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Un directeur d’école dans la ZEP de Soyaux (Charente) agressé par un parent

20 juin 2006

Extrait de « La Charente Libre », le 20.06.06 : Quinze jours de prison ferme pour l’agresseur du directeur d’école

« L’école doit être une sorte de sanctuaire » a rappelé le procureur devant le tribunal correctionnel. Il a été suivi par le tribunal dans ses réquisitions. Le jeune homme de 28 ans baisse la tête. « Je suis artisan, madame le juge. » « Avez-vous des enfants ? », interroge la présidente du tribunal. « Pas encore », chuchote le prévenu. Il comparaissait hier devant le tribunal correctionnel pour « violences volontaires sur personne chargée d’une mission de service public ».

Le 9 juin dernier, Julien Peyraut, directeur de l’école primaire Jean-Monnet sur la ZEP de Soyaux, intervient dans une dispute entre deux élèves de CM1. Il prend l’un des deux par le col, le fait asseoir et lui conseille d’aller boire un verre d’eau.

Quelques minutes plus tard, la mère et l’oncle du garçon pénètrent dans l’enceinte de l’école. Julien Peyraut est insulté, menacé et giflé dans la cour de récréation, sous les yeux de plusieurs témoins. Son état nécessitera plus de huit jours d’interruption temporaire de travail. L’affaire avait suscité une forte émotion parmi le personnel enseignant, qui avait exercé son droit de retrait en cessant les cours un quart d’heure (La Charente Libre du 13 juin).

« J’ai parlé avec des gestes, c’est tout »

« Je m’excuse si je l’ai touché. J’ai parlé avec des gestes, c’est tout », assure le prévenu. Son neveu était rentré chez lui rapportant que le directeur avait tenté de l’étrangler. L’oncle allait à l’école réclamer des explications. « La parole de l’enfant est vraie, celle du directeur est fausse. C’est un peu le monde à l’envers ! », s’exclame la présidente. « Le gamin était tout blanc », justifie l’homme à la barre. « Eh bien oui, il est asthmatique, répond la juge. Vous avez cru son histoire parce que selon vous, il ne ment jamais ; il a dit que vous avez giflé le directeur. » « Je parlais avec des gestes. Je ne l’ai pas touché volontairement. Toutes mes excuses », répète le prévenu.

Circonstance aggravante « en milieu scolaire »

Le directeur de l’école primaire Jean-Monnet s’avance. « Je n’ai pas pu lui faire entendre raison. Il était extrêmement remonté en disant que j’avais étranglé son neveu », se souvient-il.

« D’une façon générale, comment les parents réagissent quand il y a des punitions ? », l’interroge la présidente. « Ils demandent quelquefois des rendez-vous. J’ai alors tout le loisir de régler l’incompréhension qui règne », explique Julien Peyraut. Il rappelle que les phénomènes de violence sont inexistants dans son établissement.

« Il s’agit de défendre et de restituer une autorité aux enseignants », plaide l’avocat de la partie civile. Il se retourne vers deux représentants du rectorat, assis sur les bancs du public. « Je ne réclame pas pour autant la mort du pécheur. Je réclame seulement l’euro symbolique de dommages et intérêts », conclut-il.

Dans son réquisitoire, le procureur martèle que l’école est « un endroit qui doit bénéficier d’une sanctuarisation ». « C’est pour ça que le législateur a prévu la circonstance aggravante "en milieu scolaire" », rappelle-t-il, regrettant que le prévenu ne « présente pas des excuses sincères ». Il requiert trois mois d’emprisonnement avec sursis, dont quinze jours ferme assortis d’une interdiction de paraître à l’école Jean-Monnet.

« Mon client a pris conscience de ce qu’il a fait. Il a fait 48 heures de garde à vue », rappelle le conseil de l’oncle du jeune garçon. L’homme a monté sa propre entreprise et emploie deux personnes. « Il présente de sérieuses garanties d’insertion », plaide son avocate.

La délibération dure quelques minutes. Reconnu coupable, l’artisan est condamné à deux mois d’emprisonnement dont quinze jours ferme. Il devra verser un euro de dommages et intérêts à la partie civile et 475 euros pour les frais de procédure. « Vous pourrez toujours demander un bracelet électronique », dit la présidente du tribunal. Silencieux, le prévenu s’avance vers les magistrats pour fixer un rendez-vous avec le juge d’application des peines.

Pierre Souchon

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