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Mathématiques : Baisse des performances, surtout dans les écoles les plus défavorisées (Cèdre), mais le niveau reste stable dans les collèges les plus défavorisés

1er octobre 2020

Maths : Les élèves français décrochent
Les résultats de l’étude Cèdre sur les maths portant sur les écoliers de Cm2 et les collégiens de 3ème sont sans appel. A l’école comme au collège le niveau en maths baisse. La baisse est un peu plus rapide à l’école. Mais à l’école comme au collège, la moitié des élèves a maintenant un niveau faible. Ces résultats ne sont pas non plus une surprise. L’enquête internationale Timms de 2015 avait mis en évidence le très faible niveau en maths des écoliers français.

Une nette chute à l’école

Réalisée par la Depp en 2018-2019, l’enquête Cèdre a touché un échantillon de 6000 élèves de Cm2 prélevé dans 200 écoles. Pour la première fois, les tests ont été passés sur support numérique à l’école comme au collège. Dans les deux cas, cela crée une rupture qui a sans doute affecté les résultats. La Depp annonce y avoir apporté des correctifs notamment en diversifiant les types d’exercices. Mais il est possible que cela explique une partie de la baisse.

En Cm2 le score moyen des élèves qui était resté stable de 2008 à 2014 connait une chute en 2019 passant de 249 à 232. 9% des élèves ont un niveau très faible : ils n’étaient que 4% en 2014. 17% des élèves a un niveau faible contre 13% en 2014. Inversement on ne compte plus que 6% de très bons contre 10% en 2014 et 15% de bons contre 19% en 2014. Il y a en fait un net glissement des élèves dans le mauvais sens.Au total 54% des élèves ont un niveau jugé insuffisant contre 42% en 2014.

L’écart entre les élèves à l’heure et ceux qui sont en retard (ont redoublé) s’est creusé : il est de 54 points contre 41 en 2008. La chute d eniveau est particulièrement forte dans les écoles les plus défavorisées où on passe de 229 en 2014 à 207 seulement en 2019. Par contre la baisse est faible dans les écoles les plus défavorisées (on passe de 265 à 257). Il y a donc un fort gradient social. La Depp note aussi la baisse d’appétence pour les maths depuis 2014. 55% des élèves attendent la séance de maths avec impatience contre 77% en 2014.

Et au collège

Au collège, la chute est réelle mais un peu moins forte. Le nombre des élèves très faible passe 4 à 6% et les faibles de 16 à 18%. Inversement les élèves très forts passent de 9 à 8% et les forts de 15 à 14%. Si la perte de niveau est moins accentuée au collège qu’à l’école c’est parce qu’elle a été régulière depuis 2008. Le score moyen est passé de 250 en 2008 à 243 en 2014 et 237 en 2019.

A l’inverse de l’école, la chute la plus forte touche les écoles les plus favorisées. Elles sont passées de 268 en 2014 à 254 en 2019. Dans les écoles les plus défavorisées on est passé de 218 à 220 !

Cette évolution n’est pas une surprise car on savait avec les résultats de Timms 2015 que le niveau était très faible en France par rapport aux autres pays développés. Les élèves faibles de Cm1 évalués par Timms en 2015 sont maintenant au collège. Par contre Cèdre 2014 avait donné l’image d’une chute enrayée à l’école ce qui n’est pas le cas.

La Depp n’a pas communiqué pour le moment les scores par type d’exercice. Ils aideront à mieux saisir les difficultés.

Comment l’expliquer ?

Peut-on lier le faible niveau à des programmes précis ? Les écoliers évalués ont connu les programmes de 2008 et le début de la mise en place des programmes de 2016. Ils ont ensuite connu les réorientations apportées par JM Blanquer, avec de nouvelles injonctions. Faudrait il à nouveau semer les consignes et les doutes ? Au collège les programmes ont changé en 2015 puis ont été ajustés en 2018. Quand il a présenté les nouveaux programmes du primaire, JM BLanquer a insisté sur le fait que dorénavant les élèves feraient du calcul mental tous les jours. En 2016, N Vallaud Belkacem avait fait exactement la même communication. Et le calcul mental quotidien à l’école est instauré depuis 2002...

Faut-il augmenter le temps d’enseignement en maths ? A l’école , selon Eurydice, c’est en FRance que l’on consacre le plus de temps en maths de tous les pays européens avec 38% du temps d’instruction. Au collège on passe à 16% du temps d’instruction. Mais seulement 5 pays européens consacrent davantage de temps que la France aux maths.

Les médias vont probablement se tourner vers les seuls profs de maths pour désigner les responsables. Ce serait probablement une erreur. Les erreurs en maths sont liées aussi aux difficultés en lecture, comme nous l’indiquait M Fayol en 2016. Par exemple les écoliers ontdu mal à écrire en chiffres un grand nombre. Une des recommandations du Cnesco en 2015 portait sur l’enseignement du langage des maths.

