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Un rapport de l’Assemblée nationale (Y. Durand, PS, et R. Salles, UDI) remet en cause l’objectif de mixité sociale à l’école et propose d’associer le privé et de "sortir de la logique de zone de l’éducation prioritaire"

3 décembre 2015

Additifs du 03.12. 15

La présentation du rapport sur le site de Rudy Salles

[...] Même si elle mérite d’être ajustée en fermant les établissements ghettos et en expérimentant de nouvelles modalités d’affectation des élèves, la carte scolaire n’est pas un outil efficace de mixité sociale. L’essentiel de la réponse à la ségrégation se situe ailleurs, dans la réforme des pratiques pédagogiques et la révision du modèle d’allocation des moyens. À cette fin, les rapporteurs font des propositions autour de quatre axes :
– mobiliser davantage les équipes pédagogiques, en mettant fin aux pratiques de séparatisme scolaire et en augmentant la participation de l’enseignement privé à la promotion de la mixité ;
– évaluer les établissements au lieu des enseignants, en tenant compte de l’ensemble des paramètres de réussite et de climat scolaire ;
– centrer l’allocation des moyens sur les besoins des élèves, en affectant les enseignants sur des postes à profil et en calculant les dotations globales horaires des établissements en fonction des résultats des élèves et du niveau de diplôme de leurs parents ;
– mieux réguler l’offre éducative d’excellence, en favorisant son implantation dans les établissements évités et en conditionnant son maintien au respect de la mixité scolaire.

Extrait de ruysalles.fr du 02.12.2015 : Mixité sociale

 

[...] Autre ségrégation pointée dans le rapport, budgétaire cette fois. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’Education nationale ne donne pas plus de moyens aux élèves qui ont les besoins les plus importants, affirment-ils. Seulement 1,8 % de budget de l’Education est donné en plus à l’éducation prioritaire, soit moitié moins que ce qui est recommandé par l’OCDE », l’Organisation de coopération et de développement économiques.

[...] Il faudrait contraindre les chefs d’établissement à constituer des classes hétérogènes, lesquelles « sont un facteur de réussite de tous les élèves », dit le député. Et « développer la culture de l’hétérogénéité dans les établissements, ce qui suppose que les équipes enseignantes changent leur façon de travailler ». A commencer par être plus présentes dans les établissements.

Extrait de liberation.fr du 02.12.15 : « La mixité sociale ne peut pas être l’alpha et l’oméga de la politique scolaire »

 

Des classes plus hétérogènes, la prise en compte du niveau de diplôme des parents ou encore inclure davantage l’enseignement privé... Face à un constat de forte ségrégation sociale à l’école - 10% des établissements "ghettoïsés", souvent des collèges - les députés Yves Durand (PS) et Rudy Salles (UDI) s’inspirent, entre autres, du modèle néerlandais. Ils co-signent un rapport présenté au comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée nationale ce mardi.

"L’école fait peu de cas de la mixité sociale", note en préambule Y. Durand, pour qui la "mixité sociale n’est pas une fin en soi, c’est un outil" afin de favoriser la réussite scolaire de tous. Si les statistiques ne sont pas vraiment accessibles concernant le primaire, il est clair que le collège souffre d’une ghettoïsation "par le bas" et "par le haut" (5% des établissements scolaires accueillent 65% des élèves les plus favorisés). Or, face à ce constat, "l’Education nationale ne donne pas beaucoup plus de moyens aux élèves qui ont les besoins les plus importants", relève le député. Pourtant, la ségrégation renforce les difficultés des élèves déjà défavorisés.

Pour lutter contre cela, les deux rapporteurs préconisent en premier lieu des classes hétérogènes, où les plus faibles peuvent progresser grâce à un tutorat de leurs pairs. "C’est un facteur de réussite de tous les élèves", y compris les meilleurs, souligne le député socialiste. Cela implique peut-être - les députés ont émis l’idée avec beaucoup de prudence - que "le temps de présence des enseignants" dans les établissements soit plus important. "C’est déjà le cas, pour certains", précise R. Salles. "Une équipe pédagogique forte et soudée, un chef d’établissement qui est une sorte de manager et des turn over" du personnel peu fréquents sont pour lui à l’origine de la réussite des classes hétérogènes qu’ils ont observées en France et aux Pays-Bas.

