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Journée OZP 2014. Atelier 3 : Du temps pour le travail en équipe et l’évolution du métier

10 juin 2014

17 mai 2014. Journée nationale de l’OZP

Atelier 3. Du temps pour le travail en équipe et l’évolution du métier,

animé par Patrick Gonthier et Stéphane Reina, respectivement IEN et principal à Orly - Choisy-le-Roi (Val-de-Marne)

INTERVENTION DE PATRICK GONTHIER, IEN

« Du temps… »…pour souffler, pour élaborer, pour aller plus loin…Cette demande, dans et hors l’éducation prioritaire, est une constante dans les équipes pédagogiques qui supplante des revendications matérielles. Les équipes savent que le travail commun ne se décrète pas, qu’il ne s’improvise et qu’il faut réunir des conditions pour le rendre possible. Il faut qu’il prenne appui sur du temps intégré dans le service pour élaborer, concerter, évaluer. Les 108 heures, avec leur découpage, ont défini des temps réservés, entre autres, aux diverses échanges nécessaires à la vie de l’école.

1 - Hier et aujourd’hui
Dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire, des heures ont été prises sur le forfait de 24 heures pour conduire des actions communes entre les écoles et le collège. Ces temps, en ce qui concerne le REP + Desnos, prennent leur cohérence dans le projet et s’inscrivent dans le prolongement des trois axes du réseau : • Réussite • Climat scolaire • Dynamique du réseau
Ces temps se répartissent en deux volets distincts :
- un temps de concertation écoles-collège (pour un travail communx entre professeurs)
- trois demi-journées thématiques réparties dans l’année (accueil des nouveaux personnels ; articulation PPRE et PPRE Passerelle ; travail commun sur une ou des disciplines).
Le bilan de l’utilisation de ces temps sur la période 2012-2013 fait apparaître un besoin et une insatisfaction. Tout d’abord, un besoin réel, éprouvé, manifeste de concertation entre enseignants des écoles et du collège pour trouver des réponses sur la continuité et construire des outils communs, développer une culture pédagogique commune, pour mieux et davantage connaître les besoins et les attentes des différents niveaux. L’insatisfaction est liée à ce besoin et à la nécessité d’aller au-delà des 24 heures disponibles. Des aménagements, comme une formation d’enseignants de CM2 dans le collège durant deux semaines ont permis en partie de pallier cette insatisfaction.

2 - Demain
Les décisions annoncées le 16 janvier 2014 par le ministre Vincent Peillon ont répondu aux attentes énoncées lors des concertations préparatoires aux assises académiques de l’éducation prioritaire.
Parmi celles-ci, il faut retenir, dans l’axe 2 : « Du temps pour travailler autrement » le préambule qui mérite d’être cité : « Pour permettre la mise en place d’organisations pédagogiques adaptées qui rompt avec la logique « un enseignant, une classe », le travail en équipe est en éducation prioritaire plus encore qu’ailleurs, indispensable. Ce temps doit être organisé et institué ».
Dans le premier degré, il est écrit (il faut lire avec attention ce passage) : « …pour favoriser le travail collectif et la formation continue des enseignants du premier degré, 9 jours par an seront mobilisés ». il s’agit donc, selon ce passage, d’un travail collectif interne dans les écoles et d’un temps de formation continue pour les professeurs. On peut décomposer ce temps en deux parties : 6 heures pour les équipes et 3 heures pour la FC.
Entre le 16 janvier (annonces du ministre), le 12 février (demi-journée du réseau) et le 14 février (réunion REP+ avec la rectrice), des interrogations se sont exprimées, des réponses partielles ont été élaborées. Fallait-il penser les 6 jours en partie communs avec le collège ? Que fallait-il entendre par «  pour garantir la continuité éducative, les remplacements seront assurés par les enseignants affectés dans chaque réseau à cet effet » ? Y aurait-il un moyen affecté par groupe scolaire sachant que 76 enseignants sont affectés sur les classes du réseau ?
En effet, du côté des équipes pédagogiques, les attentes liées à l’entrée dans le nouveau réseau REP+ étaient fortes. Entrée, car il s’agit bien à la fois d’une confirmation et d’un nouveau départ, d’une reconfiguration à défaut d’être une refondation. Cette entrée résonnait comme une double reconnaissance : celle du travail réalisé par les équipes et celle des difficultés d’exercice. Les équipes attendaient beaucoup, sans doute trop et de manière confuse ; elle ont ensuite regardé avec plus d’attention et de recul ce qui allait devenir leur nouveau cadre de travail avec en particulier le développement des pôles des "moins de trois ans", la création de postes « plus de maîtres… », la création de postes comme l’affection de quatre ZIL et d’un conseiller pédagogique.

