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Un tiers des élèves ne part pas en vacances

7 juillet 2006

Extrait de L’Humanité du 26.06.06 : Encore un enfant sur trois privé de départ


Le droit aux vacances devient-il un luxe ?

Au Secours populaire, nous ne proclamons pas seulement le « droit aux vacances », mais nous oeuvrons pour que celui-ci s’inscrive dans la vie. Il en est ainsi depuis fin 1944 où, sortant de la clandestinité avec son cortège de deuils et de sang, les animateurs de l’association de l’époque organisaient, malgré toutes les difficultés, des vacances à la neige pour les enfants de déportés et de fusillés.
Depuis cette date, chaque année, les bénévoles du Secours populaire français rivalisent d’initiatives pour permettre le départ en vacances d’enfants, de jeunes, de familles. C’est au lendemain de la Journée des oubliés des vacances « soleils du monde », en août 2005, qui avait rassemblé, au Stade de France 60 000 enfants de France et de l’étranger, qu’a mûri l’idée de faire de l’anniversaire des congés payés une année phare pour interpeller l’opinion publique, les élus et l’État.
Car soixante-dix ans après le vote de la loi octroyant les congés payés, un enfant sur trois et plus de 40 % de nos compatriotes ne connaissent pas aujourd’hui les joies du départ.

Avec la campagne « 1936-2006, les vacances c’est pas du luxe », le SPF déploie de grands efforts en multipliant les initiatives, la signature de partenariats avec des collectivités élues, des entreprises, des associations spécialisées, le monde du spectacle. Ces efforts rencontrent le succès puisque, à quelques jours des grands départs d’été, le nombre des bénéficiaires de ces vacances solidaires est déjà considérablement plus grand que les années précédentes.

Mais, quelles que soient les bonnes volontés, elles ne pourront résoudre cette criante injustice du nombre des exclus des départs. Aussi, le Secours populaire français a-t-il pris l’initiative de recueillir des dizaines de milliers de témoignages sur des cahiers « le dire pour agir » évoquant à la fois les premiers départs, mais aussi les « non-départs ». Sur ceux déjà recueillis, on mesure bien ce que cela représente de partir, « de vivre une autre vie », de se retrouver « différent après ». A contrario, on peut aussi lire le drame de ceux qui « voient les autres partir et nous rester ».

Dans la revue Convergence de juin 2006, Yves Buin, pédopsychiatre et romancier, analyse les conséquences de ces « non-départs » : « Ils risquent finalement de couper complètement les futurs adultes d’une partie de la société qui aura, elle, développé cette culture de la mobilité [...]. L’enfant exclu va adopter de plus en plus une attitude revendicatrice à l’égard de ses parents et de son milieu, qui ne sont pas capables de lui donner un bonheur identique aux autres. Revendication empreinte de culpabilité car il sait bien que ses frères, ses soeurs ou ses parents n’y ont pas plus accès que lui, mais qui fonctionne sur le mode " puisque les autres (sous-entendu la société) ne veulent pas de moi, je ne veux pas d’eux ". »
Tous ces témoignages, également recueillis, à notre initiative par le Secours catholique, ATD Quart-monde, les Restos du coeur, les centres sociaux, Vacances ouvertes, Vacances familles, Jeunesse au plein air, seront publiés en 2007 avec le concours de France Bleu. Ils constitueront autant de plaidoiries pour que « le droit aux vacances » ne soit plus un voeu pieux mais devienne une réalité.
Il faudrait pour cela appliquer la loi de lutte contre les exclusions, votée en 1998, et qui précise dans son article 140 : « L’égal accès de tous, tout au long de la vie, à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et aux loisirs constitue un objectif national. Il permet de garantir l’exercice effectif de la citoyenneté. La réalisation de cet objectif [...] passe également par le développement des structures touristiques à caractère social et familial et l’organisation du départ en vacances des personnes en situation d’exclusion. L’État, les collectivités territoriales, les organismes de protection sociale, les entreprises et les associations contribuent à la réalisation de cet objectif. »
À bon entendeur, salut.
Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français.

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