> VI- PÉDAGOGIE (Généralités, Disciplines, Actions locales) > DISCIPLINES (Généralités) > Langue écrite et Lettres (Généralités) > Langue écrite et lettres (Rapports officiels) > L’enquête internationale PIRLS 2016 sur le niveau en lecture en primaire (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

L’enquête internationale PIRLS 2016 sur le niveau en lecture en primaire marque un nouveau déclasssement de la France (Café, ToutEduc, VousNousIls). La réaction du ministre

6 décembre 2017

Lecture : Le niveau baisse encore
Les résultats de PIRLS 2016 viennent de tomber et ils sont sans appel. La France se situe en bas du classement européen en lecture tout comme elle l’est en maths. Le niveau moyen des élèves de CM1 a reculé depuis PIRLS 2011 et même depuis PIRLS 2001. Ces résultats interrogent la façon dont l’Ecole est gérée . Mais aussi plus globalement la place du livre dans la société et les inégalités sociales.

Une nette baisse depuis 2000
C’est une très mauvaise nouvelle pour l’Ecole. Selon les résultats de PIRLS, une enquête internationale qui évalue le niveau en lecture des élèves de 9-10 ans (CM1), la France se situe au dessus de la moyenne des 50 pays participant (500) mais à la 34ème et dernière place en Europe. Avec un indice de 511points nous sommes en dessous de la moyenne européenne (544) et loin de la Russie (581) , de Hong Kong, de la Finlande qui prennent les meilleures places.

Surtout nous reculons. La France avait fait un score de 525 points en 2001, puis de 520 en 2011. La baisse est sensible depuis le début du siècle et elle s’accélère.

La fuite par le bas
La baisse résulte de l’augmentation des élèves très faibles qui a aussi été reconnue par les enquêtes Cedre du ministère. Cèdre montrait déjà qu’en fin de Cm2 40% des élèves n’atteignent pas les objectifs attendus en lecture. La chute ne porte pas sur le décodage mais sur la compréhension. Les jeunes français savent prélever des informations dans un texte mais ne savent pas en tirer des inférences pour comprendre les textes. Ils ont du mal à argumenter et à s’exprimer.

Des facteurs scolaires
Comment expliquer cette baisse ? Ces élèves de Cm1 de 2016 ont fait leur scolarité avec les programmes de 2008 en maternelle et à l’école. Les nouveaux programmes ne sont entrés en application qu’en 2015 en maternelle et en 2016 à l’école.

Les élèves ne manquent pas d’heures de cours en lecture et en français en général. L’école primaire français est la championne européenne en ce qui concerne le temps dévolu à la lecture.

PIRLS met en évidence d’autres facteurs. Par exemple le faible niveau de formation des enseignants français en lecture du fait de la grande faiblesse de la formation continue. Les professeurs français sont deux fois moins nombreux à avoir suivi une formation récente que leurs collègues européens.

La taille des classes est aussi un élément à souligner, la France compte des classes nettement plus chargées que les autres systèmes d’enseignement.

... et non scolaires
Mais le faible niveau en lecture est surtout corrélé à la situation sociale. Ainsi les écoles privées ont de meilleurs résultats que les publiques [...]
Le système éducatif fuit par le bas. C’est vrai pour l’école et aussi pour le collège (d’après PISA). C’est en éducation prioritaire que l’on trouve le plus de professeurs contractuels et de nouveaux enseignants, que les problèmes de remplacement et d’AVS sont les plus criants. C’est là aussi où se ressentent le plus le développement de la misère. La France compte près de 3 millions d’enfants pauvres.

La réponse à apporter est sans doute dans la formation continue des enseignants. Mais elle est aussi dans une refonte du système éducatif. Il est grand temps de mettre des moyens dans les écoles des quartiers. Mais aussi dans l’encadrement social, médical et économique des familles des quartiers. Ce que nous renvoie PIRLS ce n’est pas qu’un problème scolaire.
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 05.12.17 : Lecture : Le niveau baisse encore

L’étude (en anglais)

 

ToutEduc
PIRLS : l’occasion pour Jean-Michel Blanquer d’un discours offensif et d’un appel à la mobilisation
Des résultats "très insatisfaisants", "préoccupants", "qui ne sont pas dignes de notre pays", auxquels "on ne peut se résoudre". Jean-Michel Blanquer a ouvert, ce 5 décembre, sa conférence de presse de présentation des résultats de PIRLS [Programme international de recherche en lecture scolaire] avec le visage grave et des mots très forts. Le ministre de l’Education nationale évoque le score moyen des élèves français de CM1, 511 points, contre 540 pour la moyenne des 24 pays européens qui ont participé à l’enquête, et souligne une baisse continue du niveau depuis 2001 (525 points), particulièrement nette entre 2011 (520 points) et 2016, alors que d’autres pays voient leur score s’améliorer.

