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Extrait de « Clicanoo » du 08.03.05 : s’inspirant d’une expérience québécoise, la Réunion a mis en place depuis 2000, un programme de prévention des toxicomanies dans les collèges. Le dispositif concerne aujourd’hui 20 établissements de l’île, et plus particulièrement les classes de 6e et 4e. Cette année, un nouveau programme va être lancé en direction des CM2, cette fois, le protocole « Arthur ».
En primaire comme dans le secondaire, des outils de prévention innovants
C’est lors d’un colloque en métropole en 1999 que des membres du réseau « Oté » ont découvert le programme québécois Prisme, un outil de prévention des toxicomanies innovant. Ils l’ont ensuite adapté à la Réunion puis progressivement développé dans les collèges à partir de l’année 2000. L’idée est de s’appuyer sur les parents d’élèves pour développer une prévention dans deux directions, d’une part dans les collèges, et d’autre part dans les quartiers. Après la formation longue de personnels de l’Education nationale (médecins, assistantes sociales, infirmières), ce sont des parents d’élèves volontaires qui ont été formés pour devenir animateurs. Epaulés par un coordonnateur, ils gèrent ensuite des ateliers d’information dans les classes de 6e et de 4e. Aujourd’hui, 20 Établissements sont concernés par ce programme Prisme.
Avec les 6e, cinq ateliers de deux heures permettent d’aborder différents thèmes : le corps humain, les drogues naturelles et artificielles, l’influence des amis, l’influence de la publicité et les émotions. En 3e, trois ateliers de deux heures approfondissent la thématique des toxicomanies en abordant : les drogues et leurs effets, la dépendance, la gestion des expériences. Au-delà de cet aspect scolaire, le programme Prisme a aussi une vocation communautaire, puisque les parents formés sont aussi des relais dans leur quartier.
Les données régionales comme nationales montrant que certains consommateurs de cannabis mais aussi d’alcool sont très précoces (dès 9 -10 ans pour certains), les acteurs de la prévention ont jugé nécessaire de débuter une information dès le CM2. Le Centre d’information et de ressources sur les drogues et les dépendances (qui met en œuvre sur l’île la politique nationale de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) a donc financé la mise en place d’un outil adapté aux primaires, le protocole Arthur. En partenariat avec le réseau d’éducation prioritaire Nord, une trentaine de professionnels de l’Education nationale ont été formés et ont travaillé à l’adaptation d’un protocole métropolitain, en faisant notamment réaliser une bande dessinée locale.
L’idée est de travailler à partir de ce document en 2005, avec les écoles classées en Zones d’Éducation prioritaires (ZEP) du Nord, à savoir Sainte-Marie, Sainte-Suzanne et Saint-Denis, soit une centaine d’enseignants et près de 3 000 enfants de CM2. L’idée est de clarifier ce que les enfants peuvent savoir des différentes drogues, le « zamal » bien sûr, mais aussi l’alcool, le tabac ou les médicaments, qui bien qu’en vente libre, sont aussi des drogues, explique Patrick Arnoud, l’un des coordonnateurs du réseau d’éducation prioritaire. Pour cela, quatre ou cinq séances seront proposées aux enfants, à partir de la bande dessinée et des produits qu’ils peuvent connaître. Sans en faire des animateurs comme dans le programme Prisme, le protocole Arthur associe également les parents, qui sont invités à remplir un petit questionnaire sur le thème des toxicomanies, avant de participer à l’École à une réunion d’information.
Les 3 000 livrets du protocole Arthur sont prêts depuis décembre. Reste maintenant à former les enseignants. Il faut compter trois à six heures pour qu’ils se familiarisent avec l’outil et acquièrent un langage commun, précise Patrick Arnoud, et la mise en œuvre devrait suivre avant la fin d’année scolaire dans la majorité des Écoles.