Revenons donc sur les 9 jours et laissons un temps de côté les 3 jours consacrés à la FC. Sur les 6 jours, l’équipe de circonscription a proposé un dispositif qui est en cours de concertations avec les équipes des quatre groupes scolaires. Il faut, à la fois, par école, dégager 6 jours dans l’année et mettre à disposition des huit écoles des moyens de remplacement. Un document préparatoire a été communiqué aux écoles. Certaines équipes devront, en raison de leur taille, se concerter en deux groupes distincts. Les dates ont été ventilées sur un calendrier annuel. Les directrices et les directeurs doivent désormais, avec leurs équipes, travailler sur le projet pédagogique d’utilisation de ces heures mobilisées, projet qui pourrait reprendre lui-même les axes du projet du réseau.

Une formatrice du premier degré (il s’agit de la coordonnatrice du réseau) fait désormais partie des 90 formateurs qui auront en charge le suivi et la formation des personnels. Il ne s’agit donc pas, pour cette tâche, d’un moyen supplémentaire mais d’une mission nouvelle s’ajoutant à celles que conduisait déjà la coordonnatrice. La nomination d’un troisième conseiller pédagogique, à la rentrée prochaine, permettra de donner à la FC comme au suivi des besoins des équipes une nouvelle dimension.
Reste posée, entière, la question du travail en commun des enseignants des écoles et des collèges. Celui-ci, sous la forme de mercredis après-midis (dans le cadre des 24 heures), pourrait se dérouler trois à quatre fois annuellement (heures à prélever dans le volet « Elaboration d’actions visant à améliorer la continuité pédagogique »). Il faudra veiller, en 2014-2015, à trouver constamment un équilibre entre le mercredi matin travaillé (passage aux nouveaux rythmes), certains mercredis après-midis travaillés (concertation ou animation pédagogique) et des samedis matins qui pourraient être travaillés (animation pédagogique par exemple).

Deux problèmes peuvent être anticipés :
1. Celui d’une « saturation » des réunions car il faut aussi ajouter aux diverses réunions des équipes, les conseils école-collège avec leurs commissions, les réunions pour les PPRE….Il faudra donc travailler avec les équipes sur la question du temps, définir et évaluer les projets, éviter le formalisme.
2. Celui d’une « déliaison » entre écoles et collège qui ne seraient plus absorbés par des préoccupations communes mais pourraient l’être par des logiques internes aux dépens des convergences à renforcer.
Il s’agit pourtant bien de renforcer, de poursuivre et de renforcer une dynamique collective déjà établie, forte d’une histoire mais aussi de pratiques professionnelles qui ont trouvé des terrains communs ; il s’agit de montrer que « l’entrée » dans le REP+ doit stabiliser les équipes, définir des perspectives à moyen terme, favoriser la construction d’outils communs et partagés pour la réussite des élèves.

 

INTERVENTION DE STEPHANE REINA, PRINCIPAL

Historique
Le collège Desnos est en Éducation prioritaire depuis 1981. Il a été labellisé RAR en 2005, Éclair en 2011 et sera REP+ à la rentrée 2014. Ce réseau, alimenté par trois groupes scolaires dont 5 écoles élémentaires rassemble un peu moins de 2000 élèves.
On comptabilise 63% de logements sociaux sur la commune d’Orly qui est un des taux les plus élevés du Val-de-Marne.
En 2005, lors de l’entrée en RAR, c’est le collège qui fait le plus de résistance. Progressivement, les personnels vont apprendre à travailler ensemble.
En 2010, la direction du collège doit préparer l’intégration dans le programme Éclair tout en capitalisant les avancées obtenues dans le cadre du RAR. Un contrat Éclair, pour la période 2011-2015 est élaboré collectivement grâce au temps de concertation dégagé par l’équipe de pilotage (principal, IEN, IA IPR et coordonnatrice) pour une meilleure appropriation du contrat par l’ensemble des membres du réseau.
Ces modalités de concertation se sont inscrites progressivement dans le quotidien du réseau grâce à l’attribution de labels successifs et aux habitudes de travail acquises par les professeurs. Le rôle d’accompagnement des corps d’inspection a été décisif pour faire avancer les équipes vers un travail plus collectif.

Vers le REP +
Le temps institutionnel attribué pour travailler ensemble et le temps de formation dégagé pour les équipes éducatives caractérisent l’avancée majeure qu’est la mise en place des REP+. Cette mesure sera placée comme un comme un temps institutionnel de concertation.

