> Formation (hors EP) > Formation (hors EP). Textes et Déclarations officielles > Un rapport des Inspections générales : Passer de la formation continue des (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Un rapport des Inspections générales : Passer de la formation continue des enseignants du second degré au développement professionnel et personnel (ToutEduc)

28 mars 2019

La formation continue des enseignants du second degré.
De la formation continue au développement professionnel et personnel des enseignants du second degré ?

IGEN - IGAENR
septembre 2018

IGEN
Sophie TARDY
Coordinatrice
André CANVEL
Vincent MAESTRACCI

IGAENR
Philippe LHERMET
Coordinateur
Roger-François GAUTHIER

Le rapport (101p.)

EXTRAIT DE LA PAGE 10

La typologie et la composition sociale des établissements dans lesquels exercent les enseignants et acteurs auditionnés par la mission conditionnent pour beaucoup l’expression de leurs besoins et attentes, comme elles devraient aussi conditionner les réponses qui y sont apportées. Ainsi, les besoins en formation des équipes enseignantes, tels que les chefs d’établissement les évoquent, sont fortement corrélés aux lieux d’exercice et à leur composition sociale. Les chefs des établissements situés en REP ou REP+ se sentent très concernés par l’urgence de la formation d’équipe pour répondre à des besoins partagés au sein d’un collectif, quand ceux de lycées de centre-ville appellent davantage de leurs vœux des formations plus ciblées, permettant l’évolution de pratiques pédagogiques qui peinent parfois à s’adapter à des contextes évolutifs.

 

Compte rendu ToutEduc

Formation continue des enseignants : un rapport sévère sur une politique qui devrait être ambitieuse (inspections générales)

"Les enseignants sont des cadres, recrutés au niveau bac + 5. Il devrait leur être reconnu une autonomie d’initiative dans leur formation, mais plus encore une responsabilité professionnelle dans la conduite de leur parcours au service des missions qui leur ont été dévolues." Le seul choix qu’ils aient est "de se rendre ou non à la formation, même lorsqu’ils sont désignés par l’institution pour la suivre. C’est sans doute un des paradoxes les plus significatifs de la situation actuelle : un modèle de formation très prescriptif qui s’inscrit dans un cadre réglementaire non contraignant. Il s’agit ici d’adopter une position résolument inverse."

Le rapport des deux inspections générales sur "la formation continue des enseignants du second degré" est particulièrement sévère pour "un modèle dominant de formation qui ne donne plus satisfaction". Les auteurs soulignent toutefois l’existence d’initiatives et expériences "parfois embryonnaires ou inachevées", mais qui "portent en elle le ferment et la promesse d’évolutions futures du système de formation", comme ce collège "qui a dégagé une heure par discipline et par semaine en diminuant la durée de chaque cours de cinq minutes", cette heure étant "employée à l’échange de pratiques et à l’autoformation".

Les enseignants sont d’ailleurs demandeurs de formations assurées par des experts "formés aux techniques de formation pour adulte", "des formations régulières et progressives" et non pas ponctuelles, "suivies d’un accompagnement", qui leur permettent "de prendre de la distance avec le quotidien de leur action pédagogique, c’est-à-dire de développer une posture critique et constructive face à leurs propres gestes professionnels et ceci en pleine autonomie".

Trop souvent, les formations ne tiennent pas compte de "la complexité du métier". Elles s’adressent "à un professeur virtuel" et voulant s’adresser à tous, ne s’adressent finalement à personne. "Les enseignants, tout comme les élèves, ne peuvent être pensés comme des entités abstraites." Les auteurs évoquent d’ailleurs "un mal-être professionnel préoccupant" dont les réactions d’insatisfaction face aux formations sont aussi un symptôme.

Autre difficulté, "les données disponibles sur la façon dont les enseignants se forment individuellement et les outils actuels de saisie et de traitement des données (GAIA et EGIDE) sont rares et ne permettent pas de savoir si les enseignants se forment au-delà de la moyenne nationale ou si une partie d’entre eux échappent durablement à toute formation. Les outils de GRH (IPROF, SIRHEN, outils académiques) sont multiples et n’ont pas été pensés en complémentarité." Quant au paysage de la formation, il est qualifié d’ "erratique" au vu notamment "de l’offre des opérateurs extérieurs à l’éducation nationale". Certes, le ministère a fait "un effort sans précédent" pour mettre en ligne "un volume conséquent de ressources numériques", mais leur dispersion "sur différents sites ou portails et les chemins sinueux qui y conduisent sont parfois uniquement connus des professeurs rompus à la formation et ne permettent pas à ces ressources d’être diffusées et utilisées comme elles pourraient l’être" au point que de nombreux enseignants préfèrent "consulter des sites d’opérateurs privés ou des blogs d’enseignants dont la navigation est plus conviviale et intuitive et où ils espèrent trouver des ressources plus facilement accessibles et plus en phase avec leurs préoccupations immédiates".

Ils vivent d’ailleurs "dans un monde d’abondance d’informations", "toutes n’étant pas de même qualité scientifique et pédagogique". Comment situer dans ce paysage les actions institutionnelles ? "Le risque est grand d’amplifier dans les années qui viennent ce décalage entre les attentes des professeurs et l’offre de formation, si celle-ci ne s’empare pas de ces nouveaux usages." Le rapport cite à ce sujet le réseau social piloté par le réseau Canopé, Viaéduc qui compte "65 000 utilisateurs, 7 000 groupes, 30 000 ressources".

Il incite aussi l’administration à "reconnaître la singularité de chaque enseignant" d’autant qu’il faut à présent compter avec "le recrutement de professeurs présentant des caractéristiques inédites liées à un engagement pendant plusieurs années dans une vie professionnelle tout autre que le métier d’enseignant". La mission propose qu’en début de carrière "soit réalisé un positionnement pour mieux identifier et prendre en compte leurs connaissances et leurs compétences personnelles", mais aussi que, "tout au long de leur carrière", les enseignants puissent "solliciter de nouveaux bilans de compétences pour tenir compte de leur parcours", y compris pour envisager "une reconversion professionnelle dans ou hors fonction publique". Cette question de la mobilité " ne peut et ne doit plus être un tabou".

Les auteurs se sont aussi intéressés au concours de l’agrégation interne qui "pourrait être rénové en l’ajustant aux différents scenarios du développement professionnel d’un enseignant du second degré" en fonction de trois profils, "l’enseignant-chercheur innovant dans sa discipline", "l’enseignant-formateur dans sa discipline", "l’enseignant-ressource dans son établissement (...). L’agrégation interne doit se distinguer de l’agrégation externe et s’appuyer beaucoup plus sur les différents aspects du référentiel des personnels enseignants pour construire ses épreuves" plutôt que sur des compétences académiques.

Le rapport propose douze recommandations pour "une politique ambitieuse de développement professionnel et personnel des enseignants" qui prenne en compte leurs singularités.

Extrait de touteduc.fr du 26.03.19

 

Sur le site OZP,
voir le mot-clé Rapp. Inspection générale (gr 2)/

Répondre à cet article