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Mixité sociale : le compte rendu par Le Café de la Rencontre OZP

4 avril 2023

Mixité sociale : Les doutes de l’OZP

« Je crains une entourloupe ». Réfléchissant, le 29 mars, aux annonces ministérielles concernant la mixité sociale, l’Observatoire des Zones Prioritaires (OZP) et son président, Marc Douaire, manifestent leurs craintes de voir l’éducation prioritaire détricotée après un vague accord avec l’enseignement privé sur la mixité sociale à l’école. Pour l’OZP, la mixité sociale des établissements n’est pas la garantie de davantage d’égalité pour la réussite scolaire. Elle ne suffirait pas pour réduire ces inégalités. Seule une vigoureuse politique en faveur de l’éducation prioritaire peut faire reculer les inégalités sociales dans un système éducatif qui a été imaginé et conçu pour trier et éliminer.

La mixité contre l’éducation prioritaire ?

« L’école publique n’a pas été construite pour lutter contre la ségrégation. Elle était ségréguée dès le départ« , rappelle Marc Douaire, président de l’OZP lors de la Rencontre du 29 mars. « L’Ecole était initiée pour défendre les places sociales et pour que chacun reste à la place où l’a mis le destin familial« . Si la publication des IPS a rendu plus visible les inégalités sociales et particulièrement entre les établissements publics et privés, l’OZP ne voit pas dans les annonces ministérielles de pas significatifs vers la réduction des inégalités scolaire de réussite scolaire.

« Pourquoi est-ce le ministre de l’éducation nationale qui s’empare seul de cette question ? », demande Marc Douaire. « Ce devrait être une politique conduite au plus haut niveau de l’Etat« . Marc Douaire rappelle que l’accord annoncé avec l’enseignement catholique n’a toujours pas été publié. Celui-ci a clairement marqué ses lignes rouges comme le refus de toute carte scolaire. L’OZP est aussi très réservé sur la création, annoncée par P Ndiaye, de formations attractives dans les établissements défavorisés qui « transfère aux établissements les difficultés de la mixité« . L’installation de sections européennes dans les établissements défavorisés se traduit généralement par un apartheid scolaire à l’intérieur de ces établissements.

Inversement, la politique d’éducation prioritaire « est dans un angle mort du ministère« . Le ministre n’en parle pas. Les CLA demeurent. Ils ont été imaginés par JM Blanquer pour ouvrir l’éducation prioritaire au privé et en faire une politique locale et non plus nationale. « L’éducation prioritaire pourrait être limitée aux Rep+, le reste étant absorbé par les CLA sur le modèle du dynamisme macronien qui donne le pouvoir aux chefs d’établissement… On parle de mixité sociale mais on ne touche pas aux inégalités et on va profiter de cette intervention pour attaquer l’éducation prioritaire« , craint Marc Douaire.

La mixité sociale à l’Ecole ne suffit pas pour réduire les inégalités

Marc Bablet, ancien responsable de l’éducation prioritaire au ministère de l’Education nationale, rappelle qu’on pourrait avoir une meilleure mixité résidentielle si on faisait respecter la loi SRU, ce qui n’est pas le cas. »Cela résoudrait-il le problème ? J’en doute« , ajoute-il. « L’inégalité est-elle soluble dans la mixité ? J’en doute « , dit-il. « L’école publique peut-elle garantir l’égalité de réussite ? Ce n’est pas certain car elle est fondée sur le mérite et l’élitisme. On est dans une école de la concurrence. Si on ne modifie pas cela, si on ne construit pas une école de la coopération, on ne réussira pas« . Inversement la politique d’éducation prioritaire est « la seule politique publique de lutte contre les inégalités à l’Ecole » selon la Cour des Comptes. Il demande une relance de cette politique avec de la formation pour les enseignants et un partenariat avec les familles.

« Il y a des inégalités fortes des situations économiques et socio culturelles. Tant qu’on ne s’attaque pas à cela , le reste ce sont des rustines« , ajoute-il. « La politique de mixité sociale risque de dissimuler les inégalités à la différence de l’éducation prioritaire. Pour que la mixité scolaire soit efficace il faut une modification systémique de l’enseignement. Gérer l’hétérogénéité scolaire est un métier qui s’apprend« .

Une politique réactionnaire ?

« Il faut faire de la mixité sociale une opportunité pédagogique« , estime Etienne Butzbach, qui a suivi de près l’expérience toulousaine de mixité sociale au collège. « L’attractivité des collèges grâce aux sections internationales n’est qu’un joker. Il faut que les équipes soient accompagnées. Ce n’est pas parce qu’on mélange les enfants qu’on règle les problèmes« .

Alors qu’on attend toujours le contenu de l’accord avec le privé (qui devait être communiqué le 20 mars), les annonces ministérielles ne semblent pas qu’insuffisantes pour l’OZP. Pour l’Observatoire, elles sont une étape dans la destruction de l’éducation prioritaire qui est la seule politique sociale de l’Education nationale.

François Jarraud

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Extrait de cafepedagogique.net du 04.04.23

 

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