Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
Extrait du « Monde » daté du 02.05.05 :
C’est un sévère constat d’échec pour l’éducation nationale. A côté des enseignements public et privé dispensés au sein d’établissements scolaires, une troisième filière prend de l’ampleur : le soutien scolaire, autrement dit les cours particuliers.
Le rapport réalisé par le sociologue Dominique Glasman pour le Haut Conseil de l’évaluation de l’école souligne que, depuis dix ans, les entreprises qui offrent ce soutien ont connu une "expansion spectaculaire" . Cet essor est lié à la mise en place de mesures fiscales favorables aux parents. Celles-ci ont fait passer les cours particuliers, qui, par tradition, relevaient beaucoup de la petite annonce et de l’arrangement individuel, dans le champ des activités économiques déclarées.
Il n’existe pas de statistiques récentes sur le nombre d’enfants concernés. Des données du début des années 1990 indiquaient que près d’un quart des élèves suivaient des cours particuliers pendant l’année. Le succès des entreprises qui occupent ce marché montre, en tout cas, que des dizaines de milliers d’enfants, et plus encore peut-être leurs parents, vivent avec une telle hantise de l’échec à l’école qu’ils n’imaginent plus de se passer de cette béquille coûteuse, mais jugée salvatrice.
Les "boîtes" florissantes de soutien scolaire n’hésitent d’ailleurs plus à se présenter comme des contre-modèles : on y "apprend à apprendre" , avec des cours individualisés et des enseignants par définition disponibles, loin des classes surchargées ou des collèges-ghettos des zones d’éducation prioritaires (ZEP).
(...)
Dans ce contexte, l’excellence paraît maintenant indispensable pour que les enfants "s’en sortent" . Sombre constat, décidément, qui devrait interpeller les pouvoirs publics, en grande partie responsables de cet état de fait, quelle que soit la couleur politique des gouvernements successifs.