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Un rapport des deux inspections générales (IGEN et IGAENR, octobre 2006) sur "la place et le rôle des parents dans l’école" souhaite des « coups de pouce » dans les 6èmes en ZEP

27 novembre 2006

Extrait de « L’Expresso » du 27.11.06 : Le rapport de l’Inspection générale sur la place des parents à l’Ecole

"Les parents et l’école ont la commune mission de transmettre une éducation et un héritage culturel aux jeunes générations. C’est la donnée initiale incontournable. Le code de l’éducation situe les parents comme membres à part entière de la communauté éducative. A partir de là, diverses difficultés peuvent apparaître...
L’idée fondamentale, c’est que l’école est d’autant plus elle-même, c’est-à-dire formatrice et efficace, réellement éducatrice, qu’elle parvient mieux à se situer à la bonne distance de la famille, ni trop loin ni trop proche. La tension école/famille, souvent perceptible, est donc assez normale. Elle est dynamique et féconde si elle reste contenue dans de justes limites. Le réglage est cependant toujours délicat". En plein débat sur la carte scolaire et l’autorité à l’école, le rapport de l’Inspection générale (sous la direction d’Alain Warzee et Gérard Lesage) propose un état des lieux sur les relations entre parents et équipes éducatives et propose quelques recommandations.

Une Ecole opaque pour les parents. C’est qu’en France particulièrement, comme le rappellent les auteurs, l’Ecole s’est constituée contre les parents. C’est particulièrement vrai de l’école républicaine qui prétendait arracher l’enfant aux influences cléricales ou régionales pour en faire un bon républicain. Récemment ce modèle est attaqué : " l’école ne devient vraiment pour les parents l’école où ils ont toute leur place, « leur école », que s’ils ressentent qu’elle entretient les mêmes liens qu’eux avec leurs enfants. Les parents attendent aussi de l’école qu’elle prenne en compte leur stratégie pour garantir l’avenir de leur enfant".

Le grand mérite de cette étude c’est de reposer sur un nombre important d’observations qui permet aux inspecteurs d’aller au-delà des textes officiels pour d’une part dresser un état des lieux réaliste, d’autre part faire remonter de nombreuses pratiques innovantes.

Si la situation des relations entre parents et école est jugée globalement bonne, les inspecteurs la jugent également imparfaite. Ils dénoncent "l’opacité du système éducatif" et reconnaissent que " la relation entre les parents et les enseignants est trop souvent faussée par des présupposés, des représentations mentales qui peuvent générer de l’agressivité, de la condescendance ou des comportements d’évitement". Les rencontres entre parents et enseignants sont souvent frustrantes car le temps de dialogue est trop court, les locaux d’accueil sont souvent inadaptés, les horaires des réunions (comme les conseils de classe) inadéquats. L’information des familles est " insuffisante et mal conçue". Voilà pour la situation moyenne.

Enseignants et parents laissés à eux-mêmes. Mais la partie la plus passionnante du rapport est celle qui fait état du "foisonnement de pratiques très diverses" qui tendent à restaurer le dialogue entre parents et enseignants. Ainsi trouve-t-on dans certains établissements des "papothèques" c’est-à-dire des lieux de discussion où les parents peuvent être écoutés voire discuter entre eux. Dans tel collège, les enfants de 6ème sont suivis par une fiche hebdomadaire. Ailleurs, les parents bénéficient d’une plaquette de présentation de l’établissement et de son fonctionnement qui peut être traduite en plusieurs langues, ou encore d’un vade mecum rédigé par les enseignants qui les aident pour le suivi des devoirs et de la scolarité. Les bulletins sont ici remis en mains propres aux parents. Là ce sont les parents qui assistent aux heures de vie de classe, ou au carrefour des métiers ou encore au conseil de classe d’orientation.

On aura compris que sans le dire l’Inspection révèle un tabou qui est aussi un secret de Polichinelle. Fait peut-être unique en Europe, l’institution laisse les enseignants et les équipes éducatives sans aucune aide face aux questions des parents. Chefs d’établissement et profs principaux se fabriquent leurs propres outils et prennent sur leur temps. Nulle part la fonction de professeur principal est aussi peu reconnue et accompagnée. Quant aux parents ils sont souvent réduits à utiliser des brochures et des conseils payants. Comment dans ce cas lutter contre les inégalités sociales à l’Ecole quand celles-ci sont déjà inscrites dans l’inégalité dans la connaissance du système et dans les exigences qu’on lui adresse ?

Des recommandations de bon sens. L’Inspection souhaite "conforter le rôle des associations de parents d’élèves dans les écoles... Il convient tout d’abord de demander aux corps d’inspection de s’assurer que les dispositions prévues dans les textes sont effectivement appliquées, notamment en ce qui concerne les droits de publicité, de diffusion d’information et de réunion des parents d’élèves".

L’inspection demande que soit mise en œuvre "une politique d’accueil et d’information des parents... on pourra s’inspirer des dispositifs (lieux de parole, « salle des parents », espaces de rencontre, etc. mis en place dans les établissements situés dans des environnements socioéconomiques difficiles". Notamment, " le directeur d’école ou le chef d’établissement devra s’assurer que tous les parents peuvent disposer sous une forme facilement compréhensible des éléments essentiels leur permettant d’accompagner la scolarité de leurs enfants... La remise des bulletins trimestriels en mains propres est fréquemment l’occasion, et surtout au collège, de ces rencontres entre parents et professeurs ; très fréquente dans certaines académies, peu pratiquée ailleurs, cette disposition devrait être généralisée".

