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Les élèves scolarisés en éducation prioritaire bénéficient-ils d’un enseignement de moindre qualité ?, par Roland Goigoux (comparaison enquête Ifé Lecture CP/Cnesco, sur le site Alain Savary)

25 novembre 2016

Additif du 26.11.16

Dans son rapport sur les inégalités sociales (voir ToutEduc ici), le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire) affirme notamment que "les élèves scolarisés en éducation prioritaire ne bénéficient pas d’une qualité d’enseignement identique à celle des élèves scolarisés en établissements du secteur ordinaire". Surpris par ces conclusions, Roland Goigoux, professeur à l’université Blaise Pascal Clermont 2 et spécialiste de l’enseignement de la lecture, les confronte aux résultats de son enquête (IFÉ) sur la lecture au CP, dans une analyse publiée ce 25 novembre.

Dans son étude, les enseignants en éducation prioritaire avaient moins d’ancienneté que leurs collègues mais, ils étaient cependant des maitres expérimentés : plus de douze ans dans le métier et sept ans au cours préparatoire (3 ans au minimum par construction). Leur sentiment d’auto-efficacité professionnelle s’avérait important (73,9 %), mais inférieur à celui hors éducation prioritaire (79,2 %). "Cette différence provenait surtout de la moindre confiance qu’ils s’accordaient dans le domaine de la différenciation pédagogique", précise Roland Goigoux.

Hétérogénéité semblable dans et hors éducation prioritaire
Quant aux effectifs des classes, ils étaient proches de ceux hors éducation prioritaire. "Ce constat va dans le sens de celui fait par le Cnesco qui indique qu’en 2015, du CP au CM2, l’effectif moyen dans les classes d’éducation prioritaire était de 22,7 élèves, soit seulement 1,4 élèves de moins que dans les écoles hors éducation prioritaire. Ici, la différence était de 0,7 élèves (23 contre 22,3)", note le chercheur.

En revanche, les performances initiales des élèves en lecture-écriture mesurées au cours de la première semaine de septembre 2013 étaient plus basse (un demi écart-type de différence). "Mais l’hétérogénéité était exactement la même dans et hors éducation prioritaire, c’est-à-dire que la dispersion des scores au sein des classes était identique", relève Roland Goigoux.

Pas de différence en termes de climat scolaire
En général, le temps offert par les enseignants pour réaliser les tâches n’est pas exactement le même que celui que les élèves passent à travailler. L’écart entre les deux est "d’autant plus faible que les enseignants parviennent à enrôler leurs élèves et à capter, puis à maintenir, leur attention".

Sur cette base, Roland Goigoux a "cherché à décrire le degré d’engagement des élèves dans les tâches ainsi que le climat de la classe, autrement dit la sérénité des relations entre l’enseignant et ses élèves et celles des élèves entre eux". Résultat : il ne remarque aucune différence significative sur ces deux plans, dans et hors éducation prioritaire.

Les enseignants de l’éducation prioritaire ni plus, ni moins efficaces
Surtout, le chercheur note une absence d’effet sur les performances finales des enfants : "Les progrès des élèves mesurés par les écarts à la moyenne des effets sont les mêmes, toutes choses étant égales par ailleurs, dans et hors l’éducation prioritaire." Selon lui, les enseignants de l’éducation prioritaire ne sont donc ni plus, ni moins efficaces que leurs collègues.

"Les affirmations du Cnesco doivent donc être nuancées et doivent être accompagnées de l’énoncé de leurs limites de validité selon les niveaux d’enseignement considérés, les disciplines étudiées et les caractéristiques des enseignants", souligne-t-il. Ainsi, selon les résultats de son enquête, en lecture-écriture, au cours préparatoire, lorsque les enseignants sont suffisamment expérimentés (3 ans au minimum), on ne peut pas dire que « "les élèves scolarisés en éducation prioritaire ne bénéficient pas d’une qualité d’enseignement identique à celle des élèves scolarisés en établissements du secteur ordinaire".

Extrait de touteduc.fr du : Les enseignants de l’éducation prioritaire ne sont pas moins efficaces

 

Les élèves scolarisés en éducation prioritaire bénéficient-ils d’un enseignement de moindre qualité ?

Roland Goigoux confronte les résultats de l’enquête IFE - Lecture au CP qu’il a dirigée avec les conclusions du récent rapport du CNESCO sur les inégalités sociales.

Dans la synthèse de son rapport « Comment l’école amplifie-t-elle les inégalités sociales et migratoires ? », le conseil national d’évaluation du système scolaire français (CNESCO)[1] conclut que, loin de constituer une discrimination positive, l’éducation prioritaire « pourrait progressivement avoir créé des inégalités de traitement en défaveur des élèves défavorisés » (p. 33) et être « fortement associée à la dégradation du niveau des élèves » (p. 32). Les auteurs du rapport affirment notamment que « les élèves scolarisés en éducation prioritaire ne bénéficient pas d’une qualité d’enseignement identique à celle des élèves scolarisés en établissements du secteur ordinaire » (p. 14), en particulier pour le temps d’apprentissage considéré comme l’une des deux dimensions centrales dans la réussite scolaire.

Surpris par des affirmations aussi catégoriques, nous avons consulté les données recueillies dans notre enquête collective sur l’enseignement de la lecture et de l’écriture[2] et nous avons comparé les pratiques pédagogiques dans 39 classes en Éducation prioritaire (EP) et 92 en dehors (Hors EP).

Voici nos principaux résultats.

Nous renvoyons les lecteurs à une analyse plus étayée et plus détaillée qui sera publiée chez Peter Lang au printemps prochain dans un ouvrage dirigé par Barbara Fouquet-Chauprade et Anne Soussi (Université de Genève).

Extrait de centre-alain-savary.ens-lyon.fr du : Les élèves scolarisés en éducation prioritaire bénéficient-ils d’un enseignement de moindre qualité ?

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