Retour sur le séminaire OZP du 5 décembre 2015 : La formation des enseignants en éducation prioritaire : le compte rendu détaillé et les commentaires du SGEN-CFDT

16 décembre 2015

Note du Quotidien des ZEP (QZ) : Nous publions avec beaucoup de retard ce compte rendu mis en ligne par le Sgen dès le 12 décembre et qui a échappé à notre veille. Avec toutes nos excuses !

Le Sgen-CFDT était présent au 8ème séminaire professionnel OZP des acteurs et pilotes de l’Éducation Prioritaire (EP), le samedi 5 décembre 2015. Le thème de cette journée était la formation des personnels en éducation prioritaire

En ouverture, Marc Douaire a rappelé que la refondation de l’EP s’inscrit dans une continuité avec l’objectif constant de réduire les écarts entre les élèves de l’EP et les autres élèves. La culture de projet, ancrée sur la mise en place des réseaux et du cadre proposé par le référentiel EP, doit permettre la mise en place d’un "collectif professionnel".

Les différents acteurs de la journée souligneront que les dynamiques pédagogiques impulsées en éducation prioritaire contribuent à l’évolution du système éducatif dans son ensemble. En REP+, la mise en place des formateurs académiques intervenant sur le pôle pédagogique, le dispositif plus de maîtres que de classe dans les écoles, la pondération du temps de service, le fonctionnement en réseau, le renforcement du pilotage... doivent permettre une évolution progressive et collective des pratiques.

Dans ce sens, la journée sera consacrée aux questions de formation, avec un accent mis sur la création, dans la refondation de l’EP 2014, d’un vivier de formateurs académiques, intervenant, pour l’instant, dans les REP+ (100 formateurs l’an passé, et un second groupe formé en 2015).

L’ensemble des intervenants mettront en évidence la nécessité de créer, ce que certains appelleront un "éco-système de formation", pour un "réseau apprenant", partageant une "culture commune".

L’idée développée étant le caractère expérimental à initier autour de collectifs, dans une dynamique de réflexion et de propositions, au plus près des besoins de chaque réseau, appuyés par de nouvelles formes de pilotages.

La journée s’est organisée autour d’une intervention de Marc Bablet (chef du bureau de l’EP à la DGESCO).

Cette intervention a été suivie de deux tables rondes (la première avec des enseignants formateurs et coordonnateurs, la seconde avec le président du GFEN, le directeur du centre A. Savary, et un IA-IPR) et d’une intervention de clôture de Ollivier Hunault, Inspecteur Général de l’Éducation Nationale (groupe éducation prioritaire) qui rappellera que la ministre a demandé une évaluation pédagogique sur les effets au sein des équipes de la formation des formateurs, et qu’une première étude est menée dans les REP+ préfigurateurs.

Lors de ces tables rondes, les intervenants ont abordé de façon croisée, les thèmes suivants :

 Les enjeux de formations en EP
 La notion de pilotage
 Les modalités d’intervention pour ces formations académiques
 La nécessité de créer des liens avec la recherche
 La proposition de ressources
 Des exemples d’organisation de concertation

Sur ces problématiques de formation et de pilotage en Éducation Prioritaire, le Sgen-CFDT soutient cette mise en place d’une formation académique, et le processus de formation de formateurs qui est en cours. Les interventions de cette journée montrent que de nombreuses pistes sont lancées pour concourir à la mise en place de ce "collectif professionnel", accompagnant la dynamique de formation au sein des réseaux.

Pour accompagner et renforcer ce mouvement, le Sgen-CFDT tient cependant à rappeler ses revendications pour :
 Des pilotages collectifs où chacun des acteurs soit reconnu dans des missions bien définies,
 Renforcer le rôle, dans ces pilotes, des directeurs d’école, des coordonateurs de réseau, des profs référents,
 Pérenniser ces formations et une extension aux REP (qui sont exclus à ce jour, de quasi, toutes les mesures pédagogiques de l’EP),
 Une organisation cohérente et respectueuse du travail de chacun dans la mise en place des temps de formation et de concertation (utilisation sensée de la pondération REP+),
 Un partenariat renforcé avec des équipes de recherches pour un accompagnement, sur le terrain,
 Un droit à ces formations pour tous les personnels.

