> Carte de l’EP et Carte scolaire en EP, > Carte scolaire en EP : Mouvements de protestation > Reportage dans le collège RAR Alain en grève à Saint-Fons (Rhône)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Reportage dans le collège RAR Alain en grève à Saint-Fons (Rhône)

12 décembre 2006

Extrait de « Libération » du 11.12.06 : « Ici, les élèves font n’importe quoi »

Près de Lyon, grève des enseignants du collège Alain, classé « Ambition réussite ».

Saint-Fons (Rhône) envoyée spéciale

Ils parlent d’une certaine Estelle. Celle qui avait « 17,3 de moyenne. Elle a quitté le collège Alain à Saint-Fons, dans la banlieue est lyonnaise, pour partir en seconde dans le centre de Lyon. Au lycée Juliette-Récamier, où, paraît-il, « elle fait du japonais ». Un établissement de niveau moyen, mais un eldorado intouchable pour ces collégiens. « A Alain », moins de deux élèves sur dix iront en classe de seconde. « On est chez les pauvres ici, on fait plutôt BEP coiffure ou esthétique après la troisième », explique une jeune fille. « Tout le monde nous prend pour des sous-merdes, même les profs. C’est pour ça qu’on les traite aussi comme des sous-merdes », ajoute un de ses copains.

« Territoire »

Mercredi, la quasi-totalité des profs de cet établissement de 750 élèves était en grève. Gros ras-le-bol. Ils ont compté trois cents « rapports d’incidents » depuis le début de l’année scolaire. Ils sont jeunes, pour beaucoup en premier poste, et avouent ne pas savoir comment gérer. Mercredi, devant le collège, la tension était palpable entre profs et élèves. Les collégiens sont agités. Les enseignants, nerveux. Le trottoir, tout autour du collège, est moucheté de petites tâches : des crachats, par centaines. Un groupe d’élèves de troisième explique qu’ici, « on crache aussi dans les couloirs ». « Y en a même qui pissent », rigole un autre.

Tous savent pourquoi leurs enseignants sont en grève. « A cause du manque de respect et de la violence. » Entre fanfaronnade et simple constat, ils détaillent d’eux-mêmes les insultes et les menaces aux profs, les chaises jetées dans les escaliers, les bagarres entre élèves, les jets de cailloux. Une élève raconte : « Par exemple, la semaine dernière, on a caillassé des inspecteurs de l’académie qui rentraient dans le collège. » Il s’agissait en fait de personnels du conseil général du Rhône, en charge de la gestion des bâtiments. Qu’importe. « Ils étaient sur notre territoire », dit l’un. Un peu plus loin, trois filles discutent. Elles aimeraient aller « dans le privé ou à Lyon ». « Ici, les élèves font n’importe quoi. On ne peut pas travailler, c’est tout le temps le bazar. »

« Minimum »

La carte scolaire est à rude épreuve. Frédéric, prof de sciences physiques, déplore « l’hémorragie des bons éléments ». « Les options qui permettaient de faire venir ces élèves, comme l’anglais renforcé, ont disparu », constate Anne, une de ses collègues. Au collège Alain, la mixité sociale n’existe pas. Les enfants des quartiers pavillonnaires fréquentent d’autres établissements. Evelyne, prof de français, a fait un sondage : 80 % de ses élèves ont des parents au chômage.

Les enseignants avaient pourtant eu un espoir pour la rentrée : le collège Alain avait été choisi pour être un des 249 collèges en France classés « Ambition réussite prioritaire, niveau 1 ». Une mesure annoncée l’an passé par le ministre de l’Education, Gilles de Robien, qui devait donner davantage de moyens aux établissements les plus en difficulté. Espoirs déçus pour les profs. Il y a bien eu quelques « assistants pédagogiques » supplémentaires, mais, selon les enseignants, leur rôle n’a pas été suffisamment défini. « Ils font du soutien scolaire. Mais qui fonctionne... sur la base du volontariat. Les élèves n’y vont pas », note Frédéric. Les profs voudraient que le ministère envoie « en priorité des moyens humains pour rétablir le calme dans le collège, et dans les classes ». Ils demandent « le minimum pour pouvoir travailler ». Frédéric le dit autrement : « Ce qui me ferait plaisir, ce serait de voir un de mes élèves aller en première S ».

Alice Géraud

Répondre à cet article

3 Messages de forum

  • je suis aussi dans ce collège depuis 4 ans et l’année prochaine je passe au lycée la martinière monplaisir alors je pense que tant que l’on travaille on peut réussir que l’on soit dans un collège de balieu ou dans le meilleur collège de la france et pour moi ce collège est très bien tout comme les professeurs qui eux aussi sont super

    Répondre à ce message

  • Je suis enseignant depuis 2003 dans cet établissement. Je crois important de préciser qu’un an après cet article, la situation s’est nettement améliorée. Les efforts de chacun commencent à porter leurs fruits. Beaucoup moins d’incivilités, des élèves plus respectueux, davantage impliqués dans leur apprentissage même si beaucoup reste encore à faire. Dans les classes à options, l’ambiance est studieuse et le niveau est BON, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Nous sommes sur la bonne voie.

    Répondre à ce message

    • Bonsoir ,
      Je suis élève de ce collège et j’y suis depuis plus de 4 ans maintenant , je peux vous dire que la situation c’est nettement améliorée et vu que l’effectif du collège à diminuer ceci à entraîner le changement du collège .C’est vrai que quand on dit qu’on vient du collège alain nous sommes tout de suite mal vu ce qui est vraiment insupportable pour les bons élèves . Mais bon on s’y fait .

      Répondre à ce message