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Thèse. Lire et apprendre au collège : évaluation d’un dispositif de remédiation des difficultés de lecture en 6e, par Marina Tual, Université Grenoble Alpes, 2020 (étude menée entre autres dans des établissements prioritaires)

24 juin 2021

Additif du 24.06.21

Lecture : L’échec intéressant d’un outil basé sur la fluence
"A l’entrée en sixième, 1 élève sur 6 ne possède pas les compétences en lecture nécessaires pour lire et apprendre (Ben-Ali et al., 2020). Or, pour des raisons organisationnelles, il est difficile actuellement de mettre en place des ateliers de lecture dans les collèges. La plupart des élèves en difficulté ne bénéficient donc d’aucun enseignement particulier en France, alors même que la maitrise de la lecture conditionne leur réussite dans toutes les disciplines", rappelle Marina Tual dans une étude sur un dispositif de remédiation en 6ème.
"Le dispositif comprend une évaluation des élèves, une formation des enseignants à l’enseignement explicite de la lecture et des ateliers de remédiations menés par les enseignants de toutes les disciplines sur les heures dédiées à l’aide personnalisée. Les ateliers sont construits autour d’activités visant l’amélioration de la lecture fluide (12 séances de 55 minutes) et la capacité à effectuer des inférences (24 séances de 55 minutes).Nos résultats confirment que les prédicteurs des habiletés de fluence et de compréhension en lecture sont les mêmes chez les élèves en difficulté que chez les normo-lecteurs. Essayer d’améliorer ces habiletés devrait donc améliorer la lecture et contribuer à remédier aux difficultés des collégiens. Malheureusement, les résultats relatifs à l’effet du dispositif mis en place ne permettent pas de conclure à son efficacité.
En effet, les ateliers n’ont pas permis d’accélérer la progression des élèves en compréhension en lecture ou dans les habiletés spécifiquement ciblées (Fluence de texte, Inférences", note-elle. Cet échec est pourtant éclairant." Notre recherche montre aussi que mettre en place un soutien supplémentaire et diffuser des outils issus de la recherche ne suffit pas pour observer des progrès tangibles. Il apparait donc nécessaire d’évaluer rigoureusement ces interventions pour s’assurer de leur efficacité. Les observations réalisées et l’analyse qualitative des conditions d’implémentation tout au long de la mise en place du dispositif et pendant les deux années d’expérimentation, nous conduisent à penser que la démonstration de l’efficacité d’un dispositif pédagogique à grande échelle doit tenir compte des paramètres d’implémentation qui favorisent l’engagement et l’accompagnement des enseignants afin qu’ils s’approprient les outils et les pratiques pédagogiques correspondantes. Il semble illusoire de penser que les pratiques efficaces démontrées en laboratoire puissent être diffusées dans l’institution et produire ipso facto les résultats attendus sans une attention particulière à ces éléments d’implémentation".

Extrait de cafepedagogique.net du 24.06.21

 

Lire et apprendre au collège : évaluation d’un dispositif de remédiation des difficultés de lecture en 6e
TUAL Marina
2020
Université Grenoble Alpes

