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Interview : loi Fillon, établissements privés , etc.

Interview de Claude Thélot à l’occasion d’un colloque à Reims sur l’évaluation

26 octobre 2005

Extrait de « L’Union » du 25.10.05 : Claude Thélot : « La loi Fillon ? Une occasion manquée »

Ancien directeur de l’évaluation et de la prospective (DEP) au ministère de l’Éducation nationale, Claude Thélot présidait hier à l’IUFM de Reims un colloque consacré à l’évaluation.

Vous êtes l’initiateur de l’évaluation annuelle des lycées. En est-il fait bon usage ?

Claude Thélot : Quand on rend public un tel travail, il est normal que la société s’en empare. Si ces indicateurs n’avaient pas été créés, les médias se seraient inévitablement chargés d’établir un classement uniquement fondé sur les taux bruts de réussite au bac. Or, notre évaluation intègre des indicateurs de valeur ajoutée, c’est toute la différence. Au final, il ne faut pas la prendre pour un palmarès, mais pour un élément, parmi d’autres, d’une réflexion d’ensemble sur l’école.

Malgré ces correctifs, les établissements privés sont souvent en tête. Que vous inspire ce constat ?

C.T. : Je crois utile de développer l’évaluation comparée entre privé et public. Toute chose égale, il faut s’interroger sur les raisons qui font qu’en Bretagne, où un élève sur deux y est scolarisé, les établissements privés sous contrat obtiennent les meilleurs résultats de France. Est-ce en raison d’une plus grande émulation entre lycées, de la place plus affirmée des parents dans le processus scolaire ? Ces questions méritent d’être posées.

A Reims, vous êtes venu parler d’évaluation, des enseignements, des enseignants et des établissements. En quoi faut-il l’améliorer ?

C.T. : Il y a eu, depuis vingt ans, de grands progrès en matière d’évaluation. Je pense à celles qui sont menées en CE2, en 6ème, aux études comparatives internationales... Mais si elle existe, la culture de l’évaluation doit être étendue, y compris aux établissements situés en zone d’éducation prioritaire (ZEP).
On fera remarquer qu’il existe des cadres éducatifs pour cela, le corps des inspecteurs d’académie par exemple. Certes, mais plutôt que de créer de nouveaux métiers, il faut les redéfinir, repenser leur formation. En bref, on a les pierres, mais on ne construit pas le mur. Il faut enfin se donner les moyens d’analyser les résultats de ces évaluations, appelées à nourrir les arbitrages budgétaires.

C’est toute l’importance de la future loi organique relative aux lois de finances !

C.T. : On en parle assez peu mais cette LOLF est une vraie révolution, en effet. Avec elle, on passe d’une culture budgétaire de moyens à une culture de résultats. Il s’agira de définir des objectifs et de se doter d’indicateurs permettant de mesurer l’opportunité de telle ou telle dépense. Voilà pourquoi il faut améliorer l’évaluation.

Que pensez-vous de la loi Fillon inspirée par les travaux de la commission Thélot ?

C.T. : Elle est incontestablement très inférieure à ce qu’on pouvait en attendre. C’est une occasion manquée. Il y a plusieurs raisons à cela, parmi lesquelles la personnalité du ministre de l’Éducation de l’époque, François Fillon, qui ne souhaitait pas exercer cette fonction. Cela dit, la réforme de l’Ecole, qui est nécessaire, n’est pas d’abord d’ordre législatif. Elle dépend des modes de pilotage, de la redéfinition des métiers, des modalités de recrutement en IUFM etc. Mais d’ici quinze ans, la France ne fera pas l’économie d’une grande réforme.

Recueilli par Gilles Grandpierre

Son dernier livre : « Débattre pour réformer- l’exemple de l’école », Dunod Editeur, 50 €.

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