Extrait de sgen.cfdt.fr du : Observatoire des Zones Prioritaires (OZP) : la formation des personnels en Éducation Prioritaire

 

Annexe :

Première intervention : Marc Bablet, chef du Bureau de l’Education Prioritaire à
la Degesco

Mr Bablet, insiste sur la dimension systémique du référentiel qui invite à penser la
formation collective, et souhaite que "les équipes des réseaux, se mettent en
dynamique de recherche. Que le réseau devienne un réseau "apprenant"".
Il a développé les points suivants :

*La nécessité de repenser l’accueil des personnels qui arrivent en EP.

*La formation continue :
 Mettre à disposition des ressource théoriques de qualité,
 Répondre aux interrogations des collègues, y compris en formation initiale.
 Permettre des temps de confrontation de points de vue et de co-construction de
solutions face aux problèmes rencontrés.

*L’accompagnement, encore assez récent dans nos pratiques, qui peut être conduit
par un pair, un formateur, un inspecteur... (visite conseil). Il suppose une ceraine co
 évlaluation de la situation, travailler ensemble sur l’explicitation des pratiques.
Conduire cet accompagnement dans la durée, doit s’appuyer sur la confiance réciproque nécessaire pour engager des transformations.

*La formation de formateur.
Mr Bablet précise que le plan de formation est construit par une équipe : Degesco / ESEN / Centre A. Savary / l’IFE / IGEN / Universitaires rassemblés / Militants
pédagogiques.
Ce groupe travaille sur de grands objectifs :
 Approfondir la connaissance théorique des thèmes du référentiel.
 Travailler ensemble la mise en place des objectifs du référentiel
 : scolarisation des moins de trois ans, maître + etc.
 Réfléchir à la mission des formateurs en EP et constituer une équipe de formateurs
académiques. (Mr Bablet précisera que les anciens profésseurs référents peuvent
être conservés au regard de la pertinence de leurs actions, mais qu’ils peuvent aussi
évoluer vers la fonction de formateur académique... On maintient le principe, mais on
oriente sur la formation...)

* L’accompagnement de la dynamique de travail en EP (c’est une commande de la
ministre)
 tenue du tableau de bord, visite, formation et garantie, pour l’an prochain, avec une
démographie stable, de garder les moyens avec un renforcement des actions sur le
premier degré.

 

Thématiques croisées développées lors des deux tables rondes
Quels sont les enjeux de ces formations en EP ?

Jacques Bernardin, Président du GFEN
Former ce n’est ni informer, ni conformer c’est plutôt transformer le rapport au métier
Il convient d’envisager une temporalité favorable aux essais, aux reprises réflexives...
dans un processus de développement simultanément individuel et collectif.
L’enjeu est d’impulser des dynamiques d’équipe dans la durée pour construire une
culture commune.
Il s’agit :
 D’harmoniser les visées et objectifs pédagogiques, à partir de l’identification des
problèmes professionnels récurrents.
 De mutualiser, formaliser, outiller théoriquement et pratiquement.
 D’évaluer les effets.
 De développer la créativité individuelle et collective pour aller vers une organisation
auto-apprenante.
Mr Bernardin identifie entre autres, trois difficultés.
 Le regard porté sur les élèves et leurs familles.
 Les modes de gestion des différences qui, trop souvent, tendent à accroître les
écarts.
 L’hétérogénité, qui apparait en serpent de mer en EP notamment et qui doit être
réfléchie en ressource.