A l’école primaire, il est vrai que la majorité des enseignants ont une faible formation en maths et sciences. Cela n’est pas sans rapport avec le manque d’attractivité du métier. Et l’effort de formation ces dernières années s’est porté sur la lecture davantage que les maths. Au collège c’est en maths que l’on trouve le plus de professeurs contractuels.

L’accent a été mis ces dernières années sur la manipulation en maths.ON a même vendu beaucoup de livres et de magazines sur ce thème en se recommandant de la "méthode de Singapour". Mais la vraie méthode de Singapour c’est que les professeurs bénéficient d’un temps de formation très important chaque année. Et la vraie méthode de Shanghai c’est que les maths sont enseignées par des professeurs de maths (uniquement) dès l’école. Une des recommandations du Cnesco était de donner sa place au passage de la manipulation à l’abstraction. Il faut laisser le temps à la conceptualisation.

On voit bien que ces résultats sont liés à la situation sociale des élèves. Si la part des élèves faibles augmente c’est que les élèves pauvres sont plus nombreux et qu’ils sont encore plus pauvres. Les conditions d’enseignement se sont aussi dégradées en fin d’école comme de collège avec des classes de plus en plus chargées.

Les mauvaises nouvelles vont continuer. Les résultats de Timms 2019 seront connus en novembre 2020. Pourraient ils être encore pire que ceux de 2016 ?

François Jarraud

Etude Depp école

Extrait : [...] Les élèves des écoles les plus favorisées ne sont pas touchés
par la baisse des performances Prendre la mesure de l’évolution des inégalités socio-scolaires dans les différentes disciplines fait partie des finalités du Cedre.
La DEPP a ainsi mis au point un indice de position sociale pour étudier l’évolution
des performances des élèves selon le niveau social des écoles et des collèges. Pour les échantillons de 2008, 2014 et 2019, la moyenne de cet indice a été calculée pour chaque école évaluée. Quatre groupes égaux ont ensuite été constitués, des écoles
accueillant les élèves les moins favorisés (premier quartile) à celles accueillant les élèves les plus favorisés (quatrième quartile).
Les différences de niveaux restent très marquées par l’origine sociale des élèves, le score moyen progressant à mesure que le niveau social augmente : de 207 points pour les élèves des écoles du premier quartile à 257 points pour les élèves des écoles du dernier quartile  figure 3.
La baisse des performances entre 2014 et 2019 ne concerne pas les élèves n’appartenant aux écoles les plus favorisées, le repli de 8 points observé sur la période n’étant pas significatif pour ce groupe.
En revanche, dans les trois premiers quartiles la baisse est importante : respectivement moins 22, moins 16 et moins 21 points. En lien avec la structure sociale des publics accueillis, on observe que la baisse de score constatée entre 2014 et 2019 n’affecte pas les élèves des écoles du secteur privé. En effet, pour ces derniers, le score moyen ne connaît pas d’évolution significative entre les deux temps de mesure (257 points en 2019 contre 260 points en 2014). En revanche, la baisse est importante et significative dans les écoles du secteur public : moins 17 points dans les écoles publiques hors éducation prioritaire (score moyen de 233 en 2019) et moins 26 points dans les écoles publiques relevant de l’éducation prioritaire (score moyen de 202 en 2019) (voir Pour en savoir plus –
figure 2 bis)

Etude Depp collège

Extrait : [...] Forte baisse de performance dans les établissements les plus favorisés
socialement

Prendre la mesure de l’évolution des inégalités socio-scolaires dans les différentes disciplines fait partie des finalités du Cedre. La DEPP a ainsi mis au point un indice de position sociale pour étudier l’évolution des performances des élèves selon le niveau social des écoles et des collèges.
Pour les échantillons de 2008, 2014 et 2019, la moyenne de cet indice a été calculée pour chaque collège évalué. Quatre groupes égaux ont ensuite été
constitués, des collèges accueillant les élèves les moins favorisés (premier quartile) à ceux accueillant les élèves les plus favorisés (quatrième quartile). Les différences de niveaux restent très marquées par l’origine sociale des élèves, le score moyen progressant à mesure que le niveau social augmente  figure 3.

Néanmoins, alors que l’écart de score entre les collèges les moins favorisés et les plus favorisés augmentait de 40 à 50 points de 2008 à 2014, il s’est significativement réduit à 34 points en 2019. Cette réduction est cependant à relativiser, car elle s’explique par une baisse importante (14 points) du score des collèges les plus favorisés, alors que celui des collèges les moins favorisés ne varie pas
significativement, contrairement à 2014.
Par ailleurs l’hétérogénéité, mesurée par la hausse de l’écart-type, augmente dans tous les collèges.

Extrait de cafepedagogique.net du 01.10.20

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