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De Robien explique son plan pour les ZEP (interview)

7 janvier 2006

Extrait du Monde de l’Education de janvier 2006 : Liberté pédagogique : « Elle s’arrête où commence la liberté des enfants »

[NDLR ne sont reporoduits que les passages de l’interview de Gilles de Robien qui concernent les ZEP]

[...]
Le Monde de l’Education : Vous l’avez dit vous-même, les ZEP souffrent d’un manque d’évaluation. N’aurait-il pas fallu commencer par là notamment pour faire sortir un certain nombre d’établissements du dispositif ?
Les évaluations existent : les résultats aux évaluations de 6e, notamment, mais aussi les enquêtes de 1’Insee. de la Cour des comptes, de 1’Inspection générale. Quand on dispose d’un diagnostic, il faut agir. Lancer une nouvelle étude aurait été retarder une réforme que nous voulons effective à la rentrée 2006. La sortie d’établissements du dispositif ZEP se fera tranquillement sous trois ans.

Vous souhaitez une simplification du dispositif, mais pourquoi ne pas offrir plus encore de lisibilité en arrivant à une seule carte qui serait commune à tous les ministères et permettrait une appréhension plus globale des territoires en souffrance ?
C’est l’écueil que nous voulions éviter. Notre ministère s’intéresse à l’éducation des enfants. Plus qu’à des territoires, c’est à des individus que nous souhaitons nous adresser.

A ce propos, en quoi votre nouvelle politique d’éducation prioritaire s’adresse-t-elle comme vous le dites « plus à des gens qu’à des zones". Est-ce une concession à Nicolas Sarkozy ? Quel contenu spécifique y mettez-vous ?
Notre politique est résolument tournée vers les individus, car elle ambitionne d’offrir à
tous les mêmes chances en s’attachant à la progression des élèves. Elle ne s’inscrit pas dans la vision qu’a Nicolas Sarkozy de la discrimination positive ; elle ne fonctionne pas autour de l’idée de quotas, mais bien d’égalité républicaine. Pour cela, nous mettons l’accent sur l’innovation pédagogique qui doit permettre de travailler au plus près des besoins, d’individualiser les enseignements.

Cette innovation, dites-vous, doit venir des équipes, auxquelles vous promettez très large autonomie. Mais peut-on innover dans un établissement scolaire sans que l’équipe éducative se soit choisie ?
Je crois savoir que, dans les actuelles ZEP, les équipes enseignantes sont. la plupart du temps, très soudées, réunies autour du désir de faire des choses ensemble. Je suis sûr de leur qualités pédagogiques mais nous allons maintenant leur offrir de travailler ensemble sur un projet affiné au sein de l’établissement. Nous souhaitons que les collèges ambition-réussite expérimentent. Qu’ils s’affranchissent de la structure classe et du cours s’ils le souhaitent, pour faire travailler par exemple une semaine entière en sciences des jeunes répartis par groupes de compétences...

Quelles seront les missions des 1000 enseignants expérimentés qui vont rejoindre vos collèges ambition-réussite ?
Ces enseignants feront leur choix par rapport au projet des établissements. Ils viendront s’ajouter à la dotation globale horaire de l’établissement et ne seront pas affectés à un emploi du temps. Ils seront 4 ou 5 par établissement, ce qui donnera aux équipes du temps de concertation, autorisera des dédoublements... Une grande liberté et une souplesse considérable seront données à ces collèges. Le projet de l’établissement faisant l’objet d’une contractualisation sur cinq ans, notre vœu, en offrant à des enseignants expérimentés la possibilité d’un accélérateur de carrière, est également que le turnover - très nocif aux collèges classés en ZEP- cesse.

La politique des cycles a été mise en veille en primaire par votre prédécesseur - ce que vous confirmez en souhaitant une évaluation en lecture dès le CEI - et vous la réintégrez au collège en préconisant la suppression des redoublements dans les établissements « ambition-réussite ». Où est la cohérence ?
Nous insistons sur les « Projets personnalisés de réussite éducative » que permet justement la loi Fillon et sur les études surveillées obligatoires pour offrir une aide véritable permettant de faire progresser les élèves. Attendre le CE2, c’est trop tard pour une remédiation en lecture.

