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Interview de Michel Lussault, nouveau directeur de l’IFE, par l’Association des journalistes Education-Recherche (Ajé)
Parle-t-on vraiment-assez- des questions d’éducation dans les médias ?
Je serais tenté de répondre oui, tout le temps… mais en réalité, on n’en parle jamais. Il y a une distorsion : l’éducation apparaît comme un sujet de très important dont les medias se font l’écho avec des marronniers, tels que la rentrée scolaire, le baccalauréat, la violence. Il y a comme cela une sorte d’omniprésence de l’éducation. Mais en réalité, ces marronniers, ou ces réactions à chaud après un fait divers, constituent un leurre, un écran de fumée. Tout le monde à l’impression d’être informé dans un pays où tout le monde croit être un expert de l’’éducation. Il y a en réalité très peu d’analyse, très peu d’enquête de fond, très peu de compréhension du système éducatif.
La presse se contente souvent de stéréotypes, de poncifs. Je suis frappé de constater que très peu de journalistes qui parlent d’éducation dans les grands médias connaissent vraiment le fonctionnement du système. C’est vrai, excepté pour les médias spécialisés. Et à la télévision, c’est pire…
[...] Y-a-t-il des sujets qui vous semblent oubliés, mal traités ?
On ne voit pratiquement rien sur ce qui se passe réellement dans les classes. Curieusement on a un discours médiatique qui occulte la variété des pratiques, la richesse de ce qui est expérimenté. On n’en parle jamais sauf lorsqu’un enseignant reçoit une beigne ou qu’il donne une claque à un élève. Sauf quand il y a un dysfonctionnement. En réalité, les acteurs de l’éducation, qui ne sont pas que des enseignants mais aussi des parents, des associations, des élèves, essaient d’inventer plein de choses qui font évoluer le système. Vu d’en haut, on a l’impression d’un système figé. Quand on va dans les classes, on se rend compte que ce n’est pas du tout le cas.
Extrait de journalistes-education.fr : Education dans les Médias – Michel Lussault : « On ne voit pratiquement rien sur ce qui se passe réellement dans les classes »
Note du QdZ : Le Quotidien des ZEP ne peut que souscrire à cette analyse. Dans le domaine qui est le nôtre, nous avons déjà constaté le désintérêt des médias pour ce qui se passe en classe. C’est l’une des raisons, pas la seule, pour laquelle notre base de données ZEP’Actions ne regroupe que des actions signalées sur des sites Education nationale.
Par contre, les actions partenariales menées en dehors de la classe sont souvent traitées par les rubriques locales de la presse régionale, ce qui explique par exemple qu’on y met souvent en valeur le rôle des coordonnateurs et pratiquement jamais celui des professeurs référents.
Au niveau national, les ZEP sont souvent traitées par la presse sous l’angle privilégié de la violence scolaire. Mais il est d’autres thèmes récurrents et "bateau" comme l’idée que la solution à l’échec scolaire en éducation prioritaire est d’y nommer des enseignants expérimentés.
Relevons cependant que ce marronnier-là n’est pas l’apanage des journalistes et que la liste serait longue des ministres qui l’ont repris dans leurs propositions et engagements, et récemment encore à l’issue de la concertation. Autre annonce gouvernementale rituelle - dont on espère cette fois la mise en pratique : le doublement du nombre d’apprentis.
Voir la définition du "marronnier" journalistique dans Wikipedia