> V- ACTEURS (la plupart en EP) > Tuteur, Pair, Médiateur, Mentor > Le rapport 2022 de la médiatrice de l’EN et de l’enseignement supérieur : (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Le rapport 2022 de la médiatrice de l’EN et de l’enseignement supérieur : "un enjeu social, démocratique et pédagogique"

25 juillet 2023

Rapport Rapport 2022 de la médiatrice de l’Éducation nationale et de l…
Rapport 2022 de la médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur

Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, a présenté son rapport 2022 intitulé "Apprendre à vivre ensemble".

Édito
L’année 2022 a été une période très intense pour la médiation. L’augmentation du nombre de saisines s’est poursuivie, mais c’est surtout la tonalité générale de ces saisines, l’anxiété et l’âpreté parfois qui s’y expriment, qui donnent le sentiment d’un climat de tension exacerbé.

L’École et l’Université sont le réceptacle de nombreuses tensions sociétales. Après la crise sanitaire, la perte de certains repères traditionnels a accentué les inégalités et favorisé la montée des individualismes, des incivilités et des violences. Le besoin d’écoute, d’explications et d’équité devient de plus en plus pressant chez les élèves, les parents et les étudiants, qui souhaitent être mieux associés aux décisions les concernant, mais également chez les personnels, qui ont de plus en plus de mal à faire face à cette nouvelle donne et font état parfois, dans leurs réclamations, d’un sentiment d’insécurité, d’un manque de reconnaissance et de perspectives d’avenir. En outre, la complexité de certaines procédures administratives dématérialisées crée une forme d’opacité et engendre de la défiance chez les usagers vis-à-vis des responsables publics, tandis qu’une sensation d’épuisement professionnel s’exprime chez un certain nombre d’agents, au sein de l’administration comme dans les établissements scolaires, créant du découragement et de la démotivation.

L’École reste cependant le premier espace de vie sociale et de cohésion pour la plupart des enfants et des jeunes ; à ce titre, elle doit pouvoir continuer à jouer pleinement son rôle structurant en intégrant des publics d’une diversité de plus en plus grande, en fixant des cadres et des objectifs communs, tout en respectant les droits, les besoins particuliers et les aspirations légitimes de chacun.

Dans ce contexte, la médiation a poursuivi sa mission d’écoute, de conseil et d’apaisement. Elle a également entrepris d’améliorer la qualité de l’accès à ses services en modernisant ses outils de communication et de suivi, et en renforçant son réseau de médiateurs académiques. Son action doit en effet répondre à un triple enjeu

un enjeu social, parce qu’elle accompagne prioritairement les personnes les plus vulnérables, éloignées des services publics, gagnées parfois par l’amertume ou le ressentiment, pour leur faire retrouver confiance dans l’institution et s’inscrire dans une approche plus constructive de leurs difficultés ;
un enjeu démocratique, qui réside dans la possibilité de débattre, de comprendre et de faire valoir ses droits dans un univers administratif de plus en plus complexe et déshumanisé ;
un enjeu pédagogique, celui de diffuser la culture de la médiation à tous les étages du système éducatif, en encourageant, en particulier, dès les petites classes, le développement de compétences et de valeurs humanistes préparant les enfants à vivre ensemble et à coopérer.
Je tiens à saluer ici l’engagement de tous les médiateurs académiques qui œuvrent sans relâche, et tout au long de l’année, à maintenir le lien de confiance et à créer des espaces de dialogue entre les usagers, l’administration et tous les acteurs du système éducatif.

Aux côtés du pôle national, ils ont contribué à la rédaction de ce rapport qui est aussi la photographie de leur activité, fondée sur l’écoute bienveillante et la disponibilité, ainsi que sur une volonté farouche de ne jamais laisser prospérer une situation pouvant porter atteinte aux droits fondamentaux ou à la dignité des personnes.

Catherine Becchetti-Bizot
Médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur

Rapport 2022 de la médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur
L’activité 2022 des médiateurs en chiffres
L’enseignement supérieur privé : des clarifications nécessaires pour sécuriser le parcours des étudiants
Réduire les conflits en établissement : une responsabilité collective ?
Affectations et mutation : vers une mobilité consentie - Focus sur les académies d’Outre-mer

Recommandations

Télécharger le rapport 2022 de la médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur "Apprendre à vivre ensemble

Télécharger les chiffres clés 2022 de la médiation de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur

Télécharger le dossier de présentation du rapport 2022 de la médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur

Extrait de education.gouv.fr du

 

Rapport de la Médiatrice : un climat scolaire qui se dégrade

Mercredi 19 juillet, la Médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, Catherine Becchetti-Bizot, présentait son rapport annuel. Elle note une augmentation de 6% des saisines, une hausse significative qui révèle une dégradation du climat scolaire.

« Notre rôle consiste à faire en sorte que le désaccord ne dégénère ni en conflit ni en violence » explique la médiatrice en introduction de la présentation de son rapport annuel « Apprendre à vivre ensemble ». « On fait en sorte d’instaurer un dialogue, de coconstruire ensemble une solution ».

