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J.-M. Blanquer présente un plan d’actions pour la protection de l’école. Le commentaire du Café

31 octobre 2018

Jean-Michel Blanquer présente le Plan d’actions pour la protection de l’École
Communiqué de presse - Jean-Michel Blanquer - 31/10/2018

Dans le contexte de l’émotion suscitée par l’agression du lycée Branly de Créteil et dans la perspective de la rentrée des vacances de la Toussaint, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a réuni ce mercredi 31 octobre les recteurs d’académie sur le thème de la sécurité à l’école.

Depuis 17 mois, un travail important a été accompli, notamment pour professionnaliser le traitement des incidents. Une cellule ministérielle de veille et d’alerte a été mise en place et permet d’améliorer les signalements des faits. Cela a permis une connaissance plus précise et des interventions ciblées.

Le ministre souhaite maintenant approfondir ce sillon par des mesures complémentaires afin de mener une lutte résolue contre les violences et les incivilités à l’école qui touchent avant tout les plus fragiles.

Un climat scolaire apaisé, indispensable aux apprentissages, passe par l’unité de tous les acteurs, l’exercice serein de l’autorité, l’approfondissement et la systématisation des réponses apportées en cas de manquement aux règles de la vie commune.

Trois cercles sont à distinguer : la classe, l’établissement et l’environnement de l’établissement. Les mesures avancées aujourd’hui relèvent de l’Éducation nationale et concernent les deux premiers cercles.

Dans la classe
systématiser le signalement de chaque incident et en assurer le suivi. Sur un cahier, le plus souvent numérique, les professeurs inscrivent chaque fait et l’administration la réponse qu’elle y apporte

le bilan annuel des incidents et des sanctions, ainsi rassemblés sur un seul document, est présenté au conseil d’administration

les professeurs sont soutenus et doivent être accompagnés dans leurs démarches en cas d’agression

les formations à l’exercice de l’autorité sont développées et proposées aux professeurs et aux personnels d’encadrement

une enquête directe auprès des professeurs et des personnels est mise en place à grande échelle pour disposer, dans les prochains mois, d’un état des lieux précis des atteintes aux personnes.

Dans l’établissement
l’organisation des conseils de discipline est simplifiée pour permettre une réponse plus rapide. Composé actuellement de 14 membres et convoqué au minimum 8 jours avant sa réunion, il est proposé qu’il soit dorénavant composé de 6 membres et que le délai de convocation soit raccourci

les sanctions sont mieux ajustées en fonction des faits : retenues, exclusion, responsabilisation qui établit un lien entre la nature du fait et la sanction. Les mesures de responsabilisation (remise en état de peinture ou du matériel dégradé, etc) représentent aujourd’hui 1 % des sanctions prononcées, alors même que leur valeur pédagogique est évidente. Des partenariats avec le monde associatif sont des leviers essentiels pour développer ces dispositifs

une période probatoire est instaurée après une exclusion : durant cette période, chaque jour, l’élève fait le point sur sa journée avec le CPE ou le chef d’établissement

un personnel de direction "dédié" sur les enjeux de sécurité sera nommé pour les établissements qui le nécessitent

à la demande du chef d’établissement et de la communauté éducative, un policier ou un gendarme, lorsque le contexte le nécessite, pourra assurer une permanence.

Enfin, s’agissant de l’environnement de l’établissement, qui relève d’autres ministères, des collectivités locales et de l’ensemble de la société, s’ouvre une concertation qui vise à renforcer l’unité des institutions de la République autour de l’école.
Elle sera conduite par un recteur, un parlementaire et un maire, appuyés par un membre de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche.

Elle portera en particulier sur 3 dimensions :
- la sécurisation des abords des établissements, avec le renforcement des liens avec les forces de sécurité publique et les collectivités territoriales
- - la responsabilisation des familles et le soutien à la parentalité
- - la mise en place de structures conçues pour élèves les plus difficiles, notamment les "polyexclus".
,
Elle aboutira avant le 15 décembre

La sérénité à l’école est une exigence républicaine afin de garantir la qualité de l’éducation pour tous les élèves de France.

