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La santé dans les territoires fragiles : l’action du CGET

28 février 2017

Du fait de son expertise et de sa mission de mise en œuvre des politiques publiques de lutte contre les inégalités territoriales, le CGET contribue à promouvoir la santé dans les territoires fragiles. Comment le CGET intervient-il ? Quelles politiques publiques sont déployées ? Le 9 février dernier, Jean-Michel Thornary était entendu par le Haut Conseil à la santé publique (lire notre article) sur ces sujets.
Comment le CGET intègre-t-il la promotion de la santé dans ses missions ?

J.-M. Thornary : L’état de santé des individus est lié à la qualité du système de santé, qui relève du ministère de la Santé. Néanmoins, les décisions prises en matière d’aménagement d’un territoire, de même que les inégalités sociales, environnementales ou géographiques, impactent aussi l’accès aux soins et tout un ensemble de « déterminants de santé » (exposition aux polluants, pratique d’activités physiques, nuisances sonores, stress, etc.)

Du fait de sa connaissance des territoires et de ses missions, le CGET se mobilise sur les enjeux de santé publique et de cohésion sociale. Dans le cadre de sa mission interministérielle et de la territorialisation des politiques publiques, il est en lien étroit avec les services du ministère des Affaires sociales et de la Santé.

Le CGET est également membre du comité national de suivi du pacte Territoire-santé, qui vise à une meilleure répartition des médecins dans l’Hexagone à travers des mesures incitatives.

Quelles situations spécifiques avez-vous relevées dans ces territoires fragiles ?
J.-M. T. : Concernant les infrastructures de santé, il est évident que l’éloignement est un facteur aggravant pour l’accès aux soins des populations rurales et de montagne, notamment. Ce phénomène est accentué par la désertification médicale. L’Observatoire des territoires utilise d’ailleurs un indicateur « distancier-temps », qui prend en compte le temps d’accès à une typologie de services de base, notamment de santé.

À l’échelle des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), l’Observatoire national de la politique de la ville a, lui, relevé un déficit plus prégnant de médecins spécialistes et d’auxiliaires libéraux. Par ailleurs, en terme de bien-être des personnes, on constate une plus faible activité physique et sportive des habitants, en particulier des femmes, que dans le reste de la population.

Concrètement, comment le CGET intervient-il ?
J.-M. T. : Le CGET cofinance les maisons de santé pluri-professionnelles, composées d’au moins deux généralistes et d’un.e infirmier.ère. Celle que j’ai récemment visitée à l’Argonne – l’un des quatre quartiers prioritaires d’Orléans – rassemble une douzaine de professionnels de santé : médecins généralistes, infirmiers.ères, psychologue, kinésithérapeute et cardiologue.

Ces maisons de santé pluri-professionnelles permettent de maintenir des médecins en zones sous-dotées ou fragiles, et donc de lutter contre la désertification médicale en milieu rural ou dans les QPV. Elles contribuent aussi à améliorer la qualité des soins et du suivi médical, grâce à une prise en charge coordonnée des patients. Le CGET va évaluer le déploiement de cette politique en vue de son amélioration continue.

Dans les QPV, le CGET soutient les dynamiques de sensibilisation des réseaux de professionnels, ainsi que la participation des habitants à la prévention et à la prise en charge de leur santé. Dans ces domaines, la politique de la ville s’appuie, notamment, sur les Ateliers santé-ville et le monde associatif.

L’an dernier, le CGET a cofinancé avec l’Agence régionale de santé du Grand Est une étude pour modéliser l’état de santé des habitants des QPV en Alsace. Elle fait notamment état de la dimension santé-environnement, en s’intéressant spécifiquement à la qualité de l’air des quartiers étudiés.
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Soutenue par la mairie, les praticiens et l’État, la maison de santé du quartier de l’Argonne propose une offre de santé globale et des actions de prévention et d’éducation à la santé.

Sur quels leviers s’appuient les politiques publiques pour réduire les inégalités ?
J.-M. T. : Lors du 2e comité interministériel aux ruralités, en septembre 2015, le Gouvernement a décidé d’accélérer la mise en place des maisons de santé pluri-professionnelles. Fin 2016, 840 maisons de santé étaient déployées sur le territoire ; l’objectif est d’atteindre 1 400 en service, d’ici 2018. Il a aussi décidé de former 500 médecins correspondants du Samu dans les territoires peu denses. C’est primordial pour la population quand les services d’urgences sont trop éloignés.

Les comités interministériels à l’égalité et à la citoyenneté ont, eux, arrêté trois mesures phares pour les quartiers prioritaires : l’élaboration de diagnostics santé, le développement de maisons de santé pluri-professionnelles et la généralisation des conseils locaux en santé mentale dans le cadre des contrats de ville.

Les contrats de ville sont d’ailleurs une opportunité pour développer une meilleure approche santé-environnement et pour renforcer les liens entre professionnels de santé et du sport, personnels éducatifs, architectes, urbanistes, aménageurs et conseils citoyens.

Le nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU) prend aussi en compte cette dimension. Ainsi, Lille, par exemple, souhaite s’appuyer sur le NPNRU pour que l’un de ses QPV devienne le premier territoire national à « santé positive » (amélioration de la qualité de l’air intérieur du bâti, parcours de santé, agriculture urbaine, réduction des nuisances sonores…)

Enfin, d’ici fin 2017, les schémas départementaux d’amélioration de l’accessibilité des services aux publics auront tous été définis : les problématiques de santé sont évidemment concernées au premier chef.

Extrait de cget.gouv.fr du 23.02.17 : Questions à Jean-Michel Thornary, commissaire général à l’égalité des territoires

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