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Atlas des fractures scolaires en France. Une école à plusieurs vitesses, aux éditions Autrement

25 novembre 2010

Ouvrage de Patrice Caro et Rémi Rouault ; préface de Robert Hérin.

Dans un contexte économique et politique français fragilisé, le service public d’éducation ne fait pas figure d’exception. Alors que l’"égalité des chances" a toujours été le maître mot des autorités politiques, voire leur caution, les mesures de réduction des dépenses publiques tendent vers la "libéralisation" du système scolaire et perpétuent ou, pire, renforcent les clivages sociaux et territoriaux. Cet atlas présente une géographie de l’école, de la maternelle à l’entrée (ou non) dans le supérieur, aux échelles européenne, régionale, académique, départementale, communale et locale.

Extrait du site de VEI le 24.11.2010 : Lettre d’info Ville Ecole Intégration, novembre 2010

 

La collection des Atlas aux éditions Autrement publie un Atlas des fractures scolaires en France rédigé à quatre mains par Patrice Caro et Rémi Rouault1, tous deux professeurs de géographie à l’Université de Caen Basse-Normandie. Il vise en moins de 80 pages à faire un tour d’horizon des inégalités à l’école.

Il s’agit de donner à voir les inégalités scolaires sur le territoire : offre de formation, taux de réussite (évaluation en école primaire, taux de sortie sans diplôme, réussite aux examens...), dérogations, options rares, poursuite post-bac...Faisant varier les échelles d’analyse géographique (Monde, Union européenne, métropole, outre-mer, département, ville, quartier) les auteurs démontrent carte après carte qu’options et dérogations, stratégies parentales, choix des filières et diversité des établissements sont très inégalement répartis sur le territoire. Les options rares ne sont généralement présentes que dans les métropoles : par exemple l’implantation du chinois en langue vivante 1 ou 2 n’est pratiquée que dans une vingtaine de départements. A l’inverse, de nombreux départements ruraux, en déprise démographique, sont mieux pourvus que la moyenne en options artistiques. De même les entreprises de soutien scolaire sont présentes dans les métropoles (l’Ile de France est la plus densément pourvue, surtout dans les banlieues aisées) et absentes des départements ruraux peu peuplés.

En déplaçant la focale, les auteurs se concentrent alternativement sur les académies, établissements, corps enseignant, élèves. On découvre ainsi que selon les académies le corps enseignant n’est pas homogène : la part des enseignants de collège et de lycée de moins de trente ans varie fortement (ils sont six fois plus nombreux dans l’académie de Créteil que dans celle de Rennes), le statut des enseignants varie également fortement selon les académies, de même que la part des enseignants du privé (dans les régions Bretagne et Pays de la Loire, la part des enseignants du privé est proche de 50%, contre moins de 10% en PACA par exemple). Le budget des collectivités territoriales (elles financent les investissements immobilier, unités de restauration, gros équipements pédagogiques et le fonctionnement des établissements secondaires (maintenance et entretien, matériels et consommables, documentation et manuels scolaires) varie dans des proportions considérables suivant les effectifs scolarisés et les objectifs adoptés : ainsi le département de Lozère dépense près de 30 fois moins que celui du Nord.

Chaque double page est organisée autour d’un thème : « Filles et garçons dans le système scolaire », « Insertion et chômage après le bac », « Soutien scolaire et accompagnement », « Les options rares, facteurs de distinction »... dont les auteurs se saisissent à partir de cartes, de graphiques et encadrés explicatifs. Chaque graphique offre un coup de projecteur sur une réalité territoriale, mais derrière cet instantané visuel et géographique se cachent des mécanismes sociaux complexes : derrière la disparité des taux de réussite aux évaluations en CM2, aux différents examens...se trouvent des conditions de vie socioculturelles et socio-économiques qui informent ces résultats différenciés. S’opposent ainsi de manière radicale les zones rurales à faible densité de population, où les structures scolaires s’étiolent, aux centres-villes des métropoles, où l’offre scolaire en plus d’être diversifiée, est d’un meilleur rendement. Il s’agit d’interroger les interactions entre les appartenances sociales et les contextes géographiques territoriaux : quelles sont, en fonction des appartenances sociales des élèves, les influences des contextes territoriaux - et institutionnels - sur les réussites scolaires ? A tout le moins, c’est un écheveau complexe où les réussites hétérogènes selon les territoires et lieux de scolarisation relèvent d’une combinaison complexe de facteurs géographiques, historiques, économiques, démographiques et politiques.

L’Atlas des fractures scolaires met à mal la représentation d’un système éducatif unifié à l’échelle nationale. Bien au contraire, c’est une réalité disparate et inégalitaire qui est présentée : différences des structures, des pratiques et des résultats s’imposent. On regrettera cependant que la notion de fracture scolaire qui sert de titre à l’ouvrage ne soit, au moins en introduction, pas théorisée.

La présentation sur liens-socio.org :

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