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Politique de la Ville : les « Ateliers Santé Ville » menacés

21 juillet 2007

Communiqué de presse de l’association « Elus, santé et Territoires » du 13.07.07 : Menace sur les Ateliers Santé Ville

Lors de la réunion interministérielle du 11 juillet à laquelle a notamment participé le ministère de la ville et du logement, il aurait été décidé de supprimer les Ateliers Santé Ville et de réorienter les crédits ainsi dégagés vers la création de maisons médicales regroupant des professionnels libéraux.

L’association nationale des villes pour le développement de la santé publique « Elus, Santé Publique & Territoires », qui regroupe des élus de communes et de leurs groupements désireux de développer des programmes de santé publique ancrés dans leurs territoires et conduits dans un cadre concerté et contractuel avec l’Etat, s’élève vigoureusement contre une telle décision si elle devait être confirmée.

 1- L’ASV constitue en effet un outil et une méthode de connaissance précise des besoins spécifiques et des ressources propres du territoire, de mobilisation et de coordination des acteurs de la santé et de la population. Il est particulièrement intéressant car inscrit dans un cadre contractuel avec l’Etat donnant ainsi légitimité aux villes pour s’engager dans le champ de la santé publique.

 2- De nombreuses villes se sont emparées de ce dispositif, innovant et peu coûteux, en raison de son intérêt et de son efficacité pour initier une véritable démarche de santé publique dans un objectif de réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. D’autres continuent à y travailler, en collaboration étroite avec les services déconcentrés de l’Etat. Elles s’appuient également sur des travaux de plus en plus nombreux de chercheurs et universitaires. La presse spécialisée (la Gazette des communes, la Gazette Santé Social et le Courrier des maires) a en outre souligné récemment le rôle croissant et légitime des villes en matière de santé publique.

 3- La démarche ASV contribue fortement à la mise en œuvre des PRSP par les collectivités locales, invite leurs élus à participer activement aux travaux des GRSP et favorise ainsi le déploiement d’une véritable politique de santé publique.

 4- Une telle proposition de réorientation des crédits « santé » de la politique de la Ville témoigne de la confusion persistante entre Santé publique et offre de soins : l’inégale répartition des professionnels libéraux du soin est certes une réalité préoccupante, avant tout liée à la démographie médicale et aux nouvelles exigences d’exercice des professionnels. Favoriser leur maintien sur les territoires sous-médicalisés est une exigence : elle ne suffira pas à résoudre les questions de santé publique qui exigent d’agir sur tous ses déterminants et qui est faite de prévention, individuelle et collective, de promotion et d’éducation pour la santé, de coordination de multiples acteurs, de mise en oeuvre du PRSP et de démocratie sanitaire locale. Le regroupement de professionnels libéraux ne garantit ni la pluridisciplinarité de la prise en charge, ni l’accès effectif aux soins pour tous.

L’association « Elus, Santé Publique et Territoires » affirme la nécessité de maintenir, de valoriser et de généraliser le dispositif Atelier santé ville.
Au-delà, ses membres plaident pour que les ASV servent de modèle et d’appui pour l’invention de « Contrats locaux de santé publique », co-pilotés par la ville et l’Etat et associant tous les acteurs du territoire.

« Elus, Santé Publique & Territoires » invite à la mobilisation tous ceux qui en sont convaincus et demande à être étroitement associée à toute réflexion sur l’évolution du volet santé de la Politique de la ville.

Le bureau de l’Association « Elus, Santé publique & Territoires » :

Laurent EL GHOZI, maire-adjoint à Nanterre, Président

Marina GIROD de l’AIN, maire-adjointe à Grenoble, Première vice-présidente

Bruno PHILIPPE, maire-adjoint à Sceaux , Vice-président

Marie-Odile DUFOUR, maire-adjointe à Champigny sur Marne, Vice-présidente.

Association nationale des villes pour le développement de la santé publique, 11 rue des anciennes mairies, 92 000 Nanterre ; 01 47 24 67 58
Contact

Site

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La pétition

à M. Fillon, 1er Ministre ; Mme Boutin, Ministre de la Ville et du Logement ; Mme Amara, Chargée de la Politique de la Ville

Pérenniser et développer les Ateliers Santé Ville : un enjeu majeur de santé publique

Depuis plusieurs années, les Ateliers Santé Ville se sont développés de façon importante, à l’initiative des Ministères de la Ville et de la Santé et des collectivités locales. Ce dispositif a permis de mettre en place, à l’échelle locale (commune, agglomération) des programmes locaux de santé publique là où il n’en existait pas. Et, lorsque ces programmes locaux existaient, les ASV ont conduit à des avancées méthodologiques importantes, notamment dans les champs du diagnostic local, de la coordination des intervenants, de la participation des usagers, et de l’évaluation des programmes.

Avec la mise en place des Programmes Régionaux de Santé Publique, les ASV sont apparus comme un vecteur opérationnel de réduction des inégalités territoriales de santé, en s’attachant au déploiement prioritaire des actions nationales sur les zones les plus défavorisées. Ce travail est particulièrement net dans le champ de l’accès aux soins des plus défavorisés, dans le champ de la santé mentale, mais aussi dans celui de la prévention du cancer ou dans celui de la nutrition et de l’obésité. Des contextes aussi différents que Marseille, la Seine-St-Denis, Villeurbanne, Nanterre, Alès, en témoignent concrètement. Des communications scientifiques nationales (récent colloque de Nancy) ou internationales (colloque de Bruxelles) traduisent aussi ces résultats.

Ainsi, les ASV sont devenus un des rares exemples d’articulation réussie entre politique de droit commun et politique de la Ville ; ils ont été appropriés par les acteurs de la santé, et notamment ceux qui oeuvrent dans le cadre des PRSP : ces derniers s’en servent comme d’un outil concret d’intervention sur les inégalités sociales de santé, dont chacun sait qu’elles sont majeures en France. De leur côté, les acteurs de la politique de la Ville, en intégrant les ASV dans les Contrat de Cohésion Urbaine et Sociale (CUCS), ont intégré l’importance de la santé dans les quartiers les plus défavorisés.

Au delà des différentes évaluations du dispositif qui ont été publiées depuis des années, plusieurs textes marquent l’attachement des différents acteurs : la conférence régionale de santé d’Ile-de-France a intégré les ASV dans ses propositions ; plus récemment, le Conseil National des Villes a souligné dans ses recommandations au Ministre l’intérêt de pérenniser et d’étendre le processus.

Aujourd’hui cependant, aucune certitude n’existe sur cette pérennisation et sa souhaitable extension. A l’heure où le nouveau gouvernement met en place ses propres outils, des informations inquiétantes semblent même se faire jour.

C’est pourquoi nous estimons utile d’affirmer l’attachement que nous portons aux Ateliers Santé Ville, et notre souhait de les voir développés, dans le contexte actuel marqué conjointement par les inégalités sociales de santé et par l’aggravation des difficultés des quartiers sensibles.

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