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Des responsables de l’enseignement catholique et de la Ligue de l’Enseignement évoquent leur rapport et celui de leur institution aux territoires défavorisés

23 novembre 2015

L’expérience de la diversité
Devenu directeur diocésain, en Seine-Saint-Denis, Pascal Balmand prend aussi la mesure des enjeux de l’éducation dans des zones populaires, qui se caractérisent à la fois par « des situations de grande précarité et de violence » et par « beaucoup de chaleur humaine ».

« L’enseignement catholique y est profondément enraciné dans son tissu social et culturel, jouant pleinement son service d’Église. » À mille lieues de l’image élitiste qui lui colle à la peau – au grand dam de son patron qui a grandi dans une famille « engagée », capable, entre autres, d’accueillir pendant un an, comme un frère au milieu d’une déjà vaste fratrie, Ismaël, étudiant venu de Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso.

Cette expérience de la diversité, sociale, culturelle et même religieuse dans le « 9-3 » renforce chez lui, si besoin est, son goût pour des réalités nouvelles. Y compris celles des établissements ruraux et semi-ruraux, nombreux dans le réseau, mais qu’il

Extrait de lacroix.fr du 20.11.15 : Paul Balmand, l’homme qui veut "réenchanter l’école"

 

Arnaud Tiercelin est le responsable national du secteur Education de la Ligue de l’enseignement.

Site de la Ligue de l’enseignement
Quel est votre rôle à la Ligue de l’enseignement ? Quel est votre parcours ?

En ce qui me concerne, j’ai une formation initiale en sciences sociales, plus précisément en sociologie et anthropologie urbaine. J’ai été longtemps pendant mes études surveillant dans des établissements scolaires classés ZEP. Avant de rejoindre la Ligue de l’enseignement, j’ai été consultant en évaluation de politiques publiques pour un cabinet privé.

Comment se positionne la Ligue de l’Enseignement dans le paysage éducatif français actuel ?
[...] L’histoire montre que de nombreuses initiatives citoyennes ont anticipé l’action publique par l’innovation sociale : par exemple dès les années 20-30 et surtout après la seconde guerre, l’action des militants, souvent des enseignants, dans le domaine culturel ou sportif, a préfiguré ce qu’on appelle aujourd’hui le « périscolaire » ou « l’extrascolaire ». Autre exemple : très récemment s’est constitué un collectif qui s’appelle CAPE, collectif des associations partenaires de l’école publique (2), dans le cadre des réflexions menées autour de la Refondation de l’école.

[...] Selon vous, quels sont les grands enjeux actuels des politiques éducatives locales ?
Arnaud Tiercelin : même si la question du rapport de l’école avec le territoire existe depuis toujours, la prise en compte d’une politique publique territorialisée s’est affirmée dans les années 80 autour du double mouvement de déconcentration et de décentralisation. Parallèlement, au niveau de l’école on pense aux premières mesures autour de l’éducation prioritaire. D’un côté, l’Etat régalien a repensé et différencié les formes des politiques qu’il menait au niveau local dans un processus de déconcentration : concernant l’école on pense aux premières mesures autour de l’éducation prioritaire, Parallèlement, par la décentralisation, on a donné de plus en plus de responsabilités aux collectivités. On assiste depuis à une montée en charge continue de l’investissement éducatif des collectivités locales, à commencer par les communes, puis les départements et les régions. Et maintenant de plus en plus les intercommunalités, notamment sous l’impulsion de la réforme territoriale.
La Loi d’orientation pour la refondation de l’école de 2013 (6) réaffirme la nécessité de progresser dans la déconcentration/décentralisation, dans la recherche d’un équilibre entre politique publique d’Etat et politique des collectivités locales. Le pari a été fait qu’en rapprochant les niveaux de décision du local on facilitait le mode d’exercice démocratique du fonctionnement des politiques publiques. Un des enjeux des PEL (7) dans ce processus est de progresser dans le perfectionnement d’une gouvernance démocratique entre les citoyens, les collectivités locales, le monde associatif, la société civile organisée et les politiques publiques d’Etat.

[...] Quelles sont, selon vous, les questions prioritaires que pose la territorialisation de l’éducation ?
Se pose plus que jamais la question de la manière dont les politiques éducatives peuvent concourir à des objectifs de lutte pour l’égalité. Depuis une vingtaine d’années on assiste à une panne de la démocratisation par l’école. Les études comparatives internationales l’ont montré : les politiques scolaires en France visent la démocratisation et la réduction des inégalités mais, au final, on constate plutôt une tendance à les valider, voire les amplifier ! C’est même une des spécificités de notre pays par rapport à de nombreux autres. Notamment, la forte structuration des ségrégations socio-spatiales spécifiques de la société française pose des défis particuliers aux politiques éducatives. Les jeunes sont de plus en plus séparés socialement et culturellement, et ne se rencontrent pas dans les espaces éducatifs. Même l’Ecole n’est pas le creuset du vivre ensemble par l’apprendre ensemble, malgré son ambition
Une des questions prioritaires est celle-ci : comment lutte-t-on contre ces séparatismes territoriaux, sociaux et culturels qui ont tendance à se renforcer ? Ces questions bien entendu ne se posent pas qu’à l’école, mais à l’ensemble des partenaires des politiques territoriales. Comment travailler à ces nouveaux défis sociaux et culturels, à la fois localement mais aussi en repensant une régulation entre les territoires - rôle qui reviendrait naturellement à l’Etat ?
Un autre défi est celui de la gouvernance démocratique de ces nouvelles politiques publiques, dans un contexte de défiance du corps social à l’endroit des grandes institutions - y compris l’école . Par exemple un service public qui parfois ne trouve pas encore des modalités de travail avec les familles, les jeunes, afin de mieux les associer dans une logique de démocratie implicative. Pourtant il existe de belles expériences locales qui mériteraient largement d’être démultipliées.
Une autre question prioritaire à mon sens est celle de l’évolution des pratiques et des professionalités des différentes institutions, puisqu’on est face à des défis sociaux et culturels qui questionnent les finalités, les contenus et les pédagogies. Dans l’Education nationale c’est autour du nouveau socle commun qu’on se questionne. Mais cette réflexion devrait être commune à l’ensemble des éducateurs, et viser un horizon commun à tous en termes de valeurs et de finalités. [...]

Extrait de observatoire-reussite-educative.fr : Acteurs de la réussite éducative.Entretien avec Arnaud Tiercelin

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