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Rapport Azéma-Mathiot : Trois questions à Marc Douaire, président de l’OZP (le Café)

6 novembre 2019

Education prioritaire : Trois questions à Marc Douaire (OZP)

Président de l’Observatoire des zones prioritaires, Marc Douaire voit dans le rapport Mathiot Azéma une véritable tentative d’effacement de l’éducation prioritaire. Et aussi un boute feu pour les banlieues populaires.

Le rapport préconise de remplacer les Rep par des politiques locales tournées vers la ruralité. Qu’en pensez vous ?

Le ministre a déjà supprimé le bureau de l’éducation prioritaire au ministère. Il est remplacé par un bureau "des politiques territoriales" qui gère aussi les politiques rurales et outre marines. Je ne suis pas persuadé qu’en mélangeant ainsi tous les problèmes on puisse atteindre des objectifs. Mais le rapport se situe dans cette orientation ministérielle.

C’est un rapport hors sol qui n’aborde pas les questions des réseaux, des activités des professionnels, du référentiel pédagogique. C’est une approche seulement technocratique. Il aurait été plus sage d’envisager en 2022 un bilan général de cette politique et d’ici là des mesures ponctuelles pour intégrer des écoles orphelines (écoles à population défavorisée mais non intégrée dans un Rep ou Rep+) ou travailler les effets de seuil.

Je crains qu’on assiste à un effacement de l’éducation prioritaire avec une éducation prioritaire réduite aux Rep+ et une fragmentation des anciens Rep. Selon les priorités des recteurs et des conseils régionaux l’accent sera mis sur les ruralités ou l’éloignement.

Quel effet aurait l’effacement des Rep ?

L’éducation prioritaire relevait le défi de la lutte contre les inégalités sociales à l’école. On voit s’opposer à cela la prise en compte de la diversité des territoires. Avec cette réforme les banlieues des minorités seront moins prises en compte que les familles françaises "de souche". C’est aussi cela qui est en jeu. Au risque d’une nouvelle révolte des banlieues...

Si le ministre s’engage dans cette voie le message sera très brutal pour les enseignants et pour tous ceux qui se sont engagés dans l’éducation prioritaire : les coordonateurs, les référents, les encadrants.. JM Blanquer ne joue pas les Girondins contre les Montagnards. Il refait ce qu’il a fait entre 2010 et 2012 avec la création des Clair et Eclair : une redéfinition idéologique de l’éducation prioritaire.

La suppression de la prime Rep c’est grave ?

Comment trouver demain des acteurs qui s’engagent si au bout de quelques années l’Etat se désengage brutalement. C’est impensable !

L’application des préconisations du rapport dessinerait une carte totalement nouvelles de l’éducation prioritaire. Si on supprime les Rep, des académies entières quittent l’éducation prioritaire. Ainsi en Bourgogne Franche Comté on ne compte que 5 Rep+. A Bordeaux 3 seulement. Voilà des régions qui quitteraient l’éducation prioritaire. Pour cette politique nationale il ne resterait plus que l’Ile de France, Rhône Alpes et les Hauts de France ! C’est une nouvelle carte de France qui se dessine et la fin d’une politique vraiment nationale d’éducation prioritaire.

Propos recueillis par François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 06.11.19

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1 Message

  • Une nouvelle réforme de l’éducation prioritaire ?

    7 novembre 2019 10:01, par GUILLAUME François-Régis

    Une nouvelle « réforme » de l’éducation prioritaire ?
    Le ministre annonce qu’il « se donne du temps » avant de réformer l’éducation prioritaire, dans la suite des propositions du rapport Azema Mathiot. Avant de prendre position sur le fond de ce rapport, trois remarques préalables s’imposent pour un débat utile.
    Une donnée impressionnante circule pour appuyer l’idée d’une réforme profonde de l’éducation prioritaire : 70% des enfants des catégories populaires seraient accueillis en dehors des REP. C’est oublier que les difficultés des écoles et collèges de certains territoires ne sont pas simplement corrélées avec la proportion d’enfants des classes populaires (ce qui sous-entendrait que l’Ecole de la République ne serait pas capable de les accueillir !) mais avec la concentration sur ces territoires de familles en situation de précarité. Cette précarité ne peut heureusement pas être mesurée par les statistiques disponibles an niveau national, mais ces territoires peuvent très bien être identifiés sur le terrain. La distinction entre REP renforcés et REP ordinaires en découlait. Sa pertinence est confirmée dans le Rapport Azema-Mathiot.
    Le second thème ressassé : les résultats de l’éducation seraient « décevants ». C’est oublier que l’on se réfère à des données antérieures à la refondation de 2014 ; refondation qui était justifiée par l’absence de mise en œuvre réelle des principes de l’EP, expliquant la médiocrité des « résultats ». C’est pourquoi l’OZP a insisté pour que, conformément à ce qui avait été prévu en 2014, une première évaluation ait lieu 5 ans après 2014 et que l’OZP a pris l’initiative d’une enquête faisant remonter l’opinion des acteurs de terrain. Le ministre a balayé, sans aucune évaluation, une mesure essentielle prise en 2014 : le développement du dispositif « Plus De Maîtres Que De Classes » pour financer partiellement une mesure beaucoup plus couteuse : les dédoublements de classes en CP/CE 1 et bientôt en grande section de maternelle. Les remontées de l’enquête de l’OZP montreront que l’engagement des enseignants dans ce dispositif (PDMQDC) qui favorisait le travail collectif et l’évolution des pratiques professionnelles alors que les dédoublements renvoient les maîtres à leur solitude.
    Ce qui introduit un 3ème thème oublié dans les médias : la refondation privilégiait « l’entrée par la pédagogie ». Alors que la refondation misait sur le travail collectif et sur des moyens de formation affectés dans les réseaux pour développer les pratiques les plus performantes dans le cadre d’un référentiel de l’éducation prioritaire, les évaluations en début de CP et encours d’année instaurent autoritairement une pédagogie pseudo-scientifique conduisant à une « primarisation » de la grande section de maternelle. Le ministre proclame la réussite de son opération alors qu’une lecture honnête de ces résultats montre au mieux l’absence de progrès.
    F R Guillaume

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