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Xavier Darcos prêt, dans le primaire, à « surinvestir là où les difficultés sont les plus grandes »

12 novembre 2007

Extrait du « Monde » du 11.11.07 : Xavier Darcos veut "diviser par trois l’échec scolaire lourd"

Dans un "document d’orientation" remis le vendredi 9 novembre aux syndicats, Xavier Darcos expose pour la première fois de manière détaillée ses "propositions" pour une réforme du primaire. Le ministre de l’éducation fixe un objectif ambitieux : "Diviser par trois, d’ici à la fin de cette mandature, le nombre d’élèves en situation d’échec lourd", actuellement estimé à 15 % dans un rapport rendu fin août par le Haut Conseil de l’éducation.

Les moyens de parvenir à cet objectif, sur lesquels "la discussion reste ouverte, même si les principes sont tracés", a déclaré M. Darcos au Monde, sont déclinés dans ce document. Parmi les éléments les plus saillants et qui n’avaient pas encore été évoqués ces dernières semaines figure un renforcement de l’évaluation : celle des acquis des élèves, qui sera systématiquement communiquée aux familles, comme celle des écoles et des enseignants, contrepartie d’une "liberté pédagogique" solennellement réaffirmée, laissant aux enseignants le choix des méthodes.

Ne croyant pas aux vertus du redoublement, M. Darcos annonce aussi sa volonté d’en "faire diminuer significativement le taux" à l’école primaire : de 18 % aujourd’hui, la proportion d’élèves ayant redoublé au moins une fois devrait devenir "inférieure à 10 %". Le document souligne d’autre part qu’il faut "distinguer plus clairement" les temps scolaires consacrés à la transmission des savoirs et ceux voués à l’accompagnement éducatif. Les nombreuses "sollicitations" que reçoit l’école, est-il écrit, "empiètent par trop sur le temps qui doit être consacré aux apprentissages fondamentaux".

"Petits groupes"

Interrogé, M. Darcos précise qu’il n’entend pas proscrire les sorties scolaires ou les classes vertes et qu’il faut "laisser respirer les écoles", mais réaffirme son souci des "résultats". Autre point crucial : la révision des programmes dans le sens d’une "clarification" de leurs objectifs se fera de sorte qu’ils respecteront "un cahier des charges précis". Ils "fixeront les contenus à enseigner pour chaque année scolaire, dans le cadre des cycles" (la scolarité primaire est divisée depuis 1989 en trois cycles d’apprentissages, englobant chacun plusieurs classes), qui ne devraient donc pas être remis en cause.

En revanche, "la répartition des enseignements se fera à partir de blocs horaires qui donneront une priorité absolue à l’apprentissage de la langue française". La règle est aujourd’hui une "fourchette" de 5 à 7 heures par semaine consacrées spécifiquement au français. Le document ne fixe pas de chiffre pour l’avenir, mais M. Darcos admet qu’il "rêve" d’instaurer 8 heures hebdomadaires de français.

Ce projet reprend le principe affirmé dès l’annonce, fin août, de la suppression de l’école du samedi matin : les deux heures libérées sur l’emploi du temps des élèves seront consacrées aux 15 % d’entre eux le plus en difficulté. Ce temps "restera inclus dans les horaires de service" des enseignants qui, avec l’accord des familles, accueilleront ces élèves "par petits groupes, en dehors des horaires de classe collective". Précisant qu’il ne s’agira "en aucun cas" d’un examen d’entrée en 6e, le texte confirme qu’un "stage de remise à niveau entre la fin du CM1 et le commencement de la scolarité au collège" sera proposé aux élèves en difficulté dans la maîtrise du langage.

A l’objection, émise par les syndicats, selon laquelle les élèves en échec sont peu nombreux dans certaines écoles et majoritaires dans d’autres, le ministre oppose sa détermination à "surinvestir" là où les difficultés sont les plus grandes. Le document précise que dans ces écoles le principe "plus de maîtres que de classes", revendication traditionnelle du SNUipp-FSU, syndicat majoritaire, "pourra être retenu" et que la relation avec les familles y sera "renforcée". M. Darcos a indiqué au Monde que les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) seront maintenus et "stabilisés", au terme d’un travail "au petit point", consistant à renforcer leurs liens avec les écoles. Enfin, sur la maternelle, le document insiste sur la nécessité de renforcer la formation spécifique, initiale et continue, des enseignants.

Le ministre de l’éducation réaffirme que ses propositions restent à peaufiner avec ses partenaires et qu’il n’a pas de "circulaire écrite d’avance". Il a d’ailleurs signé, le jeudi 8, un "protocole de discussion" avec le SNUipp-FSU et le SGEN-CFDT. Un troisième syndicat, le SE-UNSA, a fait connaître son accord et doit formaliser lundi 12 novembre sa signature. Fixant le cadre de la discussion, ce texte ne vaut pas approbation du contenu du document d’orientation, insiste M. Darcos.

Le ministre n’est cependant pas fâché d’avoir obtenu, à 10 jours d’une grève nationale, le paraphe de trois syndicats. La finalisation des mesures, dont "on verra", dit-il, si elles sont "approuvées ou non", est prévue pour janvier.

Luc Cédelle

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