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Laïcité : l’étude réalisée par le Cnesco en janvier 2020 contredit les conclusions du sondage Ifop/Fondation Jean-Jaurès (Le Café)

7 janvier 2021

Laïcité : Un sondage pour rien
Réalisé pour la Fondation Jean Jaurès et Charlie Hebdo par l’Ifop, un sondage auprès de 800 enseignants sonne l’alarme sur les violations de la laïcité dans l’éducation nationale. Il dénonce "l’autocensure" des enseignants et "la complaisance" des chefs d’établissement face aux attaques sur la laïcité. Ce sondage alarmiste n’apprend pas grand chose. Une autre étude, réalisée auprès de 17000 personnes par le Cnesco en janvier 2020 montre que, contrairement à ce qu’affirment les agitateurs d’angoisse, les élèves partagent à 90% les valeurs de la laïcité et les enseignants à 100%.

Une analyse alarmante

Dans son analyse, Iannis Roder résume les principales données du sondage. "(Les professeurs) sont 80% à affirmer avoir déjà été confrontés au moins une fois au cours de leur carrière à une revendication liée à des croyances ou pratiques religieuses, dont 59% dans leur établissement actuel. Ce sont donc 4 professeurs sur 5 qui, au cours de leur carrière, disent avoir été face à des revendications religieuses, dont l’enquête montre qu’elles se posent aujourd’hui dans tous les espaces avec plus au moins d’acuité. Ces revendications sont de divers types : 65 % des enseignants disent avoir déjà été confrontés au cours de leur carrière à des absences liées à l’exercice d’un culte ou à la célébration d’une fête religieuse, 47 % à des demandes de repas confessionnels (ex. halal, casher) dans les cantines, 40 % à des absences de jeunes filles à des cours d’éducation physique et sportive (avec ou sans certificats médicaux), et notamment à des cours de natation (45 % des enseignants déjà confrontés à cela au cours de leur carrière), 28 % à des refus d’entrer dans des lieux à caractère religieux (ex. Église) lors de sorties scolaires, 25 % au départ d’un établissement d’un élève afin de continuer ses études à la maison ou dans un établissement privé confessionnel, ou encore 21 % à des refus de donner la main à quelqu’un au nom de convictions religieuses (ex : sport, sorties scolaires).

Qui n’apprend rien

S’agit-il vraiment d’une révélation ? Que sur l’ensemble de sa carrière un enseignant croise au moins une fois ce genre de contestation est-il vraiment nouveau et surprenant ? Les enseignants rencontrent régulièrement la contestation de la part d’élèves. Celle ci fait partie des apprentissages et les enseignants sont capables d’expliquer et de répondre.

Contredite par l’étude du Cnesco

C’est aussi ce que montre l’étude, beaucoup plus intéressant, réalisée en janvier 2020 par le Cnesco sur le même sujet. Le Cnesco consulté 16 000 élèves de 3ème et terminale , 500 professeurs et 350 chefs d’établissement. Le principal enseignement de cette enquête c’est la très forte adhésion des élèves à la laïcité. Ainsi 90% des élèves et 100% des professeurs et personnels de direction trouvent importants qu’à l’école les élèves soient tolérants entre eux quelques soient leurs croyances et que les enseignants respectent tous les élèves. 67% des élèves et 90% des professeurs estiment qu’un enseignant n’a pas à évoquer ses croyances en classe.

Les élèves sont aussi majoritairement contre l’influence religieuse dans la société. 90% des élèves de terminale sont contre l’idée que les responsables religieux devraient avoir davantage de pouvoir et 83% estiment que les règles religieuses sont moins importantes que les lois de la République.

L’étude montre aussi l’impact des cours d’éducation civique (EMC). " Plus les connaissances civiques des élèves augmentent (à caractéristiques équivalentes : filles comme garçons, favorisés comme défavorisés, immigrés ou non, en éducation prioritaire ou non…), plus ils ont tendance à considérer comme important le respect de la religion de chacun ainsi que la libre expression de leur religion par les élèves" dans l’école. L’EMC a donc un impact bien réel. Ainsi 42% des élèves de 3èem ayant de faibles connaissances civiques estiment que les règles religieuses doivent primer sur les lois contre 12% des élèves ayant de très bonnes connaissance.

Face aux agitateurs d’angoisse, le rapport du Cnesco apporte des données claires. Il n’y a pas de problème grave de laïcité dans les établissements. Ceux-ci savent gérer les problèmes quand ils arrivent.
F Jarraud

Enquête fondation jean Jaurès

Enquête Cnesco

Extrait de cafepedagogique.net du 07.01.21

 

Note. La rubrique "Ethnicité, Laïcité, Racisme, Immigration", qui s’est beaucoup développée ces derniers temps, a été récemment divisée en 9 sous-rubriques, comptant chacune actuellement entre 26 et 64 articles.
Cependant, ces 4 concepts étant fortement imbriqués les uns dans les autres dans l’actualité, nous les avons maintenus dans une rubrique commune.
De façon plus générale, la distinction entre les 3 types de positions a également été modifiée.

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1 Message

  • Juste une remarque sur un propos tenu dans ce texte :

    "en janvier 2020, le cnesco a consulté 16000 élèves...83% estiment que les règles religieuses sont moins importantes que les lois de la République. Ces données contredisent directement celles du sondage Ifop"

    ben non

    Si l’on reprend le rapport CNESCO, les chiffres sont en fait : 24% en 3eme estiment que les règles religieuses sont plus importantes que les lois de la république et 18% en terminale. Soit une moyenne d’environ 20% pour les lycéens.

    Si l’on reprend les chiffres Ifop, le pourcentage est de 40% (page 18 du rapport) mais calculé sur les lycéens ayant une religion (c’est indiqué en haut a gauche de la page) et seulement 50% des lycéens ont une religion (selon la page 3). Sur l’ensemble des lycéens le pourcentage serait donc de 20% (40%*50%)

    Les pourcentages Ifop et cnesco sont donc similaires, ce point ne permet pas d’invalider l’étude Ifop. Après que ces résultats vous gênent c’est un autre problème.

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