Plus globalement, l’Inspection rejoint le Haut Conseil de l’Education en demandant une formation des enseignants à la relation avec les parents. " La formation, initiale et continue, doit permettre aux enseignants, mais aussi aux personnels d’éducation et de direction, d’être préparés, familiarisés avec les relations avec les familles. Plus que d’une formation théorique, il s’agit de donner aux jeunes professeurs et plus généralement aux personnels de l’éducation nationale, les instruments concrets leur permettant, dans le cadre de leur pratique professionnelle, de nouer dans les meilleures conditions le dialogue avec les parents". C’est à dire, enfin, doter les enseignants "des outils de communication et du bagage de connaissances" leur permettant un échange constructif avec les parents. Et pour cela "assurer une formation spécifique des professeurs principaux. Compte tenu de la place particulière qu’ils sont appelés à tenir dans la relation avec les familles, de leur rôle de médiation, d’accompagnement et de conseil, un effort prioritaire de formation à cette relation doit être organisé à leur intention".

L’inspection souhaite aussi que soit exprimée clairement l’attente de l’Ecole envers les parents, particulièrement pour le suivi du travail scolaire et que soient revues certaines pratiques d’orientation. " il semble important que les conseils aient pu être préparés, avec les parents et les élèves délégués, par les professeurs principaux, par exemple dans le cadre des heures de vie de classe. De très intéressantes expérimentations ont été faites en ce sens. Peut-être faut-il s’organiser aussi pour donner plus de temps aux conseils « d’orientation » que sont les conseils de classe du second trimestre des classes de troisième et de seconde, et y donner un rôle plus important aux parents d’élèves. On pourrait par exemple, y inviter, au moment où leur cas est examiné, les élèves qui le souhaitent, accompagnés de leurs parents". Ils souhaitent aussi que les délais d’appel des familles soient suffisants.

Dix points précis. De ces réflexions sortent 10 préconisations concrètes : remettre en mains propres les bulletins, avoir des horaires précis de rencontres, réserver une salle à l’usage des parents, développer l’alerte des familles dans les cas de procédure disciplinaire, créer des écoles des parents pour les aider à saisir le fonctionnement de l’école, former les profs principaux, étendre à toutes les 6èmes zep le fonctionnement des ateliers "coup de pouce", améliorer l’information sur l’orientation, permettre aux élèves et aux parents de participer davantage aux conseils de classe de 3ème et 2de. Un programme que le prochain ministre de l’éducation fera bien d’écouter tant il y a urgence à agir, tant la pression des parents est forte sur l’Ecole et tant, enfin, les TIC subvertissent la frontière instituée par la tradition entre profs et parents.

Lire le rapport

Le Café pédagogique aide les parents

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2 Messages de forum

  • > 27.11.06 - Un rapport souhaite des « coups de pouce » dans les 6èmes de ZEP

    29 novembre 2006 17:10, par Sophie Foch-Rémusat parent élue FCPE élémentaire paris

    bonjour j’ai trouvé votre publication et le point de vue qu’elle laisse paraitre très intéressants. puis-je néanmoins le compléter en attirant votre attention sur le point suivant : il y a différentes formes évidemment d’emprise de l’Etat via l’éducation sur les parents et de nouvelles formes de domination et d’atteinte à la liberté d’éducation or il me semble que, par exemple, le dispositif récent des contrats d’éducation en primaire entre familles et écoles pour mettre en place des mesures appropriées en cas d’échec scolaire pose un pb grave : car dans le cadre d’un tel contrat on met en place non pas seulement une aide scolaire mais également le cas échéant une aide éducative : à l’autonomie par exemple, s’habiller tout seul faire son cartable etc . mais la France est désormais un pays multi culturel et pluri ethnique : tout le monde n’entend pas élever ses enfants de la même manière et il ne serait pas difficile de prouver que l’autonomie que nous considérons en général comme une composante essentielle et un des moyens de la liberté n’en est pas le moyen exclusif etc
    D’ailleurs c’est aux seuls parents qu’il appartient de dire quel est le bon âge pour l’autonomie d’autre part. ces remarque rapidezs pour attirer l’attention sur la complexité du problème car il se peut qu’une plus grande ouverture de l’école aux parent soit un moyen déguisé pour l’école de la république d’assimiler familles et enfants avec toute la violence -acculturation- que cela peut impliquer au mépris des liberté individuelles et du respect de la personne humaine. Donc oui à l’ouverture de l’école aux parents oui mille fois oui mais à condition que soit exactement mesurée la place des uns et des autres et à condition que ces dispositions soient enfin accompagnées d’une réflexion honnête sur les processus de discrimination à et par l’école.

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    • Madame,
      Il est agréable de vous savoir toujours aussi efficace dans la défense de vos points de vue.
      C’est avec plaisir, encore parfois teinté de fascination, que Sarah et moi nous remémorons l’année 1986 et vos cours passionnants....très sincèrement.
      Je souhaite vous dire par ces quelques mots, combien vous avez marqué nos esprits. Nous gardons de vous un très bon souvenir (j’associe Sarah qui, j’en suis sur, cautionne mon propos).
      Cela vous paraîtra sans doute ridicule, je suis heureux de pouvoir m’adresser à vous. Je ne peux m’empêcher d’imaginer que peut être, vous serez agacée devant ce relent de ce que vous considériez à l’époque être de l’idolâtrie. Peut être en était-ce...c’est aujourd’hui du respect et de l’estime. Bien que je ne sois toujours pas un littéraire, j’ai progressé. Je vous le dois en partie.
      Pour cela, merci.
      Arnaud Wallois

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