Ce résultat "conforte" les stratégies mises en oeuvre pour apporter "une réponse structurelle", de long terme, à "la maîtrise insuffisante des fondamentaux", poursuit le ministre. Il rappelle la mise en place du dédoublement des CP, 2 200 classes cette année, une mesure dont les "premiers échos sont positifs", elle concernera l’an prochain 3 500 classes de REP, et la réforme "sera engagée pour les CE1" qui devraient être tous dédoublés (REP et REP+) à la rentrée 2019, soit 340 000 élèves concernés.

Mais ces mesures quantitatives doivent s’accompagner d’un "volontarisme pédagogique", et il revient au ministère d’ "indiquer un cap". Jean-Michel Blanquer n’entend pas remettre en cause la "liberté pédagogique", puisqu’il veut encourager l’innovation, et qu’il invite les enseignants à user de leurs "marges de liberté", mais celle-ci n’est pas "l’anarchisme pédagogique", elle doit être "éclairée", s’inscrire "dans le cadre des lumières que nous apporte la science". C’est d’ailleurs la raison d’être du Conseil scientifique qu’il constitue, présidé par Stanislas Dehaene, mais qui réunira "des spécialistes de toutes les disciplines", car les "sciences cognitives ne sont pas l’alpha et l’oméga de la science", même si on ne peut les ignorer. Il cite parmi les autres disciplines la psychologie, la sociologie, l’économie [mais pas les sciences de l’éducation, ndlr] et, plus avant dans son discours, les noms d’Alain Bentolila et de Roland Goigoux. Il compte s’appuyer également sur "les instances existantes", le CNESCO dont il salue le travail mené sous la présidence de Nathalie Mons, et le CSP appelé à "une nouvelle étape". Le Conseil supérieur des programmes devra en effet procéder à leur "clarification", à des "ajustements" et donner des "repères annuels" qui sont "très utiles", même si le ministre se dit "très attaché à la cohérence des cycles".

Il souligne de plus l’importance des évaluations qui sont "indispensables", il y aura d’ailleurs deux évaluations en CP et une en début de CE1, elles participent d’une "culture de l’évaluation" qui est aussi "aide et soutien". Pour lui d’ailleurs, les enfants comme les adultes aiment les évaluations, il cite les jeux vidéos qui attribuent des points, et cette évaluation peut ne pas être punitive ou anxiogènes mais constituer bien au contraire "un levier de progrès", il cite "le contrat de confiance" proposé par André Antibi.

Pour améliorer le niveau en lecture, il faut que les élèves aient davantage de vocabulaire, et la maternelle doit être "une école du langage", le ministre annonce "une grande conférence" sur ce niveau d’enseignement au mois de mars. S’agissant du CP et de l’école élémentaire, il récuse l’opposition "entre décodage et compréhension" puisque la fluidité de la lecture figure, avec l’étendue du vocabulaire, parmi les conditions de la compréhension. Jean-Michel Blanquer évoque des initiatives comme "Lire et faire lire" ou "Silence on lit" (voir ToutEduc ici), mais compte s’appuyer sur "les dernières recherches", dont les principaux résultats seront présentés dans un "vademecun" début 2018. Seront notamment publiées des "recommandations" pour aider les enseignants à choisir leur manuel de lecture. Il n’est pas normal que certains CP n’en aient pas, et "tous les manuels ne se valent pas". Là encore, le ministre n’entend pas s’opposer à la liberté des éditeurs, il est normal qu’il y ait "plusieurs méthodes et plusieurs manuels", mais il refuse "l’anarchie", et cite à cet égard l’étude de Jérôme Deauvieau sur l’efficacité des manuels

L’école élémentaire doit également voir renforcer l’enseignement de la grammaire et de l’orthographe. Les enseignants recevront à ce sujet "des instructions très précises" sur la "grammaire de phrase" et sur "la dictée quotidienne qui doit devenir un réalité". Dans l’immédiat, les enseignants doivent utiliser leurs heures d’APC (activités pédagogiques complémentaires) pour le soutien à la lecture des élèves les plus fragiles. Au collège, deux heures d’accompagnement personnalisé doivent y être consacrées. Le ministre se défend d’ailleurs d’encourager le redoublement, qui n’est "pas souhaitable" même si c’est "un outil". Pour le prévenir, les enseignants de l’école et du collège doivent mettre en place avec les élèves en difficulté des "contrats de réussite" et des stages d’été doivent permettre de revenir sur un redoublement décidé à la fin de l’année scolaire.

Mais doit également être transmis "l’amour de la lecture", "le plaisir de la littérature". S’il se refuse à opposer littérature patrimoniale et littérature contemporaine, il cite les Fables de La Fontaine, Les trois mousquetaires, Le Chevalier au lion, les Fourberies de Scapin. Il rappelle la mission confiée à Erik Orsenna sur les bibliothèques municipales et indique qu’une mission a été confiée à l’inspection générale sur les bibliothèques scolaires pour améliorer la circulation des livres. Il faut que de plus en plus de livres aillent de l’établissement au domicile.

