> III- INEGALITES : Mixité sociale, Pauvreté, Ethnicité, Laïcité... > Laïcité > Laïcité (Etudes) > Séparatisme et discriminations (Serge Guimond, Cnrs, dans The Conversation)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Séparatisme et discriminations (Serge Guimond, Cnrs, dans The Conversation)

16 décembre 2020

Lutter contre le « séparatisme » sans en cerner les enjeux peut coûter cher
Serge Guimond
Professeur des Universités, membre du laboratoire CNRS de Psychologie Sociale et Cognitive (UMR 6024), Université Clermont Auvergne (UCA)

La politique du gouvernement français dans la lutte contre le séparatisme et la radicalisation, défendue avec vigueur par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, repose sur une analyse qui ignore certains principes de base de la psychologie des groupes.

Nous savons depuis longtemps qu’il est extrêmement facile de provoquer des conflits entre les groupes sociaux. Une seule déclaration injuste ou mal interprétée peut mettre le feu aux poudres.

[...] Les recherches scientifiques ont montré que l’un des principaux facteurs incitant les individus à se regrouper avec d’autres membres de leur communauté pour s’engager dans des actions plus ou moins radicales, ce n’est pas le fait d’être corse, basque ou musulman, ou d’être une personne très religieuse, c’est la perception de discrimination et d’injustice.

Une enquête menée auprès de jeunes d’origine immigrée au sein de 13 pays, dont la France, a observé les modes d’acculturation de ces jeunes. Cette étude scrute la tendance des uns et des autres à s’identifier à leur pays d’accueil, ou au contraire à se réfugier au sein de leur groupe d’origine sans vraiment chercher les contacts avec la population générale, ce qui correspond à une stratégie de séparation.

[...] Autrement dit, les discriminations sont bien souvent à l’origine du séparatisme.

Les résultats ont montré que les jeunes qui s’estiment victimes de discriminations ont davantage tendance à adopter cette orientation de séparation. Ces données concernent une grande variété de cultures et de religions et ne peuvent être considérées comme typiques de la culture musulmane. Les résultats montrent aussi, confirmant les recherches antérieures, que les jeunes qui présentent le moins de problèmes d’adaptation sont ceux qui s’identifient à la fois à leur groupe d’origine et à la communauté nationale où ils résident. Par conséquent, les recherches actuelles suggèrent qu’une politique visant à empêcher le développement de liens avec le groupe d’origine n’est pas nécessairement appropriée.

Extrait de theconversation.fr du 15.12.20

 

En bas à gauche les mots-clés de l’article
et ci-dessous les 10 derniers articles de la rubrique Racisme, Ethnicité, Immigration (Rapports officiels) (chemin en haut de la page 🏠)

Répondre à cet article