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Les effets du Covid sur les jeunes enfants et les étudiants. Faciliter le mentorat (entretien de VousNousIls avec Boris Cyrulnik)

9 février 2021

Boris Cyrulnik : « nous vivons une catastrophe de civilisation »

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik présente son dernier ouvrage et son regard sur les conséquences de la crise du Covid-19 pour les élèves et les étudiants.

On a beaucoup parlé des conséquences de la crise sanitaire pour les aînés. Quel regard portez-vous sur celles-ci pour les plus jeunes… ?

[...] Mais si le confinement est une protection physique, c’est aussi une immense agression psychique.

Neurologiquement, notre cerveau ne fonctionne correctement que s’il est stimulé par d’autres cerveaux autour de lui. C’est un rouage essentiel de notre fonctionnement, et particulièrement pour les enfants qui cherchent cette altérité auprès de leurs copains. Cette pandémie nous donne l’occasion de comprendre que l’homme, l’humain, n’est rien d’autre qu’un élément de la nature. Et, individuellement, nous avons tous notre propre manière d’être hommes ou femmes, sculptés par notre milieu, notre environnement, y compris pendant une catastrophe.

C’est le propos de votre dernier livre, « Des âmes et des saisons. Psycho — écologie » (Odile Jacob – 2021), dans lequel vous détaillez comment notre environnement agit sur le cerveau avant même la naissance.

[...] On constate pourtant que de plus en plus de jeunes, étudiants notamment, qui bénéficient d’une histoire familiale apaisée et d’un cadre de vie sain, manifestent des troubles anxieux voire des formes de dépression. Selon un récent sondage de la Fondation FondaMental, 2 jeunes sur 3 estiment que la crise va avoir des conséquences négatives sur leur propre santé mentale.
Oui, parce que tout cela reste une structure interactionnelle constamment évolutive. Ce que je viens de décrire a été observé lors d’un premier confinement. Mais la répétition des contraintes, les perspectives d’avenir qui se réduisent amènent un certain nombre de ceux que j’appelle les « biens partis » à se fissurer également.

Pour les lycéens et les étudiants entre aussi en jeu la question des cours par écran. Eux aussi se répètent, se multiplient. J’ai moi-même monté des cours en MOOC lorsque j’étais doyen du pôle Environnement Judiciaire École Nationale de la Magistrature.

J’avais soigneusement préparé mes interventions, j’ai pourtant constaté, à la fin du cursus, qu’une majorité des inscrits avaient décroché.

[...] C’est d’ailleurs aussi ce que propose l’université de Mons, avec laquelle je travaille, lorsqu’elle organise du mentorat par d’anciens étudiants. Peut-être que faciliter une forme du tutorat entre anciens étudiants, lycéens et actuels étudiants – en respectant la distanciation, bien sûr- donnerait un peu d’air à tout le monde. Mais je rejoins la Société française de pédiatrie qui estime qu’il faut autant que le contexte sanitaire l’autorise, maintenir les écoles ouvertes.

Extrait de vousnousils.fr du 08.02.21

 

Présentation éditeur

Des âmes et des saisons - Psycho-écologie
Boris Cyrulnik
Edition Odile Jacob
Édition brochée

« L’impact du milieu n’a pas le même effet sur un bébé, sur un adulte, selon la construction physique et mentale de chacun. Ce que nous sommes aujourd’hui n’est pas ce que nous serons demain, marqués, expérimentés et souvent blessés par l’existence. Notre corps et notre esprit modifiés par la vie devront s’adapter à un monde toujours nouveau.
Les hommes et les femmes, les pères et les mères, voient leurs places respectives bouleversées par une nouvelle donne qui chamboule les schémas traditionnels du masculin et du féminin et qui redistribue l’identité et le rôle de chacun dans le couple et dans la famille.
Notre culture a perdu la boussole, nous naviguons à vue, bousculés par les événements, errant là où le vent nous porte. Il nous faut reprendre un cap, car nous venons de comprendre que l’homme n’est pas au-dessus de la nature, n’est pas supérieur aux animaux, il est dans la nature. La domination, qui a été une adaptation pour survivre, aujourd’hui ne produit que du malheur.
Une étoile du berger nous indique cependant la nouvelle direction, vers l’unité de la Terre et du monde vivant. » B. C.

Extraits

Extrait de odilejacob.fr

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