Vous donnez vos critères d’entrée en ambition-réussite. Assurerez-vous la transparence dans l’attribution du label ?
Oui. La transparence est une condition de la réussite. Un observatoire national de la réussite en éducation prioritaire assumera d’ailleurs ce contrôle. Il sera aussi chargé de vérifier si les mesures et l’argent engagés dans le dispositif produisent des résultats.

Vous défendez l’idée d’une contractualisation avec évaluation annuelle des collèges ambition-réussite. En l’absence de résultats probants, à quoi les équipes éducatives doivent-elles s’attendre ? Allez-vous vous inspirer du modèle anglais qui ferme les établissements qui ne progressent pas ?
Fermer un établissement n’est pas une idée très française ! Nous verrons avant cinq ans ce qui va bien ou moins bien, et l’inspecteur général qui sera en charge du lieu saura déplacer les priorités. C’est tout de même la première fois que l’on demande à des inspecteurs généraux de s’impliquer autant dans les établissements !

Les ZEP rurales ont-elles encore un avenir ?
Tout a fait. A tel point que je ne serais pas étonné que l’application des critères fasse apparaître des collèges ruraux, oubliés du dispositif ZEP, qui trouvent place au sein des collèges ambition-réussite !

[...]
Le message du gouvernement à l’intention des parents est brouillé. D’un côté Dominique de Villepin menace de supprimer les allocations de ceux dont les enfants manquent d’assiduité à l’école, de votre côté, vous souhaitez ouvrir des écoles des parents... Que comprendre ?
Ces deux positions ne sont pas contradictoires. Je souhaite rappeler aux familles qu’elles sont en droit d’exiger certaines choses de l’école et, de notre côté, nous leur demandons de jouer leur rôle de parents. Nous estimons qu’une salle qui leur est dédiée au sein d’un établissement scolaire facilite le partage entre les parents, mais aussi le dialogue avec l’équipe pédagogique. Je ne cherche pas le changement pour le changement, mais j’ai vu ce dispositif fonctionner dans ma ville et souhaite aujourd’hui en faire profiter d’autres établissements.

Propos recueillis par Maryline Baumard et Brigitte Perucca

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Extrait du Monde de l’Education de janvier 2006 : Les mesures-phares

L’architecture de la réforme
 Les 200 à 250 collèges qui cumulent plus des deux tiers de CSP défavorisés,
le plus fort pourcentage d’élèves ayant deux ans de retard à l’arrivée en 6e,
les moins bons résultats à l’évaluation de 6 ème et le plus fort taux de non-francophones reçoivent le label « ambition-réussite ». Un second cercle d’établissements reste en éducation prioritaire. Un troisième cercle doit en sortir d’ici trois ans.

Dans les collèges « Ambition-réussite »
 Le label ambition-réussite donne droit à 1000 enseignants expérimentés - soit
4 par établissement - venant compléter les équipes dès la rentrée 2006 et
à 3000 assistants pédagogiques assurant aide et soutien.
 Les redoublements n’y auront plus cours, mais doivent faire place à des expérimentations innovantes permettant à tous de progresser.
 200 nouvelles classes relais seront prioritairement ouvertes dans ce type d’établissement.
 Ces collèges signent un contrat de réussite pour 5 ans avec l’inspecteur d’académie.
 Des études accompagnées y sont obligatoires 4 soirs par semaine.
 La connaissance des métiers s’y fait dès la 4e, à raison de 3 heures hebdomadaires, alors qu’ailleurs cette découverte se fait en 3e.
 Tous les élèves qui ont une mention Bien ou Très Bien au diplôme national du brevet peuvent choisir dans leur académie un lycée hors secteur.

Dans toute l’éducation prioritaire
 Les entreprises d’un bassin d’emploi s’engagent à accueillir les jeunes qui n’ont pas trouvé de stage eux-mêmes.
 100 000 étudiants seront tuteurs
 En 4e, 3e, 2e et terminale, un entretien individuel de formation est proposé à chaque élève.
 Le nombre des bourses au mérite passe à 100 000 en 2006
 5 années d’enseignement en ZEP font gagner 10 ans de carrière.
 Un délégué ministériel à l’enseignement prioritaire est nommé et un IPR est chargé du sujet dans les dix académies les plus concernées.

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