Associer le privé, réviser la carte scolaire
Autre proposition des députés : encourager les établissements privés, souvent en concurrence avec le public dans le choix des parents à promouvoir la mixité sociale. Les collèges privés qui jouent le jeu pourraient recevoir un "bonus mixité" de la part du rectorat. Selon Rudy Salles, "il faut avoir le courage de fermer" les établissements publics de ségrégation. L’idéal serait d’avoir une évaluation des collèges (sur des critères d’ambiance, de problèmes de sécurité, l’encadrement des élèves...) afin "que les établissements ne soient pas victimes de réputation infondée", propose son collègue.

Les deux députés plaident aussi pour un assouplissement de la carte scolaire, comme le préconise déjà la ministre. Ils voudraient redécouper les secteurs selon des logiques différentes, en prenant en compte les lignes de transport dans les grandes villes par exemple et des critères de "mixité scolaire" : niveau de diplôme des parents et résultats des élèves. Car si le niveau social de l’enfant influe beaucoup, il ne fait pas tout. Des collégiens dont les parents ont un diplôme, quand bien même ils ne viennent pas de classes sociales favorisées, ont plus de chances de réussir que ceux dont les parents n’ont pas de diplôme.

Il faut surtout "mettre beaucoup plus le paquet sur l’éducation prioritaire", et "sortir de la logique de zonage de l’éducation prioritaire", estime Y. Durand, qui prend l’exemple des Pays-Bas où les écoles défavorisées reçoivent le double de moyens. Et maintenir les classes bilangues, supprimées par la ministre. "Parfois, elles permettent le maintien d’une mixité sociale dans certains établissements", avance, prudent, le député socialiste.

Le rapport sera bientôt disponible ici

Extrait de touteduc.fr du 01.12.15 : Les députés veulent plus de mixité sociale à l’école et s’interrogent sur les classes bilangues

 

"On a mis dans la loi d’orientation de l’école un objectif de mixité sociale. Mais ce n’est pas un objectif prioritaire de l’école". Deux ans seulement après avoir été le rapporteur de la loi d’orientation, le député Yves Durand (PS) lui porte un coup le 1er décembre en présentant un rapport sur la mixité sociale à l’école réalisé pour le Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques. Il met au second plan cet objectif et propose d’ouvrir de nouvelles écoles privées, sur fonds publics, dans les quartiers.

[...] La mixité sociale secondaire
"L’école fait peu de cas de la mixité sociale" estiment les rapporteurs. Mais c’est finalement leur position également. "Ce n’est pas l’objectif prioritaire de l’école", explique Yves Durand. "L’école n’a pas à créer de la mixité sociale quand autour de l’école elle est rejetée". Le rapport explique "qu’il est difficile de définir la mixité sociale" et qu’elle "ne peut être l’alpha et l’omega de la politique scolaire". La carte scolaire est vivement critiquée par les rapporteurs au motif qu’elle est inéquitable car "elle assigne les plus démunis dans les ghettos scolaires". "L’école n’a pas vocation à réparer les fractures que la société ne parvient pas à résorber", estime-t-il

[...] Le rapport invite à lutter contre les classes Maif et à "obliger les chefs d’établissement à constituer des classes de manière hétérogène". Il demande aussi un soutien financier pour ouvrir des établissements privés sous contrat dans les quartiers populaires.

Maintenir les bilangues
Le rapport met l’accent sur l’amélioration de l’offre éducative sur tout le territoire. Ils citent le cas des Pays-Bas où il y a une forte ségrégation ethnique entre collèges mais où l’établissement défavorisé reçoit le double de moyens . En France selon le rapport la différence pèserait 1.8% du budget. Il invite aussi au maintien des dispositifs d’excellence dans les collèges populaires comme les classes bilingues. Il s’agit de centrer l’allocation des moyens sur les besoins des élèves.

Le coup de grâce
Dans le débat qui a suivi le discours des rapporteurs, les députés de l’opposition ont entamé la déqualification des termes mêmes du débat. "Le concept de mixité sociale ne fait pas l’unanimité", explique Patrick Hetzel. Il recommande de généraliser les classes de niveau. Pour Annie Génevard, députée Républicains, la ségrégation scolaire est "un épiphénomène urbain". Elle demande des fonds publics pour les écoles hors contrat. Frédéric Reiss (député républicains) estime qu’il y a "des inégalités scolaires d’origine migratoire". Enfin I Le Callennec remet en question la notion de "défavorisé."

Sur le rapport (vidéo)

Extrait de cafepedagogique.net du 02.12.15 : Mixité sociale à l’Ecole : Détricotage à l’Assemblée

 

Voir aussi Interview de Pierre Merle : "le label Education prioritaire favorise la ségrégation et les inégalités". La réponse du Quotidien des ZEP

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