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« Les ZEP en question(s) », un dossier de la Ligue (4)

18 février 2006

Extrait des « Idées en mouvement » de février 2006 : Le dossier ZEP du mensuel de La Ligue)

Nous continuons la publication du dossier « Les ZEP en question(s) » du mensuel de la Ligue de l’Enseignement « Les Idées en mouvement », n° 136, février 2006.

Zep et « réussite éducative »

En 2005, les équipes de réussite éducatives (ERE) 1 et les programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE) ont été créés respectivement par la loi Borloo et la loi Fillon. Leur application a commencé dans les ZEP et dans les REP.

Avec les ERE, l’idée est simple : constituer des équipes pluridisciplinaires de professionnels, sous l’autorité du maire de la commune, pour repérer les élèves en difficulté, de la maternelle au lycée et les prendre en charge. Mais une idée simple n’est pas forcément géniale ! En effet, il existe déjà des professionnels spécialisés, dans et hors de l’Éducation nationale, qui suivent les enfants et jeunes en difficulté scolaire (depuis cent ans exactement) et qui réclament depuis longtemps la création de postes et d’établissements dans l’Éducation nationale ou dans les intersecteurs de pédopsychiatrie, à l’Aide sociale à l’enfance, etc.

La loi Borloo a laissé de côté ces revendications pour créer un nouveau type de structure hors de l’Éducation nationale. Était-ce ainsi qu’il fallait s’y prendre ? Le maire d’une commune est-il le mieux placé pour piloter le repérage et le traitement des difficultés éducatives ? Déjà, en 2001, un dispositif de « veille éducative » donnait un rôle aux maires volontaires, mais il s’agit aujourd’hui d’intervention directe sur les individus : les risques sont donc sérieux. Il faudra de la vigilance. L’autre interrogation majeure porte sur cette volonté d’individualiser l’aide qui est affirmée dans le dispositif des ERE. Il est bien évident que toute action éducative aboutit, en bout de course, aux individus. Mais, dans les quartiers en grande difficulté, l’environnement dégradé pèse d’un poids très lourd, pour les actions éducatives, sur l’ensemble des individus et pas seulement sur quelques-uns. Là aussi, il y a danger, celui d’une conception dogmatique des ERE, contraire au pragmatisme revendiqué en permanence par nos ministres.

Les programmes personnalisés de réussite éducative concernent par définition les individus. Là, nous sommes dans un dispositif interne à l’Éducation nationale. Les PPRE ont, eux aussi, leur prédécesseur : les PPAP ! On peut sourire à cette suite de sigles bizarres. Pourtant, depuis la circulaire du 26 novembre 1998, il existait des programmes personnalisés d’aide et de progrès destinés aux élèves en grande difficulté. Ceux-ci se voulaient intégrés à la classe, mais qu’en sera-t-il des PPRE ? La mise en oeuvre de traitements particuliers charrie toujours des pratiques d’exclusion, même si, au départ, ce n’est pas recherché. ERE et PPRE ne prennent pas en compte l’environnement et le groupe social : la recherche pédagogique, pourtant, nous enseigne leur importance en matière de réussite éducative.

Nous sommes en période d’installation des ERE et des PPRE. Il est encore trop tôt pour porter un jugement définitif, surtout quand l’enjeu est grave.

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