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"La politique de la Ville impuissante face à l’ampleur des inégalités", selon un journaliste de la Gazette des Communes (revue Constructif)

30 décembre 2016

[...] L’utopie de la mixité
Malgré ces efforts, les quartiers prioritaires de la politique de la ville - nouvelle dénomination des zones urbaines sensibles en vigueur depuis 2014 - ayant vu leur image s’améliorer aux yeux de l’opinion publique demeurent assez rares. Entretenus par la concentration dans ces quartiers de populations défavorisées d’origine étrangère et les nombreuses atteintes aux personnes et aux biens qui s’y produisent, les préjugés d’une partie des Français ont la peau dure. Pas davantage que la mixité sociale, la mixité ethnique n’a d’ailleurs été au rendez-vous. Le séparatisme reste la norme. Si ces vastes opérations de démolition-reconstruction ont apporté de l’activité aux entreprises de bâtiment, notamment locales, elles n’ont pas eu pour autant toutes les conséquences qu’on pouvait en espérer sur la vie des habitants.

La fracture socio-urbaine entre les 1 514 quartiers prioritaires et leurs cœurs d’agglomération s’avère toujours aussi criante. Pour preuve : la part de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans ces quartiers se révèle, encore aujourd’hui, trois fois plus élevée que la moyenne nationale. Un écart qui, au demeurant, n’a cessé de s’accentuer depuis le début de la crise économique de 2008 (voir infographies en pages suivantes). Il apparaît aussi que les adultes de ces quartiers renoncent plus souvent que les autres aux soins de santé. Cette situation s’explique notamment par le fait que les médecins généralistes y sont 1,5 fois moins nombreux qu’ailleurs, et 3 fois moins pour les spécialistes.

Correctifs à la marge pour l’éducation

Même si la part de collégiens habitant ces territoires populaires qui réussissent au brevet augmente (+ 10,5 % entre 2005 et 2013), ils sont aussi deux fois plus nombreux que la moyenne à se retrouver en échec scolaire à 14 ans. En outre, ils se dirigent toujours moins (27,1 %) que les autres enfants du même âge (40,4 %) vers une filière générale. Une situation antinomique avec le principe d’égalité des chances que revendique l’école républicaine, mais que ne parvient pas à corriger pour autant le système d’éducation prioritaire.
Sous diverses appellations au fil des époques (la plus connue étant les ZEP), ce dispositif correctif offre en théorie aux établissements de ces quartiers des moyens pédagogiques et financiers supplémentaires. Reste qu’il n’influe en aucune manière sur le taux plus élevé qu’ailleurs d’enseignants moins expérimentés, ni sur les nombreuses demandes de mutation ou le plus grand absentéisme du corps professoral.

Pour ne rien arranger, à niveau de diplôme équivalent, la probabilité pour les jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville de se retrouver au chômage est deux fois et demie plus grande que pour leurs camarades de la même génération. Et lorsqu’ils parviennent à briser le plafond de verre des discriminations à l’embauche, ils occupent généralement un poste moins qualifié que ceux auxquels ils auraient pu légitimement aspirer.

Extrait de contructif.fr : Une politique impuissante face à l’ampleur des inégalités

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