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Observatoire des ZUS (5) : incidents et violences en collèges

2 novembre 2005

Extrait du site de la DIV, le 02.11.05 : Rapport 2005 de l’Observatoire national des Zones urbaines sensibles

Le « quotidien des ZEP », revue de presse du site de l’OZP, continue la publication d’extraits du rapport 2005 de l’Observatoire des ZUS.

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L’observation de la violence scolaire en ZUS

L’appréhension et le suivi des violences scolaires en ZUS ne sont pas choses aisées. La première raison qui n’est d’ailleurs pas propre aux ZUS en est la difficulté à caractériser ce qu’on désigne par violence et qui pourra varier selon le contexte ou l’environnement. D’autre part, selon que l’on considère les violences signalées par les institutions (à partir des fichiers de gestion de l’Éducation nationale, de la police ou de la Justice) ou les violences perçues ou ressenties par les élèves ou le personnel enseignant, on aura un tableau sensiblement différent de la situation.

Compte tenu d’un certain nombre de facteurs liés à la difficulté de recueil des données ainsi qu’à la sensibilité du sujet, l’appréhension et le suivi des violences scolaires en ZUS ne sont pas choses aisées.

Depuis quelques années, le ministère de l’Éducation nationale s’est engagé dans le recensement systématique d’un certain nombre d’actes de violence dans les établissements scolaires ; et, dès lors que l’on tient compte des limites inhérentes à l’exercice, à savoir qu’il s’agit d’actes signalés par les chefs d’établissement, on peut suivre dans le temps l’évolution de ces actes.
S’il est ainsi théoriquement possible de disposer d’une information actualisée pour chaque ZUS, ce recensement ne fait l’objet que d’une exploitation générale tenant compte du classement en ZEP ou de la localisation en ZUS des établissements, car il pose un certain nombre de problèmes qui en limitent l’interprétation pour des données à des échelles géographiques fines.

La DEP formule à ce propos des mises en garde très claires
« Il se trouve qu’en raison de taux de réponse très différenciés selon les zones géographiques et d’une sensibilité aux incidents violents différente, [la DEP] ne publie que des données au niveau national pour effectuer un constat global et apprécier les évolutions d’une année sur l’autre et d’un moment de l’année scolaire à un autre. Elle publie également des données relatives à l’ensemble des ZUS, des ZEP et des établissements qui bénéficient des plans de prévention contre la violence et les compare à celles relatives au reste du territoire. Ces données permettent de disposer d’indicateurs de résultats nationaux.[...] Les données à un niveau géographique plus fin sont entachées d’une incertitude qui peut être forte et leur utilisation peut conduire à des conclusions discutables voire erronées.

[...] C’est pourquoi, les données localisées de SIGNA ne peuvent être utilisées que dans le cadre d’un partenariat local, comme cela est déjà le cas dans le cadre des comités locaux de sécurité, des conseils de prévention de la délinquance, etc. Ces comités peuvent réunir des représentants des collectivités locales, des responsables de la politique de la ville, des représentants de la police, de la gendarmerie et de la justice ainsi que des responsables locaux de l’éducation nationale et des établissements scolaires. Ces derniers sont en effet les mieux à même, puisqu’ils sont à la source des signalements, d’en donner la signification, d’en interpréter les évolutions et d’en tirer les indicateurs qui leur paraîtront les plus pertinents pour évaluer les actions. En revanche, ces informations, utiles au pilotage des actions locales, n’ont pas à faire l’objet de diffusion publique. »

Selon les éléments dont dispose la DEP, le taux de réponse peut provenir soit d’une non-réponse de certains établissements à toutes les périodes de collecte (cinq périodes de deux mois pour une année scolaire) soit d’une non-réponse pour certaines périodes de collecte. En effet, avec un taux de réponse moyen, tous établissements confondus, d’environ 75 par bimestre, chaque établissement ne répond pas nécessairement tous les deux mois. Ainsi, pour l’année 2003-2004, seule la moitié des établissements publics du second degré a répondu aux quatre premières périodes (de septembre 2003 à avril 2004) et, en intégrant mai/juin, ce taux tombe à environ un tiers.

Ces taux sont aussi très variables d’une académie à l’autre. Aussi, toute donnée à un niveau géographique plus fin est entachée d’une incertitude qui peut être forte et son utilisation peut conduire à des conclusions erronées.
La synthèse réalisée par la DEP fin 2004 permet de faire ressortir les éléments suivants5 :

Pour ce qui concerne le second degré (collèges et lycées), la concentration des incidents signalés6 est élevée et concerne plus particulièrement les territoires repérés pour leurs difficultés (ZUS, ZEP, établissements classés sensibles).

« [Elle] est toutefois très légèrement inférieure à celle observée les années précédentes : en 2003-2004, les 10 d’établissements qui ont signalé le plus d’incidents ont déclaré un peu moins de la moitié du nombre total de signalements, les 5 qui en ont signalé le plus environ un tiers, et 1 - soit environ 80 établissements - plus de 10 . Ces 80 établissements qui ont déclaré le plus d’incidents sont des collèges neuf fois sur dix ; 60 d’entre eux sont situés en ZEP ou en REP (alors qu’au plan national 16 des établissements font partie de l’éducation prioritaire) et 35 en ZUS (contre 9 au niveau national). On peut noter que la concentration des incidents est un peu plus élevée pour les collèges que pour les lycées généraux et technologiques, et un peu plus élevée pour les lycées généraux et technologiques que pour les lycées professionnels. »

Voir le tableau page 311 : Évolution du nombre moyen de signalements par établissement selon le type zone

« En 2002-2003, il avait déjà été constaté que l’évolution - alors à la baisse - mesurée sur ces différents groupes d’établissements situés dans des environnements reconnus comme difficiles était plus prononcée que la moyenne (sauf pour les établissements en ZUS), et tout particulièrement pour les établissements faisant partie du plan de prévention contre la violence. »

L’hypothèse selon laquelle l’évolution du niveau de violence dans les établissements identifiés comme les plus vulnérables, notamment en ZUS, reflète en l’accentuant la tendance générale n’est pour l’instant pas vérifiée ni confirmée par une série continue d’observations récurrentes.

Ceci semble indiquer que l’évolution du niveau de violence dans les établissements identifiés comme les plus vulnérables « reflète, mais en l’accentuant, la tendance générale ». Cette hypothèse n’est pour l’instant pas vérifiée. Mais si elle se trouvait confirmée, et si cette sensibilité s’avérait ne se manifester dans les ZUS qu’en période de hausse, il conviendrait d’affiner l’analyse. Pour l’instant, la mise en oeuvre de ce protocole de recensement est encore trop récente et encore trop entachée de représentations diverses, elles-mêmes liées à des mobilisations institutionnelles complexes, pour constituer une observation interprétable.

Prochain chapitre : L’évitement scolaire
(à suivre)

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