« Coménius » dans la maternelle ZEP de la Bastide à Bordeaux

18 avril 2006

Extrait de « Fenêtres sur cours » n°283 : Enseigner en Europe

« Evaluer pour améliorer l’école maternelle », tel est l’intitulé du projet à dimension européenne, initié en novembre 2004 par les enseignant (e)s de l’école maternelle Nyens, dans le quartier de la Bastide à Bordeaux, classé en ZEP.

Laurence, Gwendoline et Martine ont été rapidement séduites par l’idée de voyager, bien sûr, mais aussi par les multiples facettes d’un projet Coménius. « Evaluer pour améliorer l’école maternelle », initié en novembre 2004 par les enseignant(e)s de l’école maternelle Nyens, dans le quartier de la Bastide à Bordeaux est un projet à dimension européenne prévu pour 3 ans. « Personnellement je n’imaginais pas que cela existait pour l’école, encore moins pour l’école maternelle », reconnaît Martine. L’aide d’Hervé, enseignant, initiateur du projet, a été précieuse. L’enthousiasme était de la partie : l’école a rejoint un groupe comprenant l’Irlande du nord, la Lituanie, le Portugal, la Turquie, Chypre et l’Italie.

Chacun des pays partenaires décline le thème « Evaluer pour améliorer l’école maternelle » en fonction des besoins des écoles. L’école Nyens, classée en Zep, dont les bâtiments sont en reconstruction, est pour l’instant « délocalisée » dans un groupe scolaire voisin. « On ne voit donc pas ou peu les familles. C’est cet axe que nous avons choisi d’étudier afin d’apporter des solutions », explique Martine.

Depuis plus d’un an les enseignants européens se sont rencontrés. La langue de travail est l’anglais, inégalement maîtrisée dans l’équipe. Les cours, 6 heures par semaine pendant 5 mois, sont financés par Coménius. La confrontation à d’autres systèmes scolaires permet de découvrir diverses pratiques.

A la rentrée 2005, l’équipe a amélioré la communication pour accroître l’implication des familles : plaquette d’information pour les nouveaux parents en petite section, planning annuel adressé à toutes les familles (projets, manifestations culturelles, conseil d’école...), rencontre individuelle avec les parents en janvier, circulation du cahier de vie et possibilités de retour des familles. Les modalités, orales et/ou écrites, ont aussi été étudiées. L’évaluation a mesuré les effets sur les élèves, tant au plan des compétences que du plaisir de venir à l’école et de la confiance. Le coordinateur avait fourni une grille d’évaluation de la communication très utile. Le niveau d’aboutissement des projets est variable selon les pays et tous les ans l’équipe doit remettre des compte rendus pédagogiques et financiers.

Laurence et Martine sont déjà allées en Irlande, en Turquie, sur le temps scolaire et l’été, au Portugal. Elles ont apporté des objets qui parlent de leur école, des cahiers pour montrer aux enfants ce que les élèves français apprennent. Des chants communs circulent aussi. Au retour, la valise est pleine de gâteaux locaux, de costumes folkloriques, d’objets, d’albums, de photos et de séquences filmées de la Turquie qui ont passionné les classes.

En octobre, les partenaires européens se sont invités à Bordeaux pour, entre autre, participer à la classe. L’accueil par les élèves, les familles et toute l’équipe de l’école, avec les Atsem, s’est fait en chansons autour d’une table remplie de gâteaux. Lors des activités, les enfants s’essayaient dans les différentes langues tout en prenant concrètement la mesure qu’il existe « un ailleurs qu’ici ». Certains enfants ont aussi découvert des adultes qui parlent la langue de leur pays d’origine : jolis moments d’émotion !

Cette année, le projet va évoluer. « Nous abordons la médiation entre élèves - en moyenne et grande section - pour la gestion des conflits à partir du projet de la ZEP qui s’appelle “ Vers le Pacifique ” », explique Hervé. Il s’agit d’apprendre aux élèves à réguler leur comportement, leurs émotions. L’équipe continue l’aventure. « Ce qui est fort, c’est que pour comprendre les choix, on est obligé de rentrer dans la culture de l’autre, dans sa vie même », conclut Laurence. Du coup l’actualité parle plus : la Turquie par rapport à Chypre, l’Irlande du Nord, mais aussi le Portugal dont la politique scolaire a provoqué une forte ghettoïsation des populations noires du Cap Vert ou du Mozambique. En absorbant tous ces événements, cette réalité, ils ont le sentiment d’être européens.

Michelle Frémont

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