A. Pothet, IA IPR de SVT et coordonnateur de l’EP sur Créteil, invite à créer un éco
 système de formation. Dans son académie, il existe actuellement 17 formateurs,
pour 34 réseaux, et un travail collectif entre formateurs et IA-IPR est engagé. Il s’agit
pour lui de :
 Former les pilotes qui suivront les équipes dans les établissements.
 Développer des outils numériques au service de ce partage et des apprentissages.
 Outiller aussi l’évaluation des élève (les formateurs viennent interroger les équipes
sur leurs démarches d’évaluation, et sont former pour le guidage).
 Proposer une enquête visant à recueillir les perceptions des élèves, sur leur vie
dans l’établissement.

Patrick Picard, directeur du centre Alain Savary, souligne la nécessité, pour penser
ces formations, de mettre en lien les différent acteurs, de casser cette dialectique "eux qui réfléchissent" et "nous sur le terrain".
Il convient de concilier, "d’hybrider" les formats pour que formations et accompagnement aillent de soi pour les acteurs.

Nicolas Leyri, coordonnateur REP+, reprend cette idée de "co-construction" et de
culture commune. Il souligne que l’enjeu est de faire naître au sein des équipes un
sentiment d’appartenance, de reconnaissance.
Il est important pour lui de permettre aux enseignants de partir de là où ils sont, de
faire le chemin vers cet objectif de réduction des écarts en EP... Il faut que ces formations suscitent un sentiment de sécurité, de contrôlabilité, d’appartenance et de
compétences.
Des formations à imaginer au sein de nouveaux pilotages.
N. Leyri précise que ces changements co-construits n’auront lieu, que si le formateur
et le coordonnateur travaillent en lien avec les pilotes du réseau.

J.-P. Fournier , formateur et coordonnateur, souligne la difficulté de constituer ces
pilotages à l’interface de différents acteurs aux priorités parfois multiples...
Les formations premiers et second degré sont par ailleurs encore séparées.

M. Bablet précise qu’une articulation des PAF est en cours.

Pour A. Pothet, le pilotage doit également être pensé en lien avec une politique pluri
 annuelle de formation (ou les plans départementaux et académiques de formations
sont articulés).

Les modalités d’intervention pour ces formations académiques
Patrick Picard pose d’emblée trois questions à se poser dans l’élaboration de ces
dispositifs : est-ce qu’ils sont utiles, utilisables, acceptables ?
Il pose ensuite cinq dimensions pour envisager une formation :
 Lire ensemble le réel et se doter d’outils communs pour observer le réel. Se demander ce qu’ils gagnent ou ce qu’ils perdent à faire ce que l’on fait... Quels
sont les gestes professionnels fait-on sans les connaître ?
 Faire connaître le prescrit.
 Partager des cadres théoriques de référence. C’est parce que nous pensons dans
des disciplines que nous pouvons appréhender le monde.
 Ne pas laisser les gens se débrouiller avec des outils.
 Envisager le suivi des formations : alterner présentiel et à distance.

Arbya Eichi, qui anime des formations retrace les grands principes du formateur
 Réaffirmer la posture d’accueil. Accueillir les enseignants là où ils sont.
 Avoir une réflexion collective pour identifier les besoins des équipes au regard des
élèves qu’ils ont.
 Accorder de l’importance de la dimension temporelle. Etre présent de la co-
analyse, à l’accompagnement sur le terrain, à la co-évaluation... Etre avec eux pour traduire la théorie en gestes professionnels sur le terrain.
 Avoir des temps privilégiés pour être dans ces allers-retours.
 S’interroger aussi en tant que formateur à la dimension "explicite" de la formation.
Comment s’inscrire, en tant que formateurs, en synergie avec les professions et
missions existantes ? Que chacun puisse "co-penser", de la place où il est ?
 Insister sur la notion de pérènnisation des actions. Dans ces problématiques de turn-over enseignants, ne pas faire reposer les changements sur des personnes, mais
que cela repose sur une culture commune.

La nécessité des liens avec la recherche

J.-P. Fournier souligne l’importance des apports théoriques dans les formations, qui apportent une certaine légitimité. Cet acteur précise cependant qu’il n’est pas rare,
de se heurter, chez les enseignants, comme chez les personnels de direction ou
d’inspection parfois, a des réticences. Un travail, à l’image d’autres pays est à
engager sur ces allers-retours "théorie pratique".
Les formateurs, dans leurs interventions, peuvent en outre faire appel à d’autres
acteurs, chercheurs, universitaires... pour aborder certains thèmes définis avec les
équipes.

Dans son académie, A. Pothet travaille sur ces partenariats et cherche à voir
comment les questions qui sont posées dans les réseaux peuvent croiser les
questions de recherche.
Il imagine la création d’un séminaire de convergences, pour une recherche
accompagnement.
La démarche de recherche en tant que telle pouvant être considérée comme élément
de formation pour les équipes en recherche sur des obsacles pédagogiques.
Dans l’académie, les enseignants eux-mêmes ont la possibilité de participer à des
colloques et des séminaires.
L’effet de cette formation, permettant "une sortie et une entrée "renourrie"", est déjà
jugé positif.
Il s’agirait dans chaque académie de faire une veille des séminaires en lien avec les
besoins de réseau et de les proposer aux équipes.

Proposition de ressources
P. Picard est au coeur d’un dispositif proposant des outils de formation.
Il invite à aller sur les différents sites académiques, le site de la Dgesco, le site A.
Savary.
Et plus précisément, l’adresse Bit.ly/foforep offre des ressources pour la formation
des formateurs.
"Néopass action" constitue également une base de données de 1200 vidéos qui
peuvent s’accompagner de formation.

Exemples d’organisation pour travailler avec les équipes en réseau.
Plusieurs propositions de forme de travail, de mobilisation des équipes ont été
évoquées. Nous vous en relatons certaines.
Dans l’académie de Créteil, second degré, existe la possibilité pour
les équipes de réseau de demander des formations locales. Chaque réseau dispose d’un crédit de 2,5 jours. Cela sera expérimenté au premier degré l’an prochain.

Dans le réseau de N. Leyri ont été mis en place des mercredis après-midi interdegrés de la maternelle à la 3ème, autour des axes du projets de réseau (relation famille, climat scolaire, mathématiques, numérique. ). Dans chaque groupe sont présents des enseignants inter-degrés, des IEN, IA-IPR, etc... L’ animateur est choisi parmi les membres. L’idée première étant le partage de compétences au sein du réseau. Ces groupes, travaillent au moins deux ans ensemble sur les thèmes.

Dans le réseau de J.-P. Fournier, un créneau 15h00-17h30 est libéré tous les mardis, pour les PE et les PLC. Ce temps, de concertation ou formation s’organise autour d’un choix de 3 thématiques, et est animé par les formateurs.

A. Eichi propose des dispositifs avec des visites croisées PE-PLC. Les PE viennent voir les groupes de besoin avec les élèves suivis en PPRE.
A partir de ces regards partagés, s’en suivent des questionnements sur les points
des programmes, les problématiques d’apprentissage communes... qui seront repris
en formation.
Ces journées interdegrés nécessitent un temps en amont où les enjeux sont de
 Se familiariser avec la posture, définir un cadre éthique d’observation, définir des
observables en lien avec les objectifs du réseau.
 Identifier les "passages à risque" dans une journée de classe.
 Identifier des entrées disciplinaires : ex : "construire un parcours de l’élèves en maths...".
Cette formatrice a également partagé son expérience d’analyse de pratique, en
partant de situations pédagogiques qui posent questions, ou justement, qui, "marchent plutôt bien", de façon à mettre en évidence les éléments facilitants, porteurs du dispositif et de la démarche.

Répondre à cet article