Quels avantages ?
Cela va permettre de :
• disposer de temps pour échanger et construire des réponses pédagogiques adaptées aux difficultés scolaires et comportementales du public accueilli ;
• préfigurer l’évolution du métier d’enseignant dans « tous les établissements » qui ne se résume plus au « face à face » pédagogique ;
• renforcer de manière significative le travail en équipe disciplinaire et équipe de classes (y compris avec la vie scolaire), casser la « solitude » du professeur ;
• construire une culture professionnelle « inter-degrés » pour enseigner en Éducation prioritaire.

Quels freins ?
• Difficulté pour faire coïncider les temps du 1er et du 2nd degré. Si cela existe depuis longtemps, il faut prendre en compte la modification des rythmes scolaires dans le premier degré et la confusion des différents temps (concertation/formation ; temps scolaire/hors scolaire).
• Capacité à accompagner au mieux les personnels pour donner un contenu pertinent et cohérent à cette concertation.
• Les moyens attribués ne correspondent pas aux annonces ministérielles.

À partir de ces difficultés énoncées, les objectifs de l’équipe de pilotage vont être de :
• s’appuyer sur l’expérience acquise les années précédentes sans la remettre en cause tout en tenant compte du cahier des charges REP+ ;
• utiliser au maximum ce temps dégagé comme un temps de concertation inter-degrés ;
• placer ces temps dans l’emploi du temps des personnels comme une obligation de service pour s’assurer de la réalité et de l’efficacité du dispositif.

Quelques pistes d’organisation
• 1h30 sans cours dans l’emploi du temps de tous les professeurs.
• Participation des professeurs des écoles CM1/CM2 dans un cadre encore indéfini (soit 6 fois 2h après la classe soit 3 mercredis après-midis).
Ces réflexions s’appuient sur le travail construit collectivement ces dernières années.

Quelques contenus possibles
• Mise en commun des pratiques pédagogiques.
• Préparation sujets DNB Blancs et devoirs communs
• Mise en place de progressions communes sur chaque niveau.
• Travail autour des modalités d’évaluation.
• Travail autour de l’évaluation par compétences.
• Travail autour de la « Tâche complexe ».
• Organisation des révisions de DNB.
• Recherche d’une plus grande homogénéité dans la manière de dispenser les cours dans une même discipline.
• Co-construction de documents communs CM2/6ème dans plusieurs disciplines.
• Élaboration de progressions communes avec les PE entre CM1-CM2-6ème-5ème.
• Rencontre de parents sur cette plage horaire, réunions des équipes pédagogiques de classes, remise des bulletins anticipée dès 16h.

Autres pistes envisagées
• Faire appel à des intervenants extérieurs (chercheurs, IPR,...) et aux partenaires de la communauté éducative de la ville (Clubs de prévention, PRE, …) ;
• Intégrer les directeurs des écoles dans l’équipe de pilotage sur des axes de travail pédagogiques.
• Redéfinir les rôles et missions des personnels (coordonnateur REP, Professeurs référents, formateur REP+) dans la perspective d’un accompagnement des équipes pédagogiques.
• Concevoir le fonctionnement et l’articulation du co-pilotage REP+ et du conseil écoles/collège.

Les métiers en Éducation prioritaire
Cette refondation amène à les faire évoluer significativement.
• Enseignant
Introduire la dimension collective indispensable à une meilleure efficacité pédagogique en Éducation prioritaire.
S’appuyer sur la logique des compétences pour aller progressivement vers la transdisciplinarité.
Travailler sur la communication et la relation aux familles, partenaires essentiels parfois difficiles à mobiliser.

• Pilotage
S’appuyer sur la logique de réseau pour développer un pilotage efficace entre le l’IEN, l’IPR et le principal.
Articuler le pilotage départemental avec un pilotage académique et national cohérent
Faire évoluer les pratiques pédagogiques par l’intermédiaire de l’IPR référent.

• Professeurs référents, préfets des études, coordonnateurs de niveaux
S’appuyer sur l’expérience de ces acteurs pour définir des fonctions intermédiaires entre l’équipe de pilotage et les autres personnels.

• Formateurs REP+
Cette fonction qui doit se mettre en place dès la rentrée n’est pas définie clairement. Quelques pistes possibles :
Accompagner les équipes éducatives des écoles et du collège dans la prise en compte des priorités du référentiel et leur mise en œuvre.
Participer au co-pilotage du réseau.
Intervenir lors de journées de formation.
Travailler avec les équipes éducatives.
Mettre de la cohérence entre leurs actions avec celles des professeurs référents.

Compte rendu rédigé par Brigitte d’Agostini

Note  : Les débats de l’atelier, questionnements et propositions, ont été intégrés dans le compte rendu des deux interventions, auxquels il faut ajouter une discussion sur l’organisation, obligatoire ou non, des temps libérés dans le second degré.

Ce compte rendu clôt les Actes de la Journée nationale 2014 de l’OZP.
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