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Etre un « discriminé positif », dans « Psychologies »

14 novembre 2006

Extrait de «  Psychologies » du 14.11.06 : Paroles de “quota”

Femme dans un monde d’hommes, handicapé parmi les valides, Français d’origine étrangère... être un « discriminé positif », ça fait quoi ? Les préjugés font mal, mais peuvent être aussi de formidables moteurs... Témoignages.

Essayez d’imaginer : vous êtes à un poste non pas pour vos talents, mais parce que vous êtes noir, femme ou handicapé... Drôle de sentiment. Quand TF1 a annoncé à grand bruit l’arrivée au 20 Heures de son premier présentateur noir, Harry Roselmack, le journal Libération a justement souligné que la chaîne n’avait pas embauché un journaliste, mais « un symbole » (Libération du mercredi 8 mars 2006.)

Qu’est-ce que cela fait d’être un symbole, un « quota », un « discriminé positif » ? D’abord, ça fait mal à l’ego. Dévalorisation, culpabilité, honte : il faut une sacrée estime de soi pour résister. Ils ont encaissé dès leur plus jeune âge le regard des autres, les réflexions déplacées, la stigmatisation.
Certains ont eu la chance d’avoir des parents qui les ont considérés comme des personnes dignes d’intérêt ou de faire une rencontre salutaire, et ils ont pu ainsi prendre conscience de leur valeur. Ceux qui n’ont pas bénéficié de cette confiance en soi se sont laissés enfermer dans un statut de « victime » ou de citoyen de seconde zone. Mais tous le disent - femmes, handicapés, enfants d’immigrés... -, les préjugés sont aussi un moteur. Qui donnent l’envie de se battre, de se surpasser, de « prouver » que l’on vaut quelque chose.

La loi sur la parité hommes-femmes dans les partis politiques, la « charte de la diversité » signée par une cinquantaine d’entreprises, les conventions des grandes écoles avec les zones d’éducation prioritaires (ZEP)...
Toutes ces mesures ont accéléré l’arrivée et la visibilité des « discriminés ». Des coups de pouce rendus nécessaires par la force de nos préjugés, mais dont les intéressés auraient sans doute préféré se passer. Espérons qu’à l’avenir ils gagnent eux aussi leur droit à l’indifférence.

(...)

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Emmanuelle Courrèges

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