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"L’avenir de la République commence en banlieue", Hacène Belmessous : l’histoire négligée des banlieues populaires ; une démission politique au bénéfice du religieux (revue Esprit)

22 janvier 2021

L’avenir de la République commence en banlieue
par Hacène Belmessous
Esprit, janvier 2021
La fortune de la notion de "séparatisme" dans le débat politique récent paraît postuler que l’islamisme se serait autoproduit dans la société française. L’histoire des banlieues populaires montre au contraire que face à une demande de reconnaissance et d’égalité, l’État a souvent démissionné, au bénéfice du religieux.

Intertitres :
L’histoire négligée des banlieues populaires
Les jeunes révoltés des Minguettes et des communes populaires alentours réclamaient une égalité des droits, exprimaient ce désir fondamental d’être les pairs de leurs semblables.
Une démission politique au bénéfice du religieux.

[...] Comment tout cela va-t-il finir ? Le reconfinement dans certains quartiers populaires pourrait, comme au printemps dernier, renforcer la relégation sociale de leurs habitants, pris dans l’étau du discours islamiste et de la violence des bandes organisées, auxquelles des années de revenus croissants dans l’économie informelle de la drogue – une activité menée en toute impunité face à un État souvent passif - ont conféré un pouvoir destructeur sur ces lieux. Le virus y a du reste fait plus de morts qu’ailleurs. Et l’école à distance a amplifié le phénomène de décrochage scolaire et son contrecoup, le repli de jeunes sur eux-mêmes et sur une communauté de pairs nourris à la haine et au revanchisme contre un monde qu’ils jugent injuste à leur endroit.
Dans ce contexte démobilisateur et de confinement psychosocial, le ciblage des habitants de ces quartiers par les discours néo-populistes post-attentats ne fera qu’amplifier cette fracture territoriale. Or, c’est parce que l’État, en tant qu’acteur politique, a cédé les banlieues populaires à une logique séparatiste, ce séparatisme social qui est à l’origine de ces radicalités mortifères, que nous en sommes là aujourd’hui. Il reste maintenant à souhaiter de nos gouvernants qu’ils soient à la hauteur de ce défi majeur : remettre ces cités minorisées dans notre espace du droit commun, et reconnaître à ses habitants leur condition de pairs de leurs semblables, ces Français qui vivent dans les métropoles et les banlieues favorisées. Quand on se vit comme l’égal en droit de l’Autre, quand ce qui donne sens à son existence sociale s’affirme dans la communauté nationale sans distinction sociale, alors tout peut redevenir possible.

Extrait de esprit.presse.fr de janvier 2021

Note. Hacène Belmessous est "chercheur indépendant et écrivain"

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