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L’Observatoire des inégalités vient de publier son rapport 2020-2021 sur la pauvreté en France : "les jeunes en première ligne"

28 novembre 2020

Rapport sur la pauvreté en France, deuxième édition 2020-2021, Observatoire des inégalités, sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, éditions de l’Observatoire des inégalités, novembre 2020

Le « Rapport sur la pauvreté en France 2020-2021 » vient de paraître
Quels sont les effets de la pandémie sur la pauvreté ? Un grand nombre de données manquent encore. Mais d’ores et déjà, notre Rapport sur la pauvreté en France permet de planter le décor et de comprendre la crise sociale actuelle. Noam Leandri et Louis Maurin vous présentent l’ouvrage qui vient de paraître.

L’épidémie de coronavirus a déjà fait plus de 40 000 morts en France. Pour se protéger, notre pays a dû mettre en pause son économie. En 2020, la récession atteindra des niveaux inégalés depuis la dernière guerre mondiale. Nous allons en payer les dégâts, avec une progression attendue et dévastatrice du chômage. Compte tenu aussi de la perte de revenus subie par les demandeurs d’emploi, de la baisse d’activité de certains non-salariés, plusieurs centaines de milliers de personnes ont déjà basculé sous le seuil de pauvreté.

C’est donc dans un contexte difficile que l’Observatoire des inégalités publie ce second Rapport sur la pauvreté en France. La première édition, il y a déjà deux ans, avait connu une grande audience et nous avions dû en faire une seconde impression. Ce nouveau document actualise les données de 2018 et offre de nouveaux éclairages. Malheureusement, un grand nombre de données manquent encore – les revenus sont connus avec deux années de décalage en France, comme dans la plupart des pays – mais, d’ores et déjà, nos éléments permettent de planter le décor, de comprendre la crise sociale actuelle.

Ce rapport sur la pauvreté est rédigé volontairement dans un langage accessible au plus grand nombre, alors que les documents qui existent sur le sujet sont le plus souvent réservés à des spécialistes. Nous visons une large diffusion pour servir de point de départ à une discussion éclairée sur les politiques sociales. Nous cherchons aussi à faire la part des choses dans un débat polarisé entre ceux qui, pour alerter, exagèrent la pauvreté dans notre pays, et ceux qui ne veulent pas voir les difficultés sociales de certains de nos concitoyens. Rappelons que nous optons dans ce rapport pour le seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian [1], plus faible que le seuil de 60 % qui est le plus souvent utilisé. Il aboutit à un nombre de pauvres presque deux fois moins élevé (cinq millions contre neuf millions), mais permet un focus sur des populations en grande difficulté.

Oui, la France reste l’un des meilleurs modèles sociaux au monde qui protège mieux les pauvres que la plupart des autres pays riches. Non, cela ne veut pas dire que la situation n’est pas inquiétante, et on peut comprendre que tous ceux qui, au quotidien, soutiennent les plus démunis s’insurgent. La pensée binaire, en noir et en blanc, permet de s’invectiver, de faire le « buzz », notamment sur les réseaux sociaux en jouant à qui hurle le plus fort. Nous voulons à travers ce document proposer quelque chose de différent, de plus nuancé, mais qui nous semble davantage refléter la réalité sociale de notre pays.

Les jeunes en première ligne
Le document que nous publions présente des graphiques et des tableaux de données commentés qui permettent de mesurer avec précision l’état de la pauvreté, d’évaluer les difficultés des plus démunis, de montrer ce qui s’améliore et ce qui se détériore. Il montre notamment l’évolution du taux de pauvreté, du nombre de personnes pauvres, du seuil de pauvreté, ainsi que les caractéristiques (âge, sexe, diplôme, etc.) des personnes touchées. Dans cette édition, nous avons choisi de mettre particulièrement l’accent sur la pauvreté des jeunes, les premiers touchés par le ralentissement économique. Les moyennes générales masquent souvent l’impact plus important d’un phénomène sur des catégories spécifiques. Nous donnons aussi un certain nombre d’éléments nouveaux sur les territoires, en particulier les données sur la forte pauvreté dans les départements d’outre-mer.

Ce second Rapport sur la pauvreté en France rassemble aussi un grand nombre de paramètres pour aider le lecteur à mieux comprendre les faits et à élargir son champ de vision. Des encarts expliquent, par exemple, les différentes manières de mesurer et d’appréhender la pauvreté. Nous évaluons en particulier le nombre des « invisibles », ceux qui échappent à toute statistique. Nous présentons aussi les différents concepts voisins de la pauvreté. Nous étendons la pauvreté à des mesures non monétaires et, enfin, nous comparons les niveaux de vie des plus démunis à ceux du reste de la population.

Le diagnostic est établi. Les pouvoirs publics sauront-ils apporter des réponses à la hauteur ? Il n’est pas trop tard pour éradiquer la pauvreté, comme le promettait le président de la République en 2018. Notre système social, très performant, n’est plus qu’à un doigt d’y parvenir. Pour cela, il faut mettre en place, non pas un revenu universel, mais un revenu minimum unique qui garantisse la sortie de la pauvreté des plus démunis, sans exclure personne, notamment les plus jeunes comme cela est le cas aujourd’hui.

