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Dans son ouvrage "Le déni des cultures" (Le Seuil, sept. 2010), le sociologue Hugues Lagrange étudie les facteurs culturels de la délinquance, de l’absentéisme au collège et de l’échec scolaire dans les cités ghettoïsées

16 septembre 2010

Présentation de l’éditeur :
A l’automne 2005 éclataient en France des émeutes urbaines comme le pays n’en avait jamais connues. Parmi les principaux acteurs de ces événements figuraient de jeunes noirs issus de quartiers où réside une importante immigration africaine. Ce simple fait, objectif et mesurable, est pour ainsi dire inaudible. Comme est inaudible, plus généralement, toute référence à l’origine ethnique pour rendre compte des comportements. Dans le pays qui pleure la disparition de Claude Lévi-Strauss, on semble avoir oublié le sens et l’importance de la culture

.Dans ce livre nourri d’une longue expérience de terrain et de données parfaitement inédites, Hugues Lagrange déchire ce voile d’ignorance. Loin des clichés généraux sur le repli communautaire ou le déclin de l’autorité, il examine minutieusement les pratiques sociales et familiales qui se forment à la rencontre d’une culture d’origine et d’une culture d’accueil. Ce regard neuf permet de différencier les expériences migratoires, notamment maghrébine et subsaharienne. Contrairement à une idée reçue, les familles africaines forment des foyers chaleureux : elles sont peu concernées par les séparations et les dérives addictives. Ce qui ne les empêche pas de connaître des taux élevés de délinquance et d’échec scolaire. Si pathologie il y a, elle se trouve dans le développement d’un autoritarisme patriarcal de réaction à la relégation sociale dont les hommes font l’objet dans le pays d’accueil. Autoritarisme qui disqualifie les mères et les filles.
C’est précisément là qu’il faut agir, affirme Hugues Lagrange, si l’on veut favoriser l’intégration de ces groupes dans une société multiculturelle mais non relativiste. Pour cela, il est nécessaire de reconnaître la différence des valeurs et d’assumer leur confrontation : le problème n’est pas tant d’autoriser ou d’interdire le voile, que de bâtir des politiques qui aident à l’émancipation des femmes.

Hugues Lagrange : Le déni des cultures. Paris, Le Seuil, sept. 2010, 350 p., 20 euros

 

La plupart des hypothèses visant à expliquer la dérive des cités sensibles (chômage, délitement de l’autorité…) font l’impasse sur sa dimension culturelle. Et quand elles la mentionnent, c’est pour la caricaturer sous les traits d’un communautarisme dont on stigmatise les expressions en négligeant les discriminations et la ségrégation qui l’alimentent.

C’est contre ce double déni que s’élève Hugues Lagrange. Loin de considérer les constructions culturelles des quartiers d’immigration comme des produits d’importation marqués d’une irréductible altérité, il y voit le fruit d’une douloureuse confrontation entre des héritages culturels, des tentations de « re-traditionnalisation » et une société d’accueil elle-même victime d’un grand backlash idéologique et moral. Il distingue ainsi les expériences migratoires (celles des Maghrébins ne sont pas celles des Africains du Sahel ou des Turcs), détaille des mécanismes d’ethnicisation des quartiers et dresse un portrait sans fard des rapports entre les sexes ainsi que de l’autoritarisme masculin qui président dans les cités.

Extrait de blogs.sciences-po.fr : Hugues Lagrange

 

Il arrive cependant qu’avec le temps, un nombre croissant de chercheurs européens essaient d’examiner les faits en s’efforçant d’échapper aux a priori politiques, que les motifs en soient bien intentionnés (ne pas « stigmatiser » des minorités, selon le mot aujourd’hui à la mode) ou plus intéressés : faire semblant de ne pas voir les débordements pour ne pas se créer de problèmes avec les populations et quartiers concernés.
Parmi ces chercheurs, on commence à évoquer dans les médias le nom du sociologue Hughes Lagrange, auteur d’un livre qui vient de paraître : « Le déni des cultures », Le Seuil.
On trouve déjà sur le web de nombreux commentaires, tous généralement favorables à ce travail. Bien évidemment cependant, ce chercheur, directeur de recherche au CNRS, avait commencé à susciter des attaques de la plus mauvaise foi, l’accusant d’être un recruteur caché pour les thèses du Front National.

Le travail présenté est pourtant aussi scientifique qu’il est possible, dans des domaines où les sciences exactes ne sont pas envisageables. L’auteur montre à partir d’études de terrain, que dans les banlieues où il a enquêté, les jeunes en difficulté ou engagés dans la délinquance sont quatre fois plus représentés chez les immigrés récents provenant particulièrement du Sahel que chez les autochtones. Les adolescents d’origine maghrébine le sont seulement deux fois plus. Les émigrés venant du golfe de Guinée, où la religion musulmane est moins répandue, sont moins impliqués que ceux provenant de la zone sahélienne.

Extrait de europesolidaire.eu du 16.09.10 : Le déni des cultures

 

Note du QdZ :
L’auteur est directeur d’études au CNRS, membre de l’Observatoire de l’observatoire sociologique du changement (OSC - Sciences Po) et s’appuie sur son travail sur l’absentéisme au collège mené pendant plusieurs années dans des quartiers sensibles de grande banlieue parisienne, principalement à Mantes-la-Jolie et aux Mureaux (Yvelines).

Cet ouvrage rencontre un grand écho médiatique, avec en particulier une page entière du Monde (édition papier) daté du 14.09.10, composée des articles suivants :
Un chercheur lance le débat sur l’impact de l’immigration dans les quartiers ghettoïsés. Le sociologue Hugues Lagrange a constaté une surreprésentation des jeunes issus d’Afrique sahélienne dans la délinquance.
"Il vaut mieux dire les choses même si elles nous gênent" (interview de l’auteur)
"Bien que très sensible, la question ethnique est devenue un nouvel objet de recherche en France".

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