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Lecture : J. Deauvieau et P. Gioia s’efforcent de démontrer la supériorité de la syllabique, notamment pour les élèves de milieux défavorisés (ToutEduc)

1er juin 2023

Lecture : J. Deauvieau et P. Gioia s’efforcent de démontrer la supériorité de la syllabique, notamment pour les élèves de milieux défavorisés (Collège de France)

"Tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut réaliser une activité de décodage" lorsqu’il s’agit d’apprendre à lire aux élèves de CP et "la méthode idéo-visuelle au sens strict n’existe pas ou plus en France", même si "une petite minorité d’enseignant.e.s" a "des pratiques qui s’en rapprochent". Pour leur permettre "d’exercer au mieux leur liberté pédagogique", il faut qu’ils bénéficient "de formations homogènes qui prônent les mêmes méthodes basées sur les acquis de la recherche scientifique" (donc la syllabique la plus stricte), en s’appuyant notamment sur les ressources du CSEN (Conseil scientifique de l’Education nationale) et sur le "guide orange" (publié par Jean-Michel Blanquer, ndlr). C’est ainsi que peut être résumée la conférence donnée le 24 mai par Jérôme Deauvieau (ENS) et Paul Gioia (INED) au Collège de France, sur le thème "Pratiques enseignantes et inégalités scolaires à l’entrée dans l’écrit", à l’invitation de Stanislas Dehaene.

Les deux chercheurs présentent les résultats d’une enquête, Formalect, menée en 2021 auprès de quelque 16 000 enseignants de cours préparatoire dans le cadre du CSEN. Ils ont mis en rapport ce que leur ont dit de leurs pratiques pédagogiques les 9 342 qui leur ont répondu et les résultats de leurs élèves aux évaluations nationales. Ils rappellent d’abord les enjeux, qui sont lourds, puisque au CE1, 47 % des élèves n’atteignent pas le seuil des 50 mots / minute, une proportion qui monte à 60 % "pour les élèves qui étudient dans des écoles à recrutement social populaire".

Ils indiquent que la recherche anglo-saxonne (USA, Australie, Angleterre) a démontré la supériorités des méthodes syllabiques (phonics) sur les méthodes globales (whole language), mais que les principes d’une approche idéo-visuelle "perdurent dans la culture professionnelle enseignante" et que la ville de New-York a décidé d’imposer à ses enseignant.e.s un choix limité à 4 manuels "phonics".

L’enquête montre qu’en France, seuls 6 % des enseignant.e.s n’ont donné à lire, entre la rentrée et Noël, que des textes dont tous les mots étaient déchiffrables, c’est-à-dire des mots pour lesquels toutes les correspondances graphèmes-phonèmes avaient été préalablement apprises. A l’autre extrémité du spectre, 10 % des enseignant.e.s leur ont donné des textes contenant au total plus de 40 mots qu’ils avaient dû apprendre à reconnaître globalement. 60 % des enseignants déclarent entre 10 et 30 "mots outils", une pratique que les deux chercheurs condamnent parce qu’elle est gourmande en temps et parce qu’elle donnerait aux élèves une idée fausse de ce qu’est la lecture, qui s’apparenterait à un jeu de devinette.

Ils se fondent aussi sur les résultats aux évaluations nationales de mi-CP et début de CE1, et systématiquement, les élèves des enseignant.e.s leur demandant d’apprendre globalement un certain nombre de mots ont des résultats plus faibles que ceux des enseignant.e.s adeptes de la syllabique pure : l’écart, pour ce qui est de la vitesse de lecture ou de la compréhension, varie de 0.10 à 0.17 écarts-types à la mi-CP (0.10 à 0.25 pour les élèves "les plus fragiles à l’entrée au CP") . Mesurées au début du CE1, les performances des élèves qui ont appris à lire avec quelques "mots-outils" sont toujours plus faibles, mais les écarts-types se réduisent (0.8 à 0.11 en moyenne générale), en particulier pour les élèves les plus faibles (0.9 à 0.15).

A noter que les auteurs n’expliquent pas cette réduction des écarts entre mi-CP et entrée au CE1 et qu’ils n’envisagent pas de prolonger les courbes, qui pourraient inverser, à terme, ce résultat. Ils n’expliquent pas non plus pourquoi ces écarts-types, au demeurant assez minimes, ne s’accroissent pas avec le nombre de mots appris "globalement".

La conférence ici

Extrait de touteduc.fr du 30.05.23

Voir aussi sur le site OZP Le Csen dans une "Note d’alerte" (2 p.) dénonce l’usage en CP de méthodes de lecture "totalement inacceptables" et publie une "synthèse de la recherche et des recommandations" (20 p., présentation ToutEduc)

 

Méthodes de lecture : une enquête inédite assoit la « syllabique » et pointe les errances pédagogiques

C’est à partir des années 1970 que la méthode dite « globale » s’est diffusée en France. dechevm / stock.adobe.com
ANALYSE - Menée par le sociologue Jérôme Deauvieau, cette vaste étude a croisé les méthodes utilisées par les enseignants avec les performances des élèves de CP.

Ce sont de solides résultats scientifiques, qui viennent confirmer l’efficacité, pour tous les élèves - notamment les milieux défavorisés -, des méthodes de lecture strictement « syllabiques » (le décodage, par l’association des lettres aux sons). Des résultats montrant aussi que l’approche « globale » (la reconnaissance idéo-visuelle des mots) imprègne encore largement la culture enseignante. Et que le vieux débat remontant aux années 70 n’est pas clos.

C’est au Collège de France, dans le cadre d’un cycle de conférences sur l’apprentissage de la lecture, que le sociologue de l’ENS Jérôme Deauvieau, membre du conseil scientifique de l’éducation nationale (Csen), a présenté le 24 mai les résultats d’une vaste enquête menée en 2021 auprès de 9342 enseignants de CP - soit 20% d’entre eux. Elle a croisé leurs pratiques en matière d’apprentissage de la lecture avec les résultats de leurs 130 310 élèves lors des évaluations nationales. « Des données massives, uniques au monde », insiste le neuroscientifique…

Extrait de lefigaro.fr du 26.05.23

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