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Le rapport de France Stratégie "Quelles priorités éducatives ?" souligne le poids des inégalités scolaires en France et propose de procéder à des arbitrages budgétaires en faveur "des élèves et établissements qui en ont le plus besoin"

10 mai 2016

Quelles priorités éducatives ?
Que faut-il changer dans l’École pour qu’elle fasse progresser l’ensemble des élèves et réduise le poids des déterminismes sociaux ? Faut-il investir davantage ? Enseigner autrement ?
France-Stratégie

Avec une forte tendance à reproduire les inégalités sociales et avec des performances globales qui ne dépassent pas celles de la moyenne des pays de l’OCDE, le système éducatif français ne parvient aujourd’hui ni à tenir la promesse républicaine d’égalité et d’émancipation, ni à doter tous les jeunes des compétences nécessaires pour maintenir notre niveau de vie dans un contexte de compétition économique aiguisée.

[...] Les performances moyennes de notre système éducatif s’accompagnent de forts écarts de niveaux entre élèves. Ceux-ci s’observent dès l’école et le collège : toujours selon l’enquête PISA 2012, les performances des élèves de 15 ans sont plus inégales en France que dans beaucoup de pays de l’OCDE, avec des écarts de réussite très importants et qui se sont creusés depuis 2003.

Par ailleurs, l’élévation du niveau d’études s’est accompagnée du maintien d’un système très hiérarchisé, que ce soit dans le secondaire, entre les différentes filières, ou dans le supérieur, avec la dualité persistante entre universités et grandes écoles.

Ces écarts de niveaux entre élèves sont d’autant plus problématiques qu’ils sont étroitement liés aux caractéristiques sociales des élèves. La corrélation entre la performance en mathématiques des élèves de 15 ans et leur origine socioéconomique est parmi les plus élevées des pays de l’OCDE et elle s’est accrue depuis 2003. L’orientation par filière est également nettement corrélée au milieu socioéconomique des élèves[3] et à leur origine migratoire[4].

Ces inégalités sont fortement ressenties : les enquêtes révèlent le sentiment qu’ont beaucoup d’élèves d’être « enfermés » dans des choix d’orientation souvent subis, mal préparés en amont et sans retour possible[5]. Ces orientations aboutissent à des inégalités sociales d’accès à l’enseignement supérieur et aux filières les plus sélectives en son sein[6].

Enfin, les inégalités sont également d’ordre géographique, dans la répartition des élèves entre les établissements et dans les classes. Ainsi les collégiens des catégories aisées comptent en moyenne presque deux fois plus d’élèves également aisés dans leur établissement que les autres élèves[7]. Cette ségrégation scolaire, qui reflète d’abord une ségrégation résidentielle, est particulièrement forte en ce qui concerne les jeunes issus de l’immigration puisque, à 15 ans, 70 % d’entre eux sont scolarisés dans le quart des établissements qui affichent la plus forte concentration de cette population[8]. On constate également d’importantes inégalités selon le département de naissance pour l’accès à l’enseignement supérieur, qui peuvent réduire considérablement les chances d’ascension sociale dans certains territoires[9].

Une partie de ces inégalités prend racine très tôt, avant même la scolarité obligatoire : si en France la quasi-totalité des enfants sont scolarisés entre 3 et 6 ans, l’accès à un accueil collectif et la scolarisation avant 3 ans restent minoritaires et très inégalement répartis, tant entre territoires qu’entre catégories sociales[10]. Or la préscolarisation a un impact très important sur les résultats scolaires postérieurs, en particulier pour les élèves ayant une ascendance migratoire. Cet impact est particulièrement fort en France[11].

[...] La France se distingue en outre par un sous-investissement important dans le préprimaire et le primaire, alors qu’elle est dans la moyenne pour le collège et le supérieur, et très au-dessus de la moyenne pour le lycée[12]. Compte tenu du poids des premières années de scolarisation dans la lutte contre les déterminismes sociaux, le faible niveau de dépenses que la France consacre au primaire et au préprimaire apparaît comme l’une des causes de sa forte tendance à la reproduction des inégalités sociales. La priorité au premier degré, décidée en 2013 dans la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École, amorce un rééquilibrage en ce sens.

[...] En matière de dépense pour les jeunes enfants, la France se situe au-dessus de la moyenne de l’OCDE. Elle est même parmi les pays qui dépensent le plus par enfant en maternelle, en raison d’un taux de scolarisation proche de 100 % qu’elle est l’un des rares pays à atteindre, et malgré un nombre d’élèves maximal par enseignant plus élevé que la moyenne (26 contre 18). La dépense par enfant de moins de 3 ans est également supérieure à la moyenne de l’OCDE, mais reste en revanche inférieure de moitié à celle des pays qui ont le taux de couverture le plus élevé (Norvège, Danemark et Islande).

Enfin, les moyens sont aussi répartis inégalement au sein d’un même cycle. Dans le primaire et le secondaire, la dépense par élève scolarisé dans un établissement de l’éducation prioritaire demeure, en dépit des moyens spécifiquement dédiés (revus à la hausse ces dernières années), plus faible qu’ailleurs, en raison du mode de répartition des enseignants qui y affecte les moins expérimentés (donc les moins payés). Dans le supérieur, les inégalités de moyens s’observent notamment entre filières : la dépense moyenne pour un élève de classe préparatoire aux grandes écoles s’élève en 2014 à 14 850 euros, contre 10 850 euros pour un étudiant d’université[15].

[...] Procéder à des arbitrages
[...] au sein de la dépense publique d’éducation : il s’agit à la fois de définir les secteurs prioritaires pour un effort supplémentaire et ceux dans lesquels il est possible de réduire les dépenses afin de financer une partie de l’effort par redéploiement ; c’est vrai entre niveaux d’éducation (de combien peut-on réduire la dépense par élève au lycée pour accroître les moyens dans le préprimaire et le primaire ?) comme au sein de chacun d’entre eux (concentrer les moyens sur les élèves ou les établissements qui en ont le plus besoin suppose de réduire la dépense pour les autres) ;

Extrait de francestratégie1727.fr du : Quelles priorités éducatives

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