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"Pourquoi les familles pauvres recourent-elles moins aux modes d’accueil de la petite enfance ?" (Credoc) (présentation ToutEduc)

23 mai 2023

"Pourquoi les familles pauvres recourent-elles moins aux modes d’accueil de la petite enfance ?" (CREDOC)

"Pourquoi les familles pauvres recourent-elles moins aux modes d’accueil de la petite enfance ?" Ceux-ci leur permettraient pourtant de concilier vie familiale et vie professionnelle. Une étude du CREDOC, que publie France-Stratégie, monte que "le coût de l’accueil" n’apparaît pas "comme un véritable frein objectif". Les trois auteurs, Elodie Alberola, Pierre Moisset, Sylvain Taboury, citent l’exemple d’une très jeune femme qui "a recouru à une assistante maternelle au prix de la quasi-entièreté de son RSA durant son hébergement en foyer mère-enfant pour pouvoir finir ses études". Il ne s’agit pas en effet, dans ces conditions de pauvreté, d’arbitrer entre différentes dépenses mais de "l’établissement de priorités dans des vies contraintes et sans marges".

Pourquoi donc ces familles n’arbitrent-elles pas plus souvent en ce sens ? Alors que "52 % des familles ayant au moins un enfant de moins de 3 ans recourent à un ou plusieurs modes d’accueils formels", ce taux n’est que de 24% pour les familles vivant sous le seuil de pauvreté, 21% pour les couples où aucun des deux parents n’est actif occupé et 22% pour les familles monoparentales au chômage ou inactives". Les "freins" sont réels, "accessibilité économique, géographique, horaire, administrative"... Mais quel est le point de vue des parents ? Les trois chercheurs ont voulu "dépasser l’analyse par les freins pour cerner plus finement les ressorts" de cette mise à distance des modes d’accueil de leurs enfants.

Une typologie de ces familles qui tiennent leurs enfants à distance des modes d’accueil extérieurs

Certaines femmes, "esseulées", "subissent leur monoparentalité", ne peuvent pas travailler, souvent du fait de leur situation irrégulière, elles voudraient "correspondre aux normes attendues par les professionnels les accompagnant", celles de parents modernes considérant leurs enfants comme "des sujets de parole qui méritent attention, accompagnement, d’être écoutés de différentes manières et non pas d’être façonnés, modelés par des principes moraux surplombants". Mais elles "peinent à s’y inscrire pleinement du fait de leur attachement à un premier modèle inaccessible de famille installée fortement structurée par des relations statutaires".

A l’inverse, les mères "célibattantes" ont choisi d’être mères seules, elles sont "parfois violemment fragilisées par les interpellations de la protection de l’enfance".

D’autres, qui vivent le plus souvent en couple, souhaitent se tenir à distance "des regards professionnels extérieurs à la famille et/ou la communauté culturelle" ; elles privilégient "une approche de l’enfant où il s’agit de le câliner et le protéger, sans notion de stimulation ou de développement". Egalement souvent en couple, certaines mères "souhaitent recourir uniquement à la crèche à l’exception de tout recours aux assistant(e)s maternel(le)s". Faute de place en crèche, elles doivent garder leurs enfants, ce qui se traduit par "un appauvrissement du ménage" et par leur précarisation. Enfin les auteurs qualifient de "défiants" certains parents "qui cherchent à se soustraire aux logiques du contrôle social" et souhaitent éviter l’intervention de professionnels auprès de leurs enfants.

Avec les meilleures intentions

Pour tous ces parents, les modes d’accueil "ne sont pas perçus immédiatement comme étant positifs ou souhaitables pour les enfants", et les intervenants sont "suspectés de pouvoir juger et dénoncer la situation de la famille".

C’est parfois avec les meilleures intentions qu’ils le font, comme ce médecin qui suivait une femme pour une maladie de dos incapacitante et qui a signalé son état de fatigue aux services sociaux... Ces mères craignent que leurs enfants ne leur soient retirés, "mais elles se sentent également menacées et négligées par des professionnels prompts à agir sans leur donner les motivations de leurs actions, leurs attendus et leurs critères d’évaluation (...). Ces parents ne refusent pas l’intervention de la protection de l’enfance en soi (...), ils en refusent surtout des modalités d’intervention extrêmement asymétriques où ils sont piégés dans un jeu institutionnel à leur détriment (...). Ces femmes ne refusent pas d’être accompagnées mais cherchent, au contraire, un ’véritable’ accompagnement."

Le rapport conclut à la nécessité de "construire des voies d’accès aux modes d’accueil pour les parents pauvres en partant de leur expérience et de leur positionnement dans une logique immersive et collaborative", "en les laissant observer des moments d’accueil au sein des établissements, en les associant – avec leurs enfants – à des moments de jeux, d’ateliers organisés par les structures".

Le rapport :
Quels sont les besoins des familles en situation de pauvreté en matière d’accueil du jeune enfant et d’aide à la parentalité ? (118 p.)

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