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Portrait de Daniel Gostain, enseignant Icem dans une école REP à Paris (le Café pédagogique)

8 juin 2019

Daniel Gostain : Chouette, c’est pas fini !

Pour les lecteurs du café pédagogique, Daniel Gostain est loin d’être un inconnu. Plusieurs articles lui ont déjà été consacrés. Il faut dire que ce monsieur cumule pas mal de casquettes avec pour toutes un seul point commun : accompagner tous les élèves, leur permettre de s’épanouir grâce à l’école et dépasser leurs différents empêchements d’apprendre. Et il ne fait pas les choses à moitié. Membre très actif de l’institut coopératif de l‘école moderne de Paris (ICEM 75), le célèbre groupe Freinet présent sur tous le territoire national, bloggeur, il est aussi membre d’une compagnie de clowns… Oui vous avez bien lu, clowns. Un projet pour lequel il a reçu le prix du forum des enseignants innovants de 2016. Aujourd’hui, c’est d’un autre projet dont il est question : « La semaine du Chouette, c’est pas fini ». Un projet ludique et ambitieux à partager…

L’enseignement pour Daniel, ça a été une révélation. Loin d’être son choix de carrière premier, il y est venu en 1995. Avant, il était chef de projet dans la publicité, après une formation dans la grande école de commerce EDHEC de Lille. Mais il s’est très vite rendu compte que ce métier était certes bon pour son porte-monnaie mais pas pour son épanouissement personnel. Alors, il revient à ses premiers amours et passe le concours de professeur des écoles. Et il sait ce qu’il veut : enseigner selon la pédagogie Freinet. Enseigner en replaçant l’enfant au centre de ses apprentissages, « lui permettre d’apprendre à son rythme, qu’il construise ses connaissances avec ses pairs et les adultes, qu’il développe son sens critique, son autonomie et accède à une réelle prise de responsabilité dans une classe vivante et ouverte sur le monde ». Il intègre donc rapidement le groupe ICEM 75 dont la revendication principale n’est autre que « une école où chaque enfant peut s’exprimer, se responsabiliser, coopérer, expérimenter er s’ouvrir sur le monde ». Il faut dire que cette première carrière lui a finalement donner des billes pour mieux cerner les besoins de ses élèves, « le marketing, c’est chercher à voir quels sont les besoins des clients ».

Des projets qui prennent naissance sur un bout de papier autour d’un verre

Et depuis, il n’arrête pas. Les projets animent le quotidien de sa classe. Seul ou avec des collègues de l’école ou de l’ICEM. Comme le projet « Et Tic ! Et Toc ! » où il s’agissait pour les élèves d’apprendre à débattre autour d’un sujet en argumentant, « par exemple, c’est mieux de vivre dans une maison ou dans un appartement ? On cherche des arguments pour l’un et pour l’autre. On débat, on argumente en partant des questionnements des enfants ». Partir des questionnements des élèves, c’est le fil conducteur de tous les projets de Daniel.

Avec sa collègue Jennifer Vaussenat de l’école élémentaire Wurtz du treizième arrondissement parisien (75), les projets communs sont courants. Échange de groupe de lecture, semaine de la famille à l’école, la semaine du corps et le tout dernier « La semaine du Chouette, c’est pas fini » qui est prévu entre le 24 et le 28 juin. De quoi s’agit-il ? « Une semaine où nous aborderons avec nos élèves des savoirs, savoir-faire, savoir-être qui leur manquent en cette fin d’année. Attention ! Des savoirs qui manquent à leurs propres yeux ! Pour lesquels ils aimeraient avoir une réponse avant que l’année ne s’achève. Et pas obligatoirement des savoirs purement scolaires ». Un projet rédigé comme beaucoup d’autres sur le coin d’une table dans un petit troquet parisien autour d’un verre avec Jennifer et Natsasia Trento, elle aussi membre de l’ICEM 75. « Avec Natsasia on se voit régulièrement autour d’un verre et on laisse venir des trucs, on trouve ensemble de nouvelles idées ».

Et si on répondait aux questions des enfants, toutes leurs questions…

Pourquoi un projet l’avant-dernière semaine de l’école ? Semaine où bien souvent tout le monde se détend et où les élèves et les enseignants rangent la classe. « Toute l’année, nous sommes dans le programme. Les questionnements tournent autour des compétences et savoirs à acquérir. Là, les questions sont ouvertes. Les élèves peuvent se poser des questions ou peuvent vouloir savoir des choses complètement indépendantes des programmes. L’idée, c’est que cette semaine, on planche tous dessus. Qu’on essaie tous ensemble d’y répondre ». Les modalités d’organisation ne sont pas encore clairement définies, mais cela commence à prendre forme. « Je pense qu’on va leur présenter le projet la semaine précédente, les inviter à réfléchir à des questions pour lesquelles ils voudraient des réponses. Le lundi permettrait de lister celles-ci ». Et c’est ainsi que mardi, jeudi et vendredi, les équipes, qui seront formées au fur et à mesure, seront confrontées aux questions de leurs camarades. Chaque groupe aura une question sur laquelle plancher. « Ils pourront utiliser internet, faire appel aux adultes de l’école et chercher ensemble pour répondre à l’interrogation de leur camarade ». L’enseignant devra accompagner, guider, orienter les élèves mais en aucun cas donner la réponse. « A la fin de la journée, tous les groupes présenteront les résultats de leur recherche. Ils auront aussi la possibilité de dire qu’ils ont cherché mais pas trouvé… »

Daniel, Nastasia et Jennifer espèrent que beaucoup de collègues les rejoindront dans l’aventure. « Nous pourrions rassembler nos expériences. Réfléchir ensemble à ce qui fonctionne bien et moins bien. Et pourquoi pas, penser ensemble à une autre organisation l’année prochaine. Toutes les périodes ? Deux fois par an ? … »

« La semaine du Chouette, c’est pas fini », c’est une façon sympathique de terminer l’année. De plancher ensemble, élèves et enseignants, sur des questions auxquelles vous n’aviez pas prévu de répondre. Pour vous inscrire, contactez Daniel sur son blog http://pedagost.over-blog.com

Lilia Ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du 05.06.19

 

Voir aussi Fin juin, la "Semaine du Chouette, c’est pas fini" : les élèves définissent les savoirs/savoir-faire/savoir-être qui leur manquent (la classe REP de Daniel Gostain)

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