"Cette thèse a pour objectif de définir un dispositif lecture efficace et transférable destiné aux élèves de sixième repérés en difficulté de lecture, de le mettre en place et de mesurer son efficacité dans plusieurs collèges. Le dispositif comprend une évaluation des élèves, une formation des enseignants à l’enseignement explicite de la lecture et des ateliers de remédiations menés par les enseignants de toutes les disciplines sur les heures dédiées à l’aide personnalisée. Les ateliers sont construits autour d’activités visant l’amélioration de la lecture fluide (12 séances de 55 minutes) et la capacité à effectuer des inférences (24 séances de 55 minutes).Nos résultats confirment que les prédicteurs des habiletés de fluence et de compréhension en lecture sont les mêmes chez les élèves en difficulté que chez les normo-lecteurs. Essayer d’améliorer ces habiletés devraient donc améliorer la lecture et contribuer à remédier aux difficultés des collégiens.Malheureusement, les résultats relatifs à l’effet du dispositif mis en place ne permettent pas de conclure à son efficacité. En effet, les ateliers n’ont pas permis d’accélérer la progression des élèves en compréhension en lecture ou dans les habiletés spécifiquement ciblées (Fluence de texte, Inférences. On n’observe pas non plus d’amélioration dans les autres matières scolaires, ni d’effet du dispositif sur la motivation des élèves, le sentiment d’auto-efficacité des enseignants et sur les relations entre les parents et l’établissement.L’absence d’effet du dispositif contraste avec les avis recueillis auprès des personnels (principaux et enseignants) qui dans l’ensemble se sont déclarés satisfaits du dispositif et du travail proposé.Nos résultats ne sont pas isolés et viennent renforcer une base de données croissante indiquant que mettre en place un soutien supplémentaire et diffuser des outils issus de la recherche auprès des établissements, ne suffit pas pour observer des progrès tangibles. L’évaluation rigoureuse des dispositifs est nécessaire pour s’assurer de leur efficacité au moment de leur diffusion sur le terrain scolaire.Nos observations ont d’ailleurs permis de constater des difficultés d’implémentation importantes, tant dans l’organisation administrative des ateliers que dans leur compréhension et appropriation par les enseignants. Cela nous conduit à penser que la démonstration de l’efficacité d’un dispositif pédagogique à grande échelle doit tenir compte des paramètres d’implémentation qui favorisent l’engagement et l’accompagnement des enseignants afin qu’ils s’approprient les outils et les pratiques pédagogiques correspondantes.Des recherches complémentaires restent donc nécessaires pour à la fois chercher à définir un dispositif efficace et pour favoriser son implémentation à grande échelle. Les recherches actuelles sur l’implémentation nous semblent une voie prometteuse.

Extrait de archives-ouvertes.fr (295 pages)

EXTRAIT (page 191)

Conclusion générale
A l’entrée en sixième, 1 élève sur 6 ne possède pas les compétences en lecture nécessaires pour lire et apprendre (Ben-Ali et al., 2020). Or, pour des raisons organisationnelles, il est difficile actuellement de mettre en place des ateliers de lecture dans les collèges. La plupart des élèves en difficulté ne bénéficient donc d’aucun enseignement particulier en France, alors même que la maitrise de la lecture conditionne leur réussite dans toutes les disciplines.
Le dispositif que nous avons expérimenté n’a pas permis de faire progresser davantage les élèves du groupe expérimental par rapport aux élèves du groupe témoin. Cependant, notre étude est l’une des rares en France à chercher à évaluer l’efficacité à grande échelle d’un dispositif intégrant des outils issus de la recherche dont l’efficacité a été montrée, pour l’outil « fluence » au moins, dans des protocoles expérimentaux. En dépit de ce résultat non significatif, nos résultats permettent de mieux comprendre les besoins des élèves faibles lecteurs à l’entrée au collège, en caractérisant plus précisément leurs difficultés. Notre recherche montre aussi que
mettre en place un soutien supplémentaire et diffuser des outils issus de la recherche ne suffit pas pour observer des progrès tangibles. Il apparait donc nécessaire d’évaluer rigoureusement ces interventions pour s’assurer de leur efficacité. Les observations réalisées et l’analyse qualitative des conditions d’implémentation tout au long de la mise en place du dispositif et pendant les deux années d’expérimentation, nous conduisent à penser que la démonstration de l’efficacité d’un dispositif pédagogique à grande échelle doit tenir compte des paramètres d’implémentation qui favorisent l’engagement et l’accompagnement des enseignants afin qu’ils
s’approprient les outils et les pratiques pédagogiques correspondantes. Il semble illusoire de penser que les pratiques efficaces démontrées en laboratoire puissent être diffusées dans l’institution et produire ipso facto les résultats attendus sans une attention particulière à ces éléments d’implémentation.
Des recherches complémentaires sont donc nécessaires pour à la fois chercher à définir un dispositif efficace mais aussi pour favoriser son implémentation à grande échelle. Les recherches actuelles sur l’implémentation et celles développées par Bocquillon et al. (2019) nous semblent une voie prometteuse. Cependant, le premier grand défi à relever est peut-être de ne plus considérer ces 16 % d’élèves en difficulté de lecture comme une fatalité et de parvenir à fédérer l’institution, les enseignants et les chercheurs dans la poursuite du même objectif : une
recherche de plus d’efficacité pour lutter contre les difficultés de lecture des collégiens.

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