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Compte rendu par ToutEduc du 39ème colloque de l’AFAE (10-12 mars 2017 à Nancy) : "Ne laisser personne au bord du chemin : utopie ou feuille de route ?"

16 mars 2017

39ème colloque national de l’AFAE Ne laisser aucun élève au bord du chemin : utopie ou feuille de route ?
Les 10, 11 et 12 mars 2017 à NANCY

Une classe de la circonscription de Vitry-le-François (Marne) gagne un prix au concours "non au harcèlement". Elle est invitée au rectorat, donc à Nancy. Les élèves sont dans le car... et ne comprennent pas qu’il s’arrête au péage. L’enseignante a dû leur expliquer ce qu’est une autoroute. Cathia Batiot, l’inspectrice de circonscription qui rapporte cette anecdote, commente : Les parents ont, au mieux, une voiturette sans permis, et ces enfants n’étaient jamais sortis du circuit des petites routes. D’ailleurs, comme ces véhicules n’ont que deux places, si les parents rencontrent la professeure, c’est sans leur enfant, ou alors, c’est un seul d’entre eux.

Cette vignette prise sur le vif illustre le thème du 39ème colloque de l’AFAE, ouvert vendredi 10 mars à Nancy : l’association des acteurs de l’école se demande s’il est utopique de vouloir "ne laisser aucun élève au bord du chemin". La rectrice, Marie Reynier, se situe clairement dans une optique volontariste, elle affirme que "tout le monde est éducable" et Catherine Moisan, ancienne directrice de la Depp (le service statistique de l’Education nationale) met en garde, l’universalité, l’une des "valeurs magnifiques" de la République ne doit pas induire une "uniformité prescriptive de normes", un thème que reprend à sa façon Claude Pair, ancien recteur, ancien directeur des lycées au début des années 80, lorsqu’il justifie les réformes lancées alors par la nécessité de "respecter la diversité des élèves".

Quels sont les facteurs prédictifs du décrochage ?
Mais le colloque veut surtout donner la parole aux acteurs de terrain, confrontés à cette diversité, et à la difficulté de "ne laisser aucun élève en route". Le géographe Patrice Caro, co-auteur de "l’atlas des fractures scolaires en France" indique que, sauf cumul des difficultés, il n’y a pas de corrélation évidente entre les questions sociales et le décrochage. Il travaille d’ailleurs, actuellement sur d’autres indicateurs, la santé et l’obésité, les résultats des journées "Défense et citoyenneté", les caractéristiques du corps enseignants, le fait d’être à distance d’un lycée professionnel...

Le département de Meurthe et Moselle a un observatoire de la pauvreté des enfants, et pour dresser la cartographie des difficultés, il a retenu l’indice de pauvreté bien sûr, mais aussi la part des 15-19 ans non scolarisés et non diplômés, les familles monoparentales, surtout quand le parent est sans emploi, celles dont les seuls revenus proviennent de la CAF, les bilans de langage tels qu’ils sont établis par les médecins scolaires en maternelle...

Pas de problèmes de comportement, mais...
Il faut pourtant se méfier des stéréotypes, prévient Philippe Rivieyran, principal d’un collège REP+ à Strasbourg, 30% des enfants sont étrangers, 62 % de PCS défavorisés, un revenu médian annuel de 8 600 € et des élèves qui "aiment venir au collège", qui le respectent, "pas un tag, aucune dégradation", "ils y sont bien", "il y a de très bons élèves", "ils savent reconnaître les adultes respectueux et respectables", mais "ils n’ont pas les codes", même pour les jeux de séduction entre garçons et filles qui tournent à la bagarre. "Ils sont attachants mais exaspérants."

Les enfants de Vitry-le-François ne posent pas de problèmes de comportement, et dans cette école où plus des trois quarts des familles sont défavorisées, l’équipe enseignante est stable, expérimentée. Pourtant, la directrice s’est récemment tournée vers son inspectrice, et pour la première fois, lui a dit qu’elle était "démunie", qu’elle "ne savait plus quoi faire" pour qu’ils entrent dans les apprentissages.

Extrait de touteduc.fr du 12.03.17 : Les difficultés des élèves ne sont pas toujours celles qu’on imagine. Colloque del’AFAE

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