En ce qui concerne la formation continue des enseignants du 1er degré, il considère que sur les 18h annuelles prévues, 9 doivent porter sur l’enseignement de la lecture. Sur leur formation initiale, le ministre s’inquiète des inégalités selon les ESPE, ne serait-ce qu’en termes de nombre d’heures consacrées à cet enseignement. Il plaide pour une "égalité dans tout le pays", malgré l’autonomie des universités.

Et, comme il l’avait fait à l’Académie française, le ministre lance "un appel à la mobilisation de la société française autour de son école", "au respect de l’institution scolaire" et donc des enseignants auxquels il apporte son "soutien inébranlable".

PIRLS : l’occasion pour Jean-Michel Blanquer d’un discours offensif et d’un appel à la mobilisation
Extrait de touteduc.fr du 05.12.17 : PIRLS : l’occasion pour Jean-Michel Blanquer d’un discours offensif et d’un appel à la mobilisation

 

VousNousIls

PIRLS 2016 : le niveau des écoliers en lecture continue de baisser

Primaire
Les élèves français de CM1 sont sous la moyenne internationale en compréhension de lecture. Jean-Michel Blanquer a réagi en instaurant une dictée quotidienne en primaire.

Le niveau des écoliers français continue de baisser en lecture, selon l’étude internationale PIRLS (Programme international de recherche en lecture scolaire), qui compare, depuis 2001, les systèmes éducatifs de 50 pays. La France tombe à la 34e place d’un classement de 50 pays, en compréhension de lecture, et est le seul pays européen à régresser en 15 ans, avec les Pays-Bas. Avec 511 points, elle se situe juste au dessus de la moyenne (500), mais se situe derrière le l’Espagne (528), l’Allemagne (537), l’Italie (548), ou encore l’Angleterre.

PIRLS mesure, tout les 5 ans, les capacités à comprendre et à utiliser le langage écrit. Selon l’étude, les élèves français enregistrent de bons résultats dans le domaine du « prélévement des informations explicites » et des « inférences directes », avec 9 points au dessus de la moyenne… mais ils sont 10 points en dessous quand il s’agit d’interpréter ce qu’ils ont lu.

-14 points en 15 ans
En 2011, lors de la précédente étude PIRLS, les écoliers français de CM1 montraient déjà de faibles performances en lecture. Avec un score de 520 points, la France se situait au delà de la moyenne internationale (500 points), mais en deçà de la moyenne européenne (534 points).

Toutefois, comparées aux résultats de PIRLS 2001 et 2006 (les scores de la France étaient de 525 et 522), les performances globales restaient « relativement stables », selon la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance de l’Education nationale). D’où l’impression d’une véritable chute des résultats à la lecture de PIRLS 2016 – la France ayant perdu 14 points en 15 ans.
élève lisant un livre

Une « mobilisation » pour la lecture et une dictée quotidienne

Au sommet du classement de PIRLS 2016, on retrouve la Russie (581 points) et Singapour (576), où un élève sur quatre atteint le niveau « avancé » (le plus élevé de l’étude) en compréhension de lecture. En France, seul un élève sur 25 atteint cette catégorie.

En réaction à la diffusion des résultats de PIRLS, Jean-Michel Blanquer a tenu une conférence de presse ce midi. Il a réaffirmé son « plan » pour redresser la barre face à ces résultats qu’il juge « très insatisfaisants » et « préoccupants » : le ministre de l’Education nationale souhaite ainsi dédoubler les classes de CP et de CE1, d’abord en REP et REP+, puis dans toutes les écoles publiques ; développer la méthode syllabique ; mettre en place des évaluations en CP et en CE1 ; et travailler avec le ministère de la culture pour » susciter l’envie de lire chez les enfants », notamment en proposant des livres, chaque année, aux élèves.

De nouvelles mesures sont à noter. D’abord, les élèves auront désormais une dictée par jour en primaire, afin d’assurer un « enseignement systématique et rigoureux de la grammaire et du vocabulaire pour une orthographe solide ». Au collège, ensuite, les 6e ayant eu des résultats « insuffisants » lors des évaluations de novembre, suivront deux heures hebdomadaires d’accompagnement personnalisé, dédiées à la compréhension de l’écrit.

Enfin, pour que la maternelle soit « une école du langage », Jean-Michel Blanquer annonce la tenue d’une « grande conférence » sur le sujet en mars 2018.

Extrait de vousnousils.fr du 05.12.17 : PIRLS 2016 : le niveau des écoliers en lecture continue de baisser

Répondre à cet article