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« Les habitants des quartiers populaires exigent leur place dans les espaces du militantisme social et politique », entretien de The Conversation avec Denis Merklen, auteur de "Les indispensables" et Héloïse Nez)

7 mai

« Les habitants des quartiers populaires exigent leur place dans les espaces du militantisme social et politique »

auteurs
Denis Merklen
Sociologue, professeur des universités, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3

Héloïse Nez
Professeure en sociologie, LIED/LCSP, Université Paris Cité

Le 27 avril à Paris, un collectif de citoyens, responsables associatifs et politiques issus de quartiers populaires franciliens a lancé l’Assemblée générale des quartiers, initiative destinée à mieux peser dans le débat public. Nous vous proposons un entretien croisé entre les sociologues Denis Merklen, qui a rassemblé dans l’ouvrage Les Indispensables. Sociologie des mondes militants (Éditions du Croquant, 2023) des récits de vie et d’expériences militantes recueillis dans des quartiers populaires entre 2016 et 2022, et Héloïse Nez, également spécialiste du monde militant.

Héloïse Nez : Les Indispensables traite d’un monde militant en particulier, celui des associations dans les quartiers populaires en France. Pourquoi avoir choisi ce groupe ? Comment se développe la « citoyenneté à base territoriale » que tu analyses dans le livre ?

Denis Merklen : Depuis la fin des années 1970, nous assistons à une transformation profonde de l’activisme au sein des classes populaires en France, que l’on pourrait saisir à travers la notion classique de « répertoire de l’action collective », proposée par le sociologue Charles Tilly dans son livre La France conteste. Les classes populaires étendent leurs modes d’action. À l’action syndicale et partisane, un nouvel activisme territorialement inscrit voit le jour. Il se développe comme une critique de ces deux formes solidement établies et qui bénéficient de très grosses organisations issues du monde ouvrier (partis et syndicats).

Un segment des classes populaires est confronté à une série de problèmes qui se superposent. Du racisme jusqu’à la détérioration des conditions de vie, les problèmes avec l’école ou la police en passant par la difficile intégration à l’emploi protégé, et de conflits qui en découlent qui ne sont pas pris en considération ou pas de manière satisfaisante, par les organisations traditionnelles des classes populaires. Ainsi le sociologue Olivier Masclet a parlé de « rendez-vous manqué entre la gauche et les cités ». Ces habitants des quartiers populaires, souvent issus de l’immigration maghrébine, exigent leur place dans les espaces du militantisme social et politique.

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Ce nouvel activisme se développe au contact de deux phénomènes liés. Le premier est la révolte (nous parlons aujourd’hui d’« émeute »), comme forme de manifestation disruptive. Le second est la réponse donnée par l’État à travers les lois de décentralisation de 1981-1983 et les dispositifs de la politique de la ville. Il transfère de ressources et de responsabilités vers les gouvernements municipaux et incite les habitants à s’organiser en associations. [...]

Extrait de theconversation.com du 02.05.24

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