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Les inscriptions sur les listes électorales sont différentes en ZUS

4 avril 2007

Extrait de « La Lettre du Centre d’analyse stratégique » d’avril 2007 : « Ségrégation sociale et ségrégation politique. Sur l’inscription électorale en milieux populaires »

Rapport d’étape commandé par le Centre d’analyse stratégique « Ségrégation sociale et ségrégation politique. Sur l’inscription électorale en milieux populaires »

Auteurs : Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen

Commandé par le département Institutions et Société du Centre d’analyse stratégique dans le cadre de son programme de travail 2007.

"L’un des objets de notre rapport est précisément de soumettre ce récit d’une conversion civique des banlieues au contrôle statistique. Mais il est aussi d’éclairer la situation de départ, puisque le contexte des émeutes urbaines aura également été l’occasion - non seulement pour les médias mais encore pour les pouvoirs publics et nombre de spécialistes - de découvrir que la non-inscription des milieux populaires sur les listes électorales est devenue un fait majeur de notre système politique. Évaluer, au seuil des années 2000, l’ampleur de ce fait social et politique très largement méconnu puisque nous ne disposons jusqu’à présent d’aucune mesure du phénomène - même approximative - constitue par conséquent un objectif central de ce rapport."
Céline Braconnier, Jean-Yves Dormagen.

Lire le rapport d’étape

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Un extrait

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Une tendance à la reprise des inscriptions en ZUS

L’intérêt pour ce qui a pu se passer en 2005 grandit encore lorsque l’on distingue, dans notre échantillon, les bureaux de ZUS des bureaux situés dans des environnements socialement plus favorisés. L’on constate alors que ce sont les territoires les plus populaires qui présentent les taux de nouvelles inscriptions les plus élevés, au cours de cette année 2005 : + 2,63 points de pourcentage par rapport aux bureaux situés hors ZUS et, plus significatif encore, + 3,09 points par rapport à la moyenne nationale.

Dans les bureaux composant l’ensemble de notre échantillon, la répartition des nouvelles inscriptions au cours de ces trois années est un peu plus conforme à ce que l’on observe au niveau national. On s’inscrit très légèrement moins en 2005 que deux ans auparavant (-0,21 point de pourcentage dans notre échantillon, -1,65 point au niveau national) ; en 2003, sans doute les élections régionales et européennes prévues pour le printemps suivant avaient-elles motivé une partie des citoyens à se rendre au bureau des élections. Le contexte peut y avoir également contribué : s’agissant des premières élections postérieures à 2002, la mémoire du 21 avril a, peut-être, joué un rôle dans la sensibilité particulière des citoyens aux diverses formes de rappel à l’ordre civique49.

En outre, il ne faut pas oublier de mentionner que 2003 fut, au niveau national, une année de refonte des listes électorales, avec pour effet, dès lors que les radiations sont opérées massivement, d’entraîner comme par ricochet la réinscription d’au moins une partie de ces radiés, précisément ceux qui sont les plus prédisposés à s’inscrire, à se réinscrire et à voter.

Autant de facteurs cumulés qui peuvent expliquer la hausse particulière des nouvelles inscriptions en
2003. La légère reprise des inscriptions en 2005, par rapport à 2004, ne paraît en revanche guère explicable par le calendrier électoral ou les pratiques administratives. Cette reprise est d’une ampleur assez modeste hors ZUS : + 0,77 point de pourcentage entre 2004 et 2005.

Mais elle est beaucoup plus nette en ZUS. Ici, l’on s’est non seulement plus inscrit en 2005 qu’en 2004 mais même plus inscrit qu’en 2003 : le taux de nouvelles inscriptions atteignant 8,83 % en 2005 contre 6,24 % en 2004 et 7,78 % en 2003. Les ZUS paraissent donc avoir plus contribué que le reste du pays à l’augmentation des taux de nouvelles inscriptions sur les listes électorales observable en 2005.

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On constate alors que cette croissance des premières inscriptions est une spécificité des ZUS : + 1, 29 points de pourcentage de croissance en ZUS entre 2003 et 2005, contre seulement + 0,11 point hors ZUS et une décroissance au niveau national avec - 0,33 points. Ce qui signifie que les « premiers inscrits » alimentent bien une part significative de la sensible reprise des inscriptions observables en ZUS en 2005.

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Extrait de « L’Expresso » du 04.04.07 : Les banlieues pèseront dans les urnes affirment deux chercheurs

"Le pourcentage de citoyens ayant accompli volontairement la démarche de s’inscrire en décembre 2005 est moins important qu’en décembre 2003 (50,42 % contre 60,22 %), a fortiori en ZUS (52,57 % contre 67,13 %). Mais il est, partout, nettement plus important qu’en décembre 2004 (+ 5,5 points de pourcentage en décembre 2005 par rapport à décembre 2004 hors ZUS et + 13 points en ZUS). C’est, ainsi, plus de la moitié des nouveaux inscrits de l’année 2005 qui s’est rendue à la mairie pour s’inscrire sur les listes dans le prolongement des émeutes, alors qu’aucun calendrier électoral ne l’y incitait".

L’étude de Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, pour le Centre d’analyse stratégique, établit l’existence d’un réel sursaut civique dans les banlieues défavorisées (ZUS). Plus que les jeunes adultes, ce sont les "grands frères" qui se seraient inscrits sur les listes électorales.

Leur étude révèle "l’exclusion électorale" dont souffrent ces quartiers. Un quart des électeurs ne seraient pas inscrits et plus d’un quart seraient "mal inscrits" c’est-à-dire hors de leur lieu de résidence. Une situation qui génère un fort taux d’abstentionnisme dans ces quartiers. Il faut dire aussi que parfois les communes font ce qu’elles peuvent pour freiner l’inscription de ces citoyens de seconde zone...

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