« Il y a une augmentation des saisines de 6% par rapport à 2021. 93% des cas sont traités en moins de trois mois, 74 en moins d’un mois » détaille Catherine Becchetti-Bizot. « Dans 60% des saisines, nous avons apporté notre soutien aux demandeurs, pour 79% nous trouvons une solution. Parfois, il s’agit aussi tout simplement de donner plus de clarté à des décisions mal comprises mais justifiés de l’administration ».

Saisines des personnels

Sur les 17 085 saisines, 4 000 proviennent de personnels, soit 23%, ce chiffre est en hausse par rapport à 2021. 27% des saisines de personnels concernent les questions financières – en forte augmentation depuis 5 ans, : rémunération, indemnités, retards de paiement ou encore des demandes de remboursement de trop-perçu. « C’est un sujet sensible » explique la médiatrice.

18% des saisines sont en lien avec le déroulement de carrière ou les questions statutaires (évaluation, avancement d’échelon, de grade, détachement, disponibilité…). C’est 64% de saisines de plus qu’en 2017. « La mise en place du PPCR reste problématique ».

17% des saisines sont du fait des affectations et des mutations, une augmentation de de 12% cette année encore. « Ces saisines montrent la difficulté d’un système qui touche à ses limites – mais que nous défendons toujours – avec le maintien du concours national, d’un barème… – et que nous ne remettons pas en cause » explique Catherine Becchetti-Bizot. Dans son rapport, la médiatrice développe toute une partie autour de la situation des personnels d’Outre-Mer. Elle recommande de « prendre en compte les situations personnelles douloureuses et de faciliter le retour dans les académies d’origine à forte attractivité comme la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion », de « savoir fidéliser dans les académies à faible attractivité » et de « faciliter et encourager le flux des mobilités entrantes et sortantes entre les collectivité d’Outre-Mer et la Métropole ».

14% des saisines sont en lien avec des conflits interpersonnels – souffrance au travail, situation d’isolement, harcèlement… Les conflits entre individus sont en progression sensible, +67% en 5 ans.

Interrogée sur l’une de ses préconisations de 2020 concernant les risques psychosociaux -« Publier rapidement l’acte arrêtant les procédures de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et d’agissements sexistes » – la Médiatrice reconnait que le texte tarde à être publié et que cela commence à « être long ». « Même s’il existe des réponses locales, le manque de cadrage national occasionne des réponses différentes selon les territoires. Un texte réglementaire national permettrait d’unifier les procédures et les réponses apportées » précise la Médiatrice.

Saisines des usages : familles, étudiants

Du côté des usagers, les saisines représentent 77%. Ces saisines confirment une augmentation « exponentielle ayant trait à la vie quotidienne dans les établissements scolaires » indique la médiatrice. Ces saisines sont de plusieurs ordres. Si 50% des demandes sont en lien avec le second degré, 34% concernent l’école primaire. Une croissance de 16% en un an. « Cela traduit un durcissement de la relation autour de la question de la discipline » souligne Catherine Becchetti-Bizot qui consacre une partie de son rapport à l’augmentation des conflits en établissements scolaires. « Nous avons eu 4500 saisines en 2022, soit une augmentation de 106% en cinq ans. Il s’agit de remises en cause de mesures disciplinaires pour beaucoup. Nous recommandons de veiller au caractère éducatif des sanctions et d’éviter les ruptures scolaires. Un élève qui décroche, sa situation s’aggrave. Il faut un suivi éducatif et pédagogique, il ne faut pas dissocier la pédagogie de l’aspect Vie scolaire. Associer systématiquement les parents est aussi fondamental ». Pour la médiatrice, l’inclusion des élèves en situation de handicap met à mal les professionnels qui se « sentent démunis » face à certaines situations, notamment les AESH. « Il manque une dimension collective à la prise en charge de ces enfants. Cela se passe bien que si l’ensemble de la communauté scolaire se mobilise », précise-t-elle.

Catherine Becchetti-Bizot évoque aussi le harcèlement. « Nous avons une augmentation de 69% des saisines en une seule année, ce qui ne signifie pas une augmentation du nombre de cas » explique-t-elle en rappelant que la Médiatrice est parfois sollicitée en premier recours. « Les parents souhaitent s’adresser à une personne neutre – même cela n’est pas forcément pertinent, puisque le médiateur arrive quand il n’y a pas de solution ». Pour Catherine Becchetti-Bizot, il faut que « le dispositif pHARe soit mieux reconnu et évaluer afin de montrer les démarches qui fonctionnent comme la méthode de préoccupation partagée. Nous nous retrouvons dans cette méthode qui ressemble à notre mode de fonctionnement ». Elle recommande par ailleurs de développer les compétences psychosociales des élèves dès les petites classes – « on attend pas le lycée pour faire de l’EMC » ajoute-t-elle. « C’est dans un apprentissage du respect et de la coopération que l’on peut trouver la solution pour un meilleur vivre ensemble, pour une meilleure formation du futur citoyen ».

Le rapport annuel de la médiatrice de l’Éducation nationale met aussi en évidence la très forte augmentation des saisines concernant l’enseignement supérieur privé dont l’extrême opacité met à mal les étudiants. « Certains établissements jouent la confusion sur l’appellation des titre des diplômes… Ils jouent de cette ambiguïté et créent des malentendus, voire des situations frauduleuses ».

Lilia Ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du 20.07.23

 

Rapport de la médiatrice : “Il y a de plus en plus de personnels qui nous saisissent“ (Catherine Becchetti-Bizot)

“On n’a quasiment plus de saisines sur Parcoursup“ déclarait mercredi 19 juillet Catherine Becchetti-Bizot dans sa présentation du Rapport de la médiatrice 2022.

La procédure, qui comporte davantage d’informations, et pour laquelle on trouve davantage de réponses aux demandes des familles, “fonctionne bien“, estime ainsi la médiatrice, ajoutant cependant que le problème s’est déplacé plus en amont, avec des familles anxieuses qui ne comprennent pas forcément les critères d’évaluation sur la plateforme ou les choix de spécialités à favoriser pour être sélectionné dans telle ou telle formation.

Ces saisines qui ont trait à la vie quotidienne dans les établissements scolaires, ont d’ailleurs “explosé“ l’an dernier. Premier domaine chez les usagers (35 % des saisines, multipliées par deux en cinq ans), elles concernent les notes et les résultats pendant l’année (avec beaucoup de contestations autour du contrôle continu) mais aussi les mesures disciplinaires prises à l’encontre d’élèves.

C’est pourquoi l’exclusion, recommande la médiatrice, ne doit pas être “la sanction la plus facile et la plus rapide“ et elle évoque la question de la rupture de la continuité pédagogique, où “le lien est rompu“. Elle souligne une trop grande séparation entre les problèmes de vie scolaire et de suivi pédagogique, alors que le temps pour retrouver un établissement peut-être très long et que ces élèves sont parfois livrés à eux-mêmes.

Si plus de la moitié de ces saisines relèvent du second degré, 34 % se situent au 1er degré, traduction d’un “durcissement des relations parents-école“ et d’une “difficulté de dialogue“, constate Catherine Becchetti-Bizot.

De même, le nombre de sollicitations au sujet du harcèlement a augmenté de 69 % sur une année, et si rien n’est réglé la médiatrice se félicite qu’on en parle davantage, les requérants ayant besoin de conseils, avec un souci de confidentialité et l’envie de s’adresser à une personne neutre. C’est pourquoi elle préconise de “mieux faire connaître les personnes référentes“ et souhaite que la communauté éducative s’empare du problème “de manière égale sur l’ensemble du territoire“.

Les autres thèmes mis en avant cette année dans le rapport renvoient à des demandes de médiation autour de l’enseignement privé (majoritairement dans le supérieur à travers la confusion sur l’agrément et la labellisation de certaines formations) ainsi que des demandes d’affectations et de mobilité des personnels.

Sur les 18 500 saisines qui ont été traitées l’an dernier, un chiffre “en hausse constante depuis des années“ (+ 65 % en 10 ans), près d’un quart ont concerné les personnels de l’éducation en 2022, contre 77 % pour les usagers. Mais avec 4 000 demandes en 2022 (+ 31 % en 5 ans), “il y a de plus en plus de personnels qui nous saisissent“ s’alarme la médiatrice, qui constate que plus de la moitié des demandes viennent d’enseignants titulaires mais qu’une très grande part proviennent de personnels non-titulaires et non-enseignants (AESH, intervenants éducatifs..) : 469 saisines en 2022 émanent de personnels contractuels.

Et les demandes augmentent dans tous les secteurs. Il s’agit à 27 % de questions financières (rémunérations, indemnités, etc..), des déroulements de carrière (à 18 %) ou encore des sujets d’affectation et de mutation (à 17 %). Ce dernier item symbolise la “difficulté d’un système qui a ses limites“, avec des réclamations qui “montrent que les attentes sont différentes“, et de nouvelles priorités personnelles qui peuvent dissuader certains étudiants de passer des concours d’enseignants. Les saisines “recrutement et concours“ ont d’ailleurs très fortement progressé en un an (+ 51 %). Quant aux conflits interpersonnels, du type isolement, souffrance au travail, harcèlement, ils ont aussi bondi de 67 % en 5 ans.

Au final, l’année 2022 est décrite comme “chargée“ et comportant “beaucoup de tensions“. Avec ses équipes, la médiatrice explique vouloir “valoriser et promouvoir une démarche faisant en sorte que les désaccords n’aboutissent pas à un conflit voire de la violence“, ce qui passe par “recréer le lien entre ceux qui n’arrivent plus à se parler“. Elle fait valoir la “co-construction d’une solution ensemble“ par la possibilité de s’expliquer, de s’écouter, et éventuellement de s’entendre avec l’aide d’un tiers impartial.

Pour y arriver, elle propose notamment de développer, dès les petites classes, l’enseignement des compétences psychosociales, tout comme l’apprentissage du respect et de la coopération.

Extrait de touteduc.fr du 19.07.23

Répondre à cet article