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Les ZEP citées dans le rapport Obin

29 avril 2005

Extrait de « L’Expresso » du 29.04.05 : le rapport Obin sur les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires (juin 2004).
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Conclusion et propositions

Ce que nous avons observé dans les établissements scolaires implantés dans les quartiers où sont concentrées des populations issues de l’immigration maghrébine, parfois turque, africaine ou comorienne, quartiers de plus en plus homogènes sur le plan social et religieux, n’est manifestement que la partie scolairement visible d’un phénomène bien plus profond, dont l’évolution constitue vraisemblablement l’une des clés de notre avenir. La réalité semble bien en effet être la suivante : pour la première fois dans notre pays, la question religieuse se superpose - au moins en partie - à la question sociale et à la question nationale ; et ce mélange, à lui seul détonnant, entre en outre en résonance avec les affrontements majeurs qui structurent désormais la scène internationale.

Des évolutions inquiétantes qui appellent une réponse d’ensemble

Dans certains quartiers, qui sont loin répétons-le de se cantonner aux banlieues des grandes villes, se sont déjà édifiées des contre-sociétés closes dont les normes sont le plus souvent en fort décalage voire en rupture avec celles de la société moderne et démocratique qui les entoure. Il ne s’agit nullement pour ces populations d’un repli identitaire des plus anciens, mais bien d’une identité de substitution qui se diffuse d’abord parmi les jeunes de la seconde ou troisième génération. Le terreau social sur lequel se développent ces évolutions est bien connu, c’est la ségrégation dont sont victimes ces populations devant l’accès à l’habitat, à l’emploi et aux loisirs, du fait de la xénophobie et du racisme, depuis leur arrivée sur le sol national. L’intériorisation de cette injustice porte toute une jeunesse vers le ressentiment, le repli et parfois la radicalisation. Des organisations, le plus souvent structurées sur le plan international, prospèrent sur ce terreau et assurent à cette nouvelle identité « musulmane » une promotion efficace, dans une surenchère permanente qui donne aux plus radicaux souvent le plus de poids auprès des plus jeunes ou des plus fragiles (parmi ces derniers on peut placer un certain nombre de jeunes convertis : La direction centrale des renseignements généraux estime ces radicaux à 1100 sur environ 50 000 convertis : Le Monde du 4 juin 2004, p.12). Le projet de ces groupes ouvertement ségrégationnistes et qui dénoncent l’intégration comme une apostasie ou une oppression, va encore plus loin. Il est aussi de rassembler ces populations sur le plan politique en les dissociant de la nation française et en les agrégeant à une vaste « nation musulmane ». Nous avons dit combien ce projet nous semblait déjà bien diffusé et mis en oeuvre dans la jeunesse scolarisée, notamment auprès de ces collégiens et lycéens qui refusent, parfois massivement, de s’identifier comme « Français » et ont pris comme héros les partisans de la guerre à outrance contre le monde occidental.

L’école à elle seule ne peut manifestement pas traiter, encore moins résoudre un tel problème ; cette vague de fond la travaille certes, mais elle n’en reçoit que l’écume. D’autant plus qu’avec les ZEP, dont l’un des deux critères de définition a été au départ la proportion de population étrangère vivant dans un quartier, l’éducation nationale a pris en compte de longue date la nécessité d’une action positive. L’intégration sociale, culturelle et politique des populations issues de l’immigration maghrébine, car c’est bien de cela qu’il s’agit, nécessite de toute évidence un effort national d’ensemble, soutenu et ciblé. La plupart des départements ministériels sont concernés par cet effort, de même que les collectivités territoriales, et les citoyens dans leurs attitudes et comportements individuels. L’éducation nationale peut évidemment contribuer de manière importante à une telle politique. C’est dans un tel cadre que devraient s’inscrire les propositions que nous présentons maintenant pour être vraiment efficaces et offensives, capables de « remonter le courant » en quelque sorte, c’est-à-dire de régénérer chez ces jeunes le sentiment d’une appartenance à un ensemble politique capable de transcender leurs autres appartenances légitimes, notamment culturelles et religieuses. Sinon, sans être inutiles, ces mesures n’auraient qu’un objectif limité, défensif, de protection des établissements et du caractère laïque et national de l’enseignement ; ce qui n’est pas négligeable et constitue d’ailleurs l’horizon actuel de la plupart des enseignants et responsables des établissements implantés dans ces quartiers. Toutefois, en l’absence d’une action positive d’ensemble, on peut craindre que les nécessaires mesures de défense de la laïcité soient une nouvelle fois vécues, notamment par ces élèves, comme discriminatoires, et les confortent dans leur sentiment d’injustice.

Tout faire pour développer la mixité sociale dans les établissements scolaires

La mixité, sexuelle, culturelle, sociale, religieuse est d’abord une valeur. Comment accéder à la compréhension mutuelle, au respect de l’autre, à la modération, autant de composantes de l’esprit laïque, si l’on vit strictement entre soi ? Mais c’est aussi un gage d’efficacité. Les établissements qui ont su ou pu préserver la mixité sociale de leur recrutement et éviter la constitution de classes trop homogènes, peuvent le plus souvent surmonter les perturbations liées aux manifestations d’appartenance religieuse, même s’ils sont implantés au coeur d’un quartier en grande difficulté. Bien entendu, l’éducation nationale n’est pas à la source des dynamiques ségrégatives, elle les subit. Mais il lui arrive de les accentuer notamment au travers des décisions prises en matière de sectorisation et de dérogations.

En plusieurs endroits, nous avons rencontré des chefs d’établissement et des inspecteurs d’académie très attentifs aux évolutions sociales et religieuses des secteurs scolaires dont ils ont la charge. Ainsi, certains directeurs des services départementaux n’ont pas hésité à remodeler périodiquement les contours de la sectorisation de certaines zones, ce qui nécessite parfois du courage, pour le moins un effort de conviction auprès des familles et des collectivités. Nous avons pu constater le succès et l’efficacité de ces politiques là où elles ont pu être menées, principalement pour des collèges. Il est évident qu’un effort bien plus important pourrait être fait en ce domaine si une volonté politique nationale venait stimuler et structurer l’action des responsables académiques.
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