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Extrait du site de l’INRP, le 18.09.06 : Centre Alain Savary
DOSSIER
Elèves et territoires : comment en parler ?
Pas facile de qualifier les élèves et les établissements de l’éducation prioritaire.
Comment dire qu’ils sont à la fois semblables aux autres mais aussi différents, spécifiques sans s’enfermer dans des étiquetages ou des stigmatisations ? Sont-ils « populaires », « pauvres », « difficiles », « immigrés », « musulmans », etc. ?
Dans ce dossier, vous pourrez lire des textes de sociologues et d’historiens, C. Avenel, A. Fossier, B. Falaize qui traitent de cette délicate question.
ZOOM
Un atelier lecture en 6e
RECHERCHE
Pour une géographie des inégalités scolaires
BOUSSOLE
(S)top secret !
RESSOURCES
Les « centres ressources politique de la ville »
ENTRETIEN
École et difficultés scolaires au Japon
BRÈVES
Le pouvoir des mots
Si les mots nous aident à comprendre le monde et à partager cette compréhension, dans le même mouvement, ils opacifient connaissance et partage. Car les mots disent et taisent, montrent et cachent, trahissent, ils sont mal ajustés, trop ou trop peu, toujours un peu à côté... Grâce à eux nous pouvons caractériser les lieux, les personnes, les situations, les problèmes mais ce sont encore eux qui brouillent ces mêmes caractérisations. Penser, connaître et comprendre supposent catégorisations et classements qui se font grâce aux mots et malgré eux. Pour appréhender la complexité, faire des rapprochements, pointer des différences, mettre en relation des savoirs et des expériences, exprimer des émotions, des sentiments et des idées, pensée et langage s’étayent, se heurtent, circulent.
Les mots agissent de manière dynamique en cheminant avec notre propre pensée et avec celle d’autrui. Ils font naître des représentations et provoquent des réactions qui interagissent avec la réalité et contribuent à la transformer.
Leur pouvoir d’évocation peut avoir un effet positif ou négatif. Lorsqu’ils parlent des fragilités des territoires, des enfants et des familles, lorsqu’ils nomment les inégalités et les différences, ils sont potentiellement porteurs de stigmatisation. Ils agissent sur les identités et entraînent chaque personne à naviguer entre ce qu’elle est réellement et l’identité sociale à laquelle on l’assimile. Le risque de dépréciation automatique par assimilation à une catégorie sociale « posant problème » est très présent avec ses conséquences : humiliation, découragement, révolte...
Les professionnels de l’éducation doivent donc rester particulièrement vigilants sur le choix des mots et être conscients de leur impact. C’est le sujet du dossier du présent numéro d’ « XYZep ». Nous vous invitons à le découvrir ainsi que les autres rubriques qui vous feront voyager d’un collège parisien aux écoles japonaises en passant par les centres de ressources de la politique de la ville.
Vous pourrez également réfléchir à la géographie des inégalités scolaires et vous pencher sur la question du secret professionnel. Nous souhaitons que tous ces mots que nous vous offrons soient pour vous de fidèles compagnons de réflexion et d’action !
Christiane Cavet, responsable du centre Alain Savary