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Paul Devin sur son blog Mediapart : la pérennisation des jardins d’enfants votée par le Sénat est "une nouvelle marchandisation de l’école maternelle"

27 mars

Nouvelle marchandisation de l’école maternelle
Une loi vient d’autoriser les jardins d’enfants à assurer la scolarité obligatoire des élèves de 3 à 6 ans. Elle ouvre davantage encore la possibilité d’une ouverture au marché de l’économie concurrentielle pour l’école maternelle.

Paul DEVIN
Syndicaliste, Paul Devin a été inspecteur de l’Education nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. Il est actuellement le président de l’Institut de Recherches de la FSU

Alors qu’elle instituait par son article 11 l’obligation scolaire à 3 ans, la loi Blanquer (1) avait accordé un sursis temporaire aux jardins d’enfants. Il leur permettant d’accueillir, hors structure scolaire, des enfants concernés par l’obligation scolaire et ce jusqu’à 6 ans. Cette mesure devait prendre fin en 2024, les jardins d’enfants étant censé se transformer en écoles maternelles privées hors ou sous contrat ou se recentrer sur l’accueil des deux ans tout en complétant éventuellement leur activité par une offre péri ou extra-scolaire.

Une loi vient d’être votée qui permet la pérennisation des jardins d’enfant (2). La scolarité obligatoire d’un élève pourra donc désormais s’exercer hors d’une école.

Mais les parlementaires sont allés encore plus loin. Ils ont ouvert cette possibilité non seulement aux jardins d’enfants publics mais pour toute structure recevant un financement public. La loi Blanquer avait déjà largement facilité le subventionnement des écoles maternelles privées, la loi votée par le Sénat 19 mars 2024 ouvre davantage encore la possibilité d’une ouverture au marché de l’économie concurrentielle pour l’école maternelle. On peut estimer que pour bien des initiatives privées, le jardin d’enfants va devenir une modalité plus aisée que la création d’une école maternelle. Ce sera d’autant plus vrai que le niveau de diplomation requis des éducateurs de jeunes enfants (Bac+3) est inférieur à celui des enseignants de maternelle (Bac+5).

Parmi les députés ou sénateurs qui ont défendu et voté l’obligation scolaire à 3 ans en 2019, certains expliquent aujourd’hui qu’il faut sauvegarder le modèle original des jardins d’enfants du fait de sa spécificité non scolaire ! Difficile de ne pas y voir un paradoxe. Pourquoi voulaient-ils élargir l’obligation à 3 ans si un modèle de prise en charge non scolaire devait absolument être préservé ?

Toujours est-il qu’il sera désormais possible de remplir les conditions de cette obligation scolaire dans des structures qui ne sont pas soumises aux programmes scolaires, ni au contrôle administratif et pédagogique de l’Education nationale, ni aux exigences de recrutement et de formation des professeurs des écoles.

Nul doute qu’un tel cadre offrira des possibilités nouvelles de mise en marché de l’école maternelle. Nul doute aussi qu’au vu de la réalité sociologique des implantations des jardins d’enfants, il contribuera à produire de nouvelles ségrégations sociales.

(1) loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance
(2) Loi visant à pérenniser les jardins d’enfants gérés par une collectivité publique ou bénéficiant de financements publics (voir en ligne)

Extrait de mediapart.fr du 24.03.24

 

Voir aussi - Le Sénat vote la pérennisation des jardins d’enfants (ToutEduc) - "souvent implantés" dans des QPV (Les Pros de la petite enfance)

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