Retrouver l’intervention du ministre en vidéo

Extrait de education.gouv.fr du 31.10.18 : Jean-Michel Blanquer présente le Plan d’actions pour la protection de l’ÉcoleRetour ligne automatique

 

Violence scolaire : Blanquer donne des satisfactions symboliques

"J’accorde plus d’importance et de crédit à la parole du professeur qu’à celle de l’élève". Très fort dans les symboles, Jean-Michel Blanquer a repris la main sur la question de la violence scolaire le 31 octobre. En réponse au mouvement #pasdevagues, il se range du coté des enseignants, du moins dans les mots. Ensuite il a su se placer pour la première fois dans une certaine continuité assumant l’héritage de Chatel et de Vallaud Belkacem. Mais les mesures concrètes restent faibles. Il ne suffit pas de citer l’importance du collectif dans les établissements . Encore faut-il lui donner les moyens d’exister.

Agir dans la continuité ?
"Faire respecter l’autorité des professeurs c’est l’ordre républicain". Face au mouvement #pasdevagues qui a démontré le vide du thème de "l’école de la confiance" en quelques jours, JM Blanquer reprend la main le 31 octobre. Il le fait de façon symboliquement très forte.

Premier symbole : JM Blanquer réussit ce que N Vallaud-Belkacem n’a jamais osé. Le ministre apparait entouré de 30 recteurs. Il se positionne en vrai chef de la maison Education. Et il redouble l’effet en faisant allusion, pour la première fois, à ce qui s’est fait avant lui. Le ministre cite les Etats généraux réunis par L Chatel à l’invitation d’E Debarbieux en 2010. Il cite aussi les rencontres qui ont suivi les attentats de 2015 sous N Vallaud-Belkacem. Il se place ainsi dans une continuité.

Une des mesures annoncées est d’ailleurs la réalisation d’une enquête de victimation des enseignants et personnels. E Debarbieux en avait réalisé une en Seine Saint Denis en 2012 qui a fait date. La nouvelle enquête devrait être publiée en juin 2019. L’enquête de 2012 avait notamment montré l’importance du harcèlement entre adultes dans les établissements.

Le "ministre des enseignants" ?
Second symbole : JM Blanquer multiplie les appels vers les enseignants. Il promet en cas d’agression d’un enseignant de simplifier la protection fonctionnelle et un accompagnement juridique et psychologique "systématique". Le professeur sera systématiquement accompagné par un membre de la direction lors du dépot de plainte.

Ce sont des points forts des annonces ministérielles. Le phénomène #pasdevagues a mis en évidence la rupture entre les enseignants et leur hiérarchie. Elle a aussi démontré la nullité du thème de "l’école de la confiance" qui a été l’étendard du ministre depuis 2017. JM Blanquer apporte par ces engagements une satisfaction symbolique forte aux enseignants. Interrogé par le Café pédagogique il affirme qu’il " accorde plus d’importance et de crédit à la parole du professeur qu’à celle de l’élève... Par définition ce que dit le professeur est la première parole au sens hiérarchique". Or concrètement, les enseignants souffrent de devoir se justifier et de voir la parole de l’élève opposée à la leur.

Ces propos ministériels ont aussi leur limite. Juridiquement des sanctions importantes ne peuvent être prises légalement qu’au terme d’une procédure contradictoire. Autrement dit les enseignants devront toujours faire un rapport et la parole de l’élève devra toujours être entendue et au même niveau. Sans témoins ou sans preuves, la parole du professeur ne vaudra toujours pas plus. Les propos ministériels ne vont rien changer à cela. Elle ne changera rien non plus au fait que la protection fonctionnelle (c’est à dire la défense de l’enseignant assurée par l’institution) est souvent refusée parce que le rectorat a une autre vision de l’incident. En dernier recours ce sont toujours les recteurs qui décideront de l’accorder ou pas. Or ils peuvent être juges et partie dans des affaires et l’expérience montre qu’ils ne font un usage des plus limités. Voir sur ce point le tchat de l’Autonome de solidarité.

Des mesures concrètes limitées
Sur le plan concret les mesures annoncées par le ministre restent faibles. Il y aura dans chaque établissement un registre numérique où seront inscrits les incidents et les réponses apportées. Les conseils de discipline seront "simplifiés" c’est à dire que le délai de convocation sera réduit et qu’ils ne comprendront que 6 membres au lieu de 14. Sur ce point les questions de la représentation des parents et des élèves demeurent. Après chaque exclusion l’élève sera dans une "période probatoire" d’un mois c’est à dire qu’il devra passer voir le CPE tous les jours. La présence ponctuelle d’un policier dans un établissement sera possible à la demande du chef d’établissement "quand le contexte le rend nécessaire". Sur ce point aussi il n’y a rien de neuf, els établissements ont déjà des contacts avec la police et n’hésitent pas à faire appel à elle quand c’est nécessaire.

Les réponses gouvernementales
Le ministre prend de la distance avec les mesures gouvernementales qui devraient être annoncées le 15 décembre. Il constitue un groupe de travail sur la violence scolaire confié à la rectrice Béatrice Gille. Ce groupe comprendra un maire et un parlementaire.

Des pistes gouvernementales , JM Blanquer ne parle que de la responsabilisation des familles de façon vague et de la création d’un nouveau type d’établissement. Le ministre veut relancer les classes relais, des dispositifs qui accueillent des collégiens exclus pendant quelques semaines. "Entre elles et les centres éducatifs fermés il manque quelque chose", dit-il. Il veut "tirer les leçons " des ERS que Sarkozy avait créé et des EPIDE, dont il dit beaucoup de bien. Citer ces deux dispositifs, très critiqués, notamment par E Debarbieux, c’est un signal envoyé au camp sécuritaire. JM Blanquer l’envoie mais sous la responsabilité du gouvernement...

Une réponse équilibrée ?

JM Blanquer se positionne aussi dans l’équilibre. "On n’encourage pas l’exclusion définitive. Elle n’est pas une bonne chose quand on déplace simplement le problème dans un autre établissement", précise t-il. Il demande une "palette de sanctions" qui doivent être "mieux ajustées". Le ministre défend les "mesures éducatives, proportionnées et justes". Il veut promouvoir les mesures de responsabilisation qui ne constituent aujourd’hui que 1% des sanctions. "Il faut progresser dans le partenariat avec les associations" demande t-il comme si c’était facile pour les établissements. Mais, une minute plus tard, il affirme son soutien aux lignes copiées, une sanction officiellement interdite depuis 1895, même si elle continue à être très présente à l’école et au collège. En fait JM BLanquer semble surtout multiplier les petites phrases pour donner raison à tout le monde...

Le ministre situe bien aussi la question de la violence scolaire en lien avec celle du collectif d’établissement. Il veut "assurer l’unité des adultes dans l’établissement", en y incluant le chef d’établissement. C’est effectivement la base d’une amélioration du climat scolaire et d’une baisse des tensions dans un établissement. Faire accompagner le professeur par un personnel de direction va en ce sens. Mais c’est une réponse faible. Pour que le collectif existe et fonctionne il lui faut des institutions, des moyens, des acteurs. Trois conditions sur lesquelles le ministre reste muet.

JM Blanquer a entendu la puissance du phénomène #pasdevagues et tente de reprendre la main. Il n’apporte pourtant aucun moyen , ni pour la formation, ni pour la diminution du nombre d’élèves par classe, ni pour faciliter l’existence de collectifs dans les établissements, ni pour la stabilité des équipes, ni pour redresser la position sociale des enseignants. Pour le moment, JM Blanquer tente simplement la guérison des maux avec des mots. Et il le fait bien.
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 31.10.18 : Violence scolaire : Blanquer donne des satisfactions symboliques

 

Voir aussi Mesures contre la violence : pas d’annonces après le Conseil des ministres du 30 octobre.

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