, exclusion scolaire

Martine Kherroubi, Jean-Paul Chanteau,Exclusion sociale, exclusion scolaire
Martine Kherroubi, Jean-Paul Chanteau,
Brigitte Larguèze (Inrp - Centre Alain Savary)

La France s’est donné comme objectifs, inscrits dans la loi d’orientation de juillet 1989, de conduire l’ensemble d’une classe d’âge au minimum au niveau d’une qualification reconnue (CAP ou BEP) et 80% de jeunes au niveau du baccalauréat. En vue de réduire l’afflux de jeunes non qualifiés, des mesures institutionnelles ont été prises pour favoriser la poursuite d’études : modification de l’organisation pédagogique des établissements scolaires ; modification des procédures d’orientation ; fermeture des classes où s’opéraient précédemment des orientations courtes.

Or, si l’on s’en tient aux indicateurs de flux rapportés régulièrement par les grandes enquêtes statistiques, on constate pourtant :
 le maintien des sorties sans qualification à environ 8% d’une génération alors que la loi d’orientation prévoyait leur disparition à l’approche de l’an 2000. En effet, chaque année 60 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplômes, et ce nombre est constant depuis 1995. Cette population éprouve beaucoup de difficultés à s’insérer professionnellement et ocialement.
Rappelons qu’en 1970, le taux de chômage des sans-diplômes de moins de 25 ans était de 2,4 %, alors qu’il est de 44,5% en 1998 ;
 la persistance des inégalités d’éducation entre les différents groupes sociaux : le niveau des élèves les moins favorisés a peu progressé depuis une quinzaine d’années, contrairement aux autres, et un enfant d’inactifs enregistre en moyenne en début de sixième des performances en français inférieures de 20 points à celles d’un enfant de cadre ;
 l’émergence d’une fraction d’élèves devenus des « exclus de l’intérieur » (absentéistes, décrocheurs, déscolarisés) : les ruptures scolaires se rencontrent dans différents milieux sociaux, mais elles affectent beaucoup plus largement les plus défavorisés. Le terme d’exclusion s’est imposé à la fin des années 1980, et son développement au sein de l’appareil d’Etat, où il devient une clé de lecture, se fait dans la première moitié des années 1990 autour de quatre thèmes : la ville, l’école, l’emploi et la protection sociale (Fassin, 1996)1. Dans l’école, alors qu’au sens strict les « exclus » sont les élèves exclus des établissements par décision d’un conseil de discipline, le terme sert dès lors à désigner les élèves en échec scolaire.

On ne saurait pour autant considérer que la problématique de l’exclusion se substitue purement et simplement à la problématique de l’inégalité des chances scolaires. La publication très récente de trois ouvrages reprenant l’interrogation sur les inégalités sociales à l’école oblige plutôt à penser leurs liens.

D’un côté, on s’aperçoit donc que la thématique « exclusion scolaire, exclusion sociale » rejoint celle de la reproduction sociale des inégalités. Au-delà du repérage des données existantes sur les profils familiaux et sociaux des élèves concernés, il s’agit d’établir le niveau de connaissance actuel des mécanismes qui engendrent, reproduisent, aggravent les phénomènes de relégation scolaire des enfants les plus défavorisés alors même que cette relégation a des conséquences beaucoup plus graves socialement qu’auparavant.

Mais, d’un autre côté, le glissement d’une problématique des inégalités à une problématique de l’exclusion engage, comme le propose François Dubet, à interroger la place de l’école dans une structure sociale développant des processus d’exclusion, et donc à souligner des
rapports inédits entre l’économique, le social et l’école. On sait, notamment, que l’exclusion n’est pas seulement un phénomène « objectif », elle est aussi une expérience subjective vécue potentiellement comme une destruction de soi, une atteinte à la personne entière.
Brigitte Larguèze (Inrp - Centre Alain Savary)

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