La majorité au pouvoir, qui a largement soutenu le niveau de vie des plus riches, continue à faire la sourde oreille aux demandes pour plus de justice sociale, alors même que l’épargne a progressé du fait du confinement. Les attentes, exprimées notamment par les organisations de soutien aux plus démunis, sont grandes. Le gouvernement risque bien de regretter plus tard son cynisme social.

Noam Leandri et Louis Maurin, président et directeur de l’Observatoire des inégalités

Vidéo
Louis Maurin présente les points-clés du rapport en trois minutes.

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Extrait de inegalites.fr du 26.11.20

 

Voir aussi

Observatoire des inégalités : quels effets de la crise sanitaire et économique sur la pauvreté ?

[...] "Les jeunes vont payer l’addition en matière d’emplois et de revenus"
Le rapport 2020 proprement dit met tout spécialement en exergue la situation des jeunes. "Le choix de traiter ce thème est antérieur à la pandémie de Covid-19", a précisé Anne Brunner, la directrice des études de l’Observatoire, "mais les jeunes font partie des plus exposés à la pauvreté et les plus touchés par la crise en cours". Elle insiste également sur la "pauvreté invisible des jeunes adultes". Pour Louis Maurin, "les jeunes vont payer l’addition en matière d’emplois et de revenus".
Un seul chiffre suffit à mettre en évidence cette situation : la moitié des personnes pauvres ont moins de 30 ans. Par ailleurs, le taux de pauvreté des jeunes de 18 à 29 ans a progressé de plus de 50% entre 2002 et 2018, passant de 8% de la tranche d’âge à près de 13%. Parmi ces derniers, les plus vulnérables sont les jeunes les moins qualifiés issus des milieux populaires. Et, quoi qu’on en dise, la formation reste le meilleur rempart : 81% des pauvres (toutes tranches d’âges confondues) ont au mieux le bac.
Même s’il n’hésite pas à provoquer un peu en affichant que "les enfants pauvres n’existent pas" – "Ces enfants vivent dans la pauvreté, mais ils ne sont pas pauvres par eux-mêmes : ils ne sont pas des enfants pauvres mais des enfants de pauvres" –, le rapport se penche également sur la situation des enfants. La pauvreté résulte alors le plus souvent du fait d’être élevé par un adulte seul : 39% des enfants de famille monoparentales vivent dans la pauvreté (au seuil de 60%, le seul disponible pour étudier la pauvreté des enfants), contre 15% des enfants élevés au sein d’un couple. L’Observatoire rappelle néanmoins que les enfants de pauvres sont beaucoup plus nombreux à vivre avec leurs deux parents qu’au sein d’une famille monoparentale.

Extrait de banquedesterritoires.fr du 26.11.20

 

« Les jeunes vont payer l’addition en matière d’emplois et de revenus » après cette pandémie

On s’est rendu compte que ça commençait à très mal aller dans les cités universitaires », relate ainsi François Barillot, bénévole aux Restos du Cœur, à l’initiative de distributions spécifiques. « Les boursiers n’arrivent plus à boucler leur budget : tous les petits boulots destinés au monde étudiant, comme les extras dans la restauration ou le baby-sitting ont disparu. » Le constat est le même partout, étudiant ou pas : « Il y a des choses qui aidaient les plus éloignés de l’emploi à tenir, comme les petits trafics, la vente de cigarettes, décrit Yves Ravot, responsable du département jeunesse d’ATD Quart Monde. Tout cela s’est terminé avec le confinement. »

S’il est encore trop tôt pour objectiver ce constat avec des chiffres, les économistes en valident le principe. « On a effectivement l’intuition que cette population souffre beaucoup depuis le début de la crise, confirme Elise Huillery, professeure à Paris-Dauphine et membre du Comité d’évaluation de la stratégie nationale contre la pauvreté. Les emplois intérimaires, les premiers à avoir été supprimés dans les entreprises, les services à la personne, qui ont eux aussi disparu massivement, sont souvent leur source principale de revenus. » Le secteur de l’hôtellerie-restauration, le plus fortement touché, fournit des contrats courts ou des « extras » à des bataillons de jeunes. « Etant les plus à risque d’occuper des emplois temporaires, les nouveaux arrivés sur le marché du travail ont été les premières victimes de la crise économique », confirmait l’Insee dans une note en octobre 2020.

« Une sorte de double peine »
Quant au chômage, malgré une hausse encore contenue en 2020, « il constitue une sorte de double peine » pour les jeunes, comme le pointe Lucas Chancel, co-directeur du Laboratoire sur les inégalités mondiales à l’Ecole d’économie de Paris, compte tenu des conditions d’accès aux allocations et à leur faible montant. « Les plus précaires n’ont pas droit aux aides destinées aux victimes de la crise, parce qu’ils n’ont pas acquis le minimum de droits pour y accéder », résume cet économiste proche de Thomas Piketty.

Extrait de lemonde.